Le clan de l'ours des cavernes
s'approcher du fond de la grotte et même de regarder dans cette direction. quand Iza vit Brun appeler ses hommes, elle fit comme si de rien n'était. Leurs manigances ne la regardaient pas, mais un pressentiment lui fit relever la tête juste au moment o˘ deux hommes, le visage peint à l'ocre rouge, se précipitaient sur Ayla.
La fillette ne s'était rendu compte de rien, tout occupée à déballer le contenu de ses paniers, à l'autre bout de la caverne. La brutale apparition des deux hommes, et tout particulièrement la présence du chef, la fit sursauter.
- Pas un bruit, pas de résistance, lui signifia par gestes Brun.
Elle ne commença à s'inquiéter réellement qu'au moment o˘ ils lui bandèrent les yeux et la soulevèrent dans leurs bras.
En voyant arriver Brun et Goov chargés de leur fardeau, les autres hommes ressentirent un pincement d'angoisse. Eux aussi ignoraient tout de la cérémonie qui allait se dérouler. Mog-ur s'était contenté de leur intimer silence lorsqu'ils avaient pris place en cercle autour des pierres que le sorcier avait apportées de la grotte sacrée. Et il n'eut pas besoin de réitérer son ordre quand il tendit à chacun deux ossements d'ours à croiser sur leur poitrine. Le danger devait être grand s'il leur fallait recourir à
une telle protection.
Brun fit asseoir la fillette au centre du cercle, face à Mog-ur, et prit place derrière elle. Au signal du sorcier, il lui ôta son bandeau. La lueur des torches éblouit Ayla, lui révélant progressivement Mog-ur, assis derrière un cr‚ne d'ours, et les autres hommes protégés par les os croisés.
Atterrée, elle se recroquevilla sur le sol, tremblante de peur.
- Pas un mot, pas un geste ! l'avertit Mog-ur.
Les yeux écarquillés, elle vit le sorcier se lever pesamment et accomplir les signes rituels destinés à s'attirer la protection d'Ursus et des esprits totémiques. Elle connaissait bien le vieil homme, l'infirme aux gestes gauches, claudiquant à chaque pas, lourdement appuyé sur son b‚ton.
Mais l'homme qui se dressait devant elle avait perdu toute maladresse. Mogur s'était transformé en un éloquent orateur aux gestes persuasifs. Il ne déployait jamais autant de gr‚ce et d'assurance que lorsqu'il communiquait avec les puissances surnaturelles.
- 0 Esprits Séculaires que nous n'avons pas invoqués depuis l'aube de l'humanité, écoutez-nous ! Nous vous appelons pour vous rendre hommage et implorer votre protection. 0 puissants Esprits, si vénérables que vos noms ne sont qu'un chuchotement dans notre mémoire, éveillezvous et laissez-nous vous honorer. Nous voulons offrir un sacrifice à vos coeurs séculaires.
Ecoutez-nous, nous vous appelons.
" Esprit du Vent, Ooooha ! Esprit de la Pluie, Zheena ! Esprit des Brouillards, Eecha ! Prêtez-nous attention et soyez indulgents. L'un d'entre vous se trouve aujourd'hui parmi nous. Le Grand Lion des Cavernes en a décidé ainsi.
C'est de moi qu'il parle, comprit soudain Ayla, qui tremblait de peur.
Pourquoi me font-ils participer à cette cérémonie ? Et qui sont ces esprits ? Je n'en ai jamais entendu parler. C'est étrange qu'ils portent des noms féminins ; je croyais que les esprits protecteurs étaient masculins.
Les hommes assis autour d'elle n'avaient jamais eu connaissance de ces anciens esprits que Mog-ur invoquait. Pourtant leurs noms réveillaient en eux de lointains souvenirs enfouis au fond de leur mémoire.
- 0 Esprits Séculaires, poursuivit Mog-ur, vos voies sont impénétrables, nous ne sommes que des humains ignorant la raison pour laquelle cette fille a été choisie par le plus puissant d'entre vous. Il l'a défendue contre les malins et nous l'a rendue pour se faire connaître de nous. 0 puissants Esprits du Passé, si nous vous avons longtemps négligés, nous vous vénérerons désormais en honneur de celle qui se trouve aujourd'hui parmi nous. Nous vous supplions de l'accueillir et de la protéger ainsi que son clan. (Puis se tournant vers Ayla :) qu'on me l'amène, ordonnat-il.
Ayla se sentit soulevée de terre et déposée devant le vieux sorcier. Se retenant de crier quand Brun lui tira la tête en arrière par les cheveux, elle vit du coin de l'oeil Mog-ur brandir un long couteau au-dessus de son visage révulsé de peur et manqua de s'évanouir quand l'arme plongea vers sa gorge offerte.
La douleur aiguÎ ne lui arracha pas un seul cri. Mog-ur venait de lui faire une petite estafilade à la base du cou, dont le
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