Le clan de l'ours des cavernes
haute tandis que Brun examinait les animaux. Il remarqua le vieux m‚le aux gigantesques défenses recourbées. quel trophée cela ferait, se dit-il en éliminant néanmoins cette proie éventuelle dont les défenses constitueraient un fardeau excessif au cours de leur long voyage de retour.
Il leur serait plus facile de transporter celles d'un animal plus jeune, dont la chair en outre serait plus tendre. Et cela importait plus que la gloire d'un beau trophée.
Les jeunes m‚les étaient cependant plus dangereux. Leurs défenses, plus courtes, ne leur servaient pas seulement à déraciner les arbres : elles représentaient aussi des armes redoutables. Brun attendit patiemment. Il n'avait pas préparé aussi minutieusement cette chasse et entrepris ce long voyage pour agir avec précipitation au dernier moment. Il connaissait les conditions qui devaient se trouver réunies et préférait revenir le lendemain plutôt que de compromettre leurs chances de réussite. Les autres chasseurs attendaient, non sans impatience.
Le soleil avait fini par réchauffer le plafond bas, et les nuages s'éloignaient. La neige avait cessé, cédant la place à de belles éclaircies.
- quand va-t-il se décider à donner le signal ? signifia silencieusement Broud à Goov. Regarde comme le soleil est déjà haut à présent. Pourquoi partir de si bonne heure pour rester ensuite à ne rien faire ? Mais qu'estce qu'il attend ?
Grod surprit les gestes de Broud.
- Brun attend le moment propice. Préférerais-tu rentrer les mains vides ?
Sois patient, Broud, et apprends. Un jour, c'est toi qui devras choisir le moment opportun. Brun est un bon chasseur. Tu as de la chance de l'avoir pour maître.
Broud n'apprécia guère le sermon de Grod. Il ne sera pas mon second le jour o˘ je serai chef, décida-t-il. De toute façon, il commence à se faire vieux.
Le soleil était haut dans le ciel quand Brun prévint enfin ses hommes 1; ,î de se tenir prêts et tous les chasseurs ressentirent un violent émoi.
Une
femelle, grosse d'un petit, se tenait à l'écart du troupeau. Son état en ferait assurément une proie plus facile ; quant au foetus, sa chair délicate et tendre constituerait un régal pour tous.
La bête se dirigeait vers une belle touffe d'herbe, s'éloignant de ses congénères. Lorsqu'elle se trouva suffisamment isolée, Brun donna le signal de la chasse. Grod porta alors la braise à la torche qu'il tenait prête, et souffla dessus jusqu'à ce qu'elle s'enflamme. Droog en alluma deux autres à
la première et en tendit une à Brun. Aussitôt Grod et Brun se précipitèrent vers le mammouth et mirent le feu aux herbes sèches de la prairie.
Les mammouths ne se connaissaient pas d'ennemis naturels, hormis l'homme.
Seuls les très jeunes ou les très vieux risquaient de succomber sous les crocs des grands carnassiers. Mais ils redoutaient le feu. Les feux de prairie dus à des causes naturelles pouvaient parfois ravager la steppe durant des jours, détruisant tout sur leur passage. Le feu provoqué par l'homme n'était pas moins dévastateur.
Sitôt qu'elles humèrent l'odeur de la fumée, les bêtes affolées se regroupèrent instinctivement tandis que Grod et Brun prenaient position entre le troupeau et la femelle solitaire. Comme les flammes commençaient à
crépiter, les paisibles mastodontes furent pris d'une panique indescriptible et leurs barrissements retentirent à travers la prairie. La femelle essaya de rejoindre le troupeau, mais il était trop tard ! Un mur de feu la séparait de ses congénères qui s'éloignaient en direction du couchant.
Barrissant d'effroi, le mammouth se rua dans la direction opposée. Droog courut à sa rencontre, en hurlant et en agitant sa torche pour le pousser dans le canyon. Puis Crug, Broud et Goov, les chasseurs les plus jeunes et les plus vigoureux, s'élancèrent à toutes jambes au-devant de l'animal, tandis que Brun, Grod et Droog couraient derrière. Une fois lancé, le mammouth fonça droit dans la direction qu'on voulait lui faire prendre.
Les trois jeunes chasseurs parvinrent à l'entrée du défilé. Fébrile et hors d'haleine, Goov saisit sa corne d'aurochs, priant son totem pour que la braise f˚t toujours incandescente. Le brandon rougeoyait encore mais personne n'ayant assez de souffle pour l'attiser, ce fut le vent qui s'en chargea. Brandissant leurs torches enflammées, les jeunes gens guettèrent l'arrivée de l'énorme pachyderme. Le mammouth terrorisé ne
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