Le clan de l'ours des cavernes
même noeud.
Il était en effet difficile de distinguer à leur odeur les herbes et les racines séchées, quoique les plus dangereuses fussent souvent mélangées à
une herbe inoffensive mais très parfumée pour éviter les méprises. En fait, les bourses étaient classées selon la cordelette qui les fermait et le type de noeud utilisé. Ainsi étaient-elles fermées par différentes tresses faites de crin de cheval, de poils de bison ou de tout animal à la robe possédant une caractéristique, ou encore de tendons ou de ficelles confectionnées dans diverses tiges végétales nouées chacune de manière distinctive. Pour savoir o˘ se trouvait tel ou tel remède, il suffisait donc de mémoriser le type de fermeture correspondante.
Ayla mit les bourses dans sa sacoche de guérisseuse et rangea celle-ci près de son panier avec les grands sacs destinés à transporter la viande de mammouth. Tout était prêt. Seule une chose la préoccupait encore. que ferait-elle de sa fronde ? Elle craignait qu'lza ou Creb la découvre si elle la laissait dans la caverne. Elle pensa la cacher dans les bois, mais y renonça de peur que les animaux et les intempéries viennent à l'abîmer.
Elle décida finalement de l'emporter, cachée dans un repli de son vêtement.
Il faisait encore nuit lorsque le clan s'éveilla le jour du départ des chasseurs. Ils se mirent en marche dès les premières lueurs, mais après avoir franchi l'escarpement qui protégeait la caverne, ils découvrirent le soleil levant illuminant la plaine de tous ses feux. Ils eurent tôt fait de gagner les steppes, et Brun adopta un pas rapide. Le fardeau des femmes était léger, mais leur manque d'habitude les obligeait à de grands efforts pour suivre le mouvement. Ils marchèrent ainsi jusqu'à la tombée de la nuit, couvrant autant de distance en un jour qu'ils l'avaient fait quand le clan errait en quête d'une nouvelle caverne. Les femmes n'eurent pas à
préparer de repas chaud et se contentèrent de faire bouillir de l'eau pour l'infusion d'herbes. On ne chassait pas non plus durant le voyage, se contentant des rations que les chasseurs avaient coutume d'emporter en expédition : de la viande séchée, hachée menu, mélangée à de la graisse, et des fruits secs, le tout présenté sous forme de galettes. Ces aliments hautement nutritifs suffisaient amplement à leurs besoins énergétiques.
A mesure qu'ils avançaient vers le nord, le froid devenait plus vif, mais, réchauffés par la marche, ils ne s'en apercevaient que lors des étapes.
Avec l'entraînement, les courbatures des premiers jours, surtout chez les femmes, disparurent, et la petite troupe repartait chaque matin d'un bon pas.
Le terrain se fit plus accidenté une fois qu'ils atteignirent la partie nord de la péninsule. De vastes plateaux butaient soudain contre de hautes falaises ou disparaissaient en de profonds ravins, résultats des convulsions qui continuaient encore d'agiter la terre. D'abruptes parois flanquaient d'étroits canyons, dont certains se terminaient en culs-desac.
D'autres recevaient des cours d'eau allant des ruisseaux saisonniers aux torrents impétueux, aux bords desquels poussait une végétation composée de pins, de bouleaux et de saules rabougris qui brisaient quelque peu la monotonie des étendues herbeuses. En de rares endroits, o˘ quelque contrefort protégeait des vents incessants une vallée arrosée par un cours d'eau, les arbres - des conifères et quelques espèces à petites feuilles caduques - avoisinaient leurs proportions habituelles.
Le voyage se déroula sans incident particulier. Pendant dix jours, ils avancèrent au même pas, jusqu'à ce que Brun décide d'envoyer des éclaireurs dans les alentours, ce qui ralentit leur progression au cours des jours suivants. Ils approchaient maintenant de leur destination, là o˘ la péninsule s'étrécissait légèrement entre la grande mer et la mer intérieure. Ils ne devraient pas tarder à apercevoir des mammouths, s'il y en avait dans la région.
La petite troupe fit halte au bord d'une rivière. Brun avait envoyé Broud et Goov en éclaireurs plus tôt dans l'après-midi et il se tenait à l'écart, scrutant l'horizon dans la direction qu'ils avaient prise. Il faudrait bientôt décider s'ils allaient installer leur camp près de cette rivière ou continuer plus loin.
Brun, son long manteau de fourrure battant au vent coupant qui soufflait de l'est, continua de guetter les deux hommes,
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