Le clan de l'ours des cavernes
longiligne de la fillette et rassurèrent la guérisseuse ; sa fille adoptive n'était pas condamnée à demeurer éternellement impubère. Une légère pilosité au pubis et sous les bras ainsi que des tétons gonflés apparurent peu de temps avant ses premières règles et le premier combat que livra l'esprit de son totem.
A la vue du sang qui témoignait de l'affrontement entre son totem et un autre esprit, Ayla douta de jamais avoir un enfant : son totem était trop puissant. Mais elle se résigna et prit d'autant plus plaisir à s'occuper des enfants des autres, regrettant seulement de ne pouvoir les allaiter elle-même.
Elle ressentait une grande sympathie pour Ovra dont les fausses couches se succédaient. Le Castor, son totem, était lui aussi trop vindicatif et la jeune femme semblait destinée à ne jamais procréer. Depuis la chasse au mammouth, Ayla et Ovra s'étaient découvert de nombreuses affinités et il s'était noué entre elles des liens d'amitié desquels Goov n'était pas exclu. Personne n'ignorait l'attachement qu'éprouvait le jeune servant du mog-ur pour sa compagne, qui regrettait d'autant plus de ne pouvoir lui donner d'enfant.
A la grande satisfaction de Broud, Oga était de nouveau enceinte. Brac n'avait que trois ans et la jeune femme semblait suivre les traces d'Aga et d'Ika qui avaient donné le jour à une nombreuse progéniture. Droog eut l'assurance que le fils de sa compagne, Groob, ‚gé de deux ans, deviendrait un tailleur de pierre le jour o˘ il le surprit à frapper des cailloux l'un contre l'autre. Il fabriqua au bambin un petit marteau et le laissa jouer près de lui pendant qu'il travaillait, s'amusant de voir l'enfant imiter ses gestes et taper sur les pierres avec le plus grand sérieux. Igra, la fille d'Ika, ‚gée elle aussi de deux ans, promettait d'être enjouée et chaleureuse comme l'était sa mère. Le clan de Brun ne cessait de s'accroître.
Conformément à la règle d'exclusion imposée à toutes les femmes lors de leurs premières menstruations, Ayla se retira au début du printemps dans sa grotte des hauts p‚turages. Après les souffrances qu'elle y avait endurées, ce court séjour lui sembla une partie de plaisir. Elle consacra son temps à
perfectionner son tir qu'elle n'avait plus pratiqué depuis l'hiver. Iza venait la voir tous les jours à un endroit convenu, non loin de la caverne, et lui apportait à manger. Mais surtout, elle lui tenait compagnie.
Elles restaient ensemble tard le soir, et c'est à la lueur d'une torche qu'Ayla retrouvait le chemin de sa retraite. La guérisseuse apprit à la jeune fille tout ce qu'une femme doit savoir, lui indiquant les signes symboliques qu'elle devait tracer sur les peaux de lapin souillées de sang avant de les enterrer profondément. Elle lui expliqua la manière de se comporter si un homme voulait assouvir avec elle ses désirs, lui montrant la position convenable, les mouvements qu'elle devrait faire et la façon de se purifier après. Elle lui indiqua également les positions et les gestes susceptibles de plaire aux hommes du clan, ainsi que les diverses manières de faire naître leur désir. Elle lui transmit tout le savoir qu'elle tenait elle-même de sa mère, doutant en son for intérieur que ces connaissances puissent un jour se révéler utiles à une jeune fille aussi laide.
Mais Iza se gardait bien d'aborder ce sujet. Parvenues à l'‚ge d'Ayla, la plupart des jeunes femmes se sentaient déjà attirées par un jeune homme en particulier. Ni la fille ni la mère n'avaient leur mot à dire dans l'histoire, mais cette dernière pouvait dans une certaine mesure s'en ouvrir à son compagnon qui, s'il le jugeait bon, pouvait à son tour en parler au chef auquel revenait la décision finale. Et si rien ne s'y opposait, le chef accédait aux désirs de la jeune femme.
Mais tous les jeunes gens du clan possédaient déjà un foyer, et même si tel n'avait pas été le cas, Iza demeurait persuadée que personne n'aurait voulu prendre Ayla pour compagne. quant à la jeune fille, aucun homme ne l'intéressait, et elle n'y avait jamais pensé avant qu'Iza lui en parl‚t.
Mais elle devait s'en préoccuper plus tard.
Par un beau matin de printemps, Ayla se rendit à la mare pour y remplir une outre. Personne n'était encore sorti. S'étant mise à genoux, elle se pencha vers l'eau, l'outre à la main, et s'arrêta soudain, pétrifiée d'horreur.
Comme elle puisait de préférence l'eau à la
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