Le clan de l'ours des cavernes
Brac des crocs d'une hyène, gr‚ce à sa stupéfiante habileté à la fronde, et voilà que maintenant elle revenait saine et sauve du monde des esprits. A chaque fois que Broud avait fait preuve d'un grand courage, elle avait détourné à son profit l'admiration et la reconnaissance du clan.
Broud la fixait d'un regard sombre comme un ciel d'orage. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle revienne ? Tout le monde ne parle plus que d'elle. quand j'ai tué le bison, il n'y en avait que pour son totem. Est-ce qu'elle a risqué
de se faire piétiner par un mammouth ? Non, elle a seulement jeté quelques pierres avec une fronde, et la vie du clan a tourné autour d'elle jusqu'à
ce que Brun la maudisse. Temporairement ! S'il l'avait condamnée comme elle le méritait, elle ne serait pas de nouveau le centre de toutes les conversations. Pourquoi faut-il toujours qu'elle me g‚che la vie ?
- Mais que Carrive-t-il, Creb ? Je ne t'ai jamais vu aussi agité ! Tu fais penser à un jeune homme sur le point de prendre sa première compagne. Veux-tu que je te fasse une infusion pour te calmer ? demanda Iza au sorcier qui, pour la troisième fois, s'apprêtait à partir puis se rasseyait pour se lever de nouveau.
- qu'est-ce qui te fait croire que je suis nerveux ? J'essaye simplement de ne rien oublier et de réfléchir un peu, rétorqua-t-il d'un air penaud.
- Ne rien oublier ? Mais ça fait des années que tu es mog-ur, et il n'est pas une cérémonie que tu ne puisses célébrer les yeux fermés Laisse-moi te préparer une tisane.
- Non, non, je n'en ai pas besoin. O˘ est Ayla ?
- Elle est sortie pour chercher des tubercules, pourquoi ?
- Pour savoir, répliqua Creb en se rasseyant.
quelques instants plus tard, Brun se présenta au foyer de Creb et lui fit signe de le rejoindre au fond de la caverne. Mais que peuvent-ils bien manigancer ? se demanda Iza, perplexe.
- C'est maintenant ? demanda le chef quand ils se retrouvèrent à l'endroit qu'il avait dégagé. Tout est prêt ?
- Tout est prêt, mais je crois que le soleil devrait être plus bas.
- Comment ça, tu crois ? Tu m'as dit que tu savais parfaitement ce qu'il fallait faire, que tu avais médité et retrouvé le souvenir de cette cérémonie, dit Brun, réprobateur.
- J'ai médité, rétorqua Mog-ur. Mais ce que j'ai vu se passait il y a si longtemps. Il n'y avait pas de neige. Je sais seulement que le soleil était bas.
- Pourquoi ne m'en as-tu rien dit ? Si tu n'es pas s˚r du déroulement de la cérémonie, on ferait mieux de tout arrêter.
- J'ai déjà parlé aux esprits. Les pierres sont en place. Ils nous attendent.
- Je n'aime pas non plus cette idée de bouger les pierres. Nous aurions peut-être mieux fait de célébrer dans la petite grotte. Es-tu certain que les esprits ne sont pas mécontents qu'on les déplace ainsi, Mog-ur ?
- Nous avons déjà discuté de cela, Brun. Nous avons bougé les pierres parce qu'il était risqué de convier les Esprits Séculaires dans la demeure des esprits de nos totems. Ils auraient peut-être eu envie d'y rester.
- Mais qui nous garantit que les Esprits Séculaires repartiront ? C'est trop dangereux, Mog-ur. On devrait tout annuler.
- Ils resteront peut-être un moment, dit Mog-ur, mais ils s'en iront quand ils verront qu'il n'y a pas de place pour eux. Nos totems leur demanderont de partir. Mais la décision t'appartient. Si tu veux tout annuler, je ferai de mon mieux pour apaiser les esprits. Ce n'est pas parce qu'ils s'attendent à ce qu'on tienne une cérémonie que nous sommes obligés de la célébrer.
- Non, non, finalement je préfère qu'on aille jusqu'au bout. Je ne tiens pas à contrarier les esprits. Et puis les hommes aussi ne seraient pas contents.
- C'est toi le chef, Brun.
- Es-tu s˚r que nos totems n'en prendront pas ombrage ?
- Rien n'est jamais s˚r, Brun, répondit Mog-ur, qui comprenait l'inquiétude du chef. Nous ne sommes que des hommes. Mais tu l'as dit toi-même, nous avons été chanceux jusqu'ici. Cela signifie que les esprits de nos totems sont satisfaits. S'ils ne l'étaient pas, crois-tu que nous aurions eu autant de chance ? Combien de fois un clan a-t-il tué un mammouth sans perdre un seul homme ? Même le petit Brac en est revenu sain et sauf, Brun.
Le chef considéra longuement le visage empreint de gravité du sorcier, et dans ses yeux se remit à briller une lueur de ferme résolution.
- Je vais chercher les hommes, dit-il.
On avait interdit aux femmes de
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