Le clan de l'ours des cavernes
n'ont pas cette chance, poursuivit la Première.
Certaines femmes ont eu des accouchements si difficiles qu'un bébé de plus pourrait les tuer et laisser les enfants vivants sans mère. Chacune est différente. Par bonheur, la plupart des femmes sont capables d'avoir des enfants, mais ces femmes-là peuvent elles aussi ne pas vouloir mener chaque grossesse à son terme.
" II y a plusieurs moyens d'interrompre une grossesse. Certains peuvent se révéler dangereux. Une forte infusion de tanaisie - toute la plante, racines comprises - peut ramener le saignement mais elle peut aussi être fatale. Un b‚tonnet en orme écorcé et glissant, inséré profondément dans l'ouverture par laquelle naît l'enfant, peut être très efficace, mais il vaut toujours mieux en parler à votre doniate, qui saura préparer l'infusion ou placer le b‚tonnet. Il existe d'autres méthodes. Vos mères ou vos Zelandonia en discuteront avec vous en détail si vous souhaitez en savoir davantage.
" II en va de même pour l'accouchement. Il existe de nombreux remèdes qui h
‚tent la venue de l'enfant, qui arrêtent le flot de sang et soulagent la douleur. L'enfantement s'accompagne presque toujours de douleur. La Grande Mère Elle-Même a souffert, mais la plupart des femmes ont peu de problèmes et la douleur est vite oubliée. Tout le monde souffre un jour d'une manière ou d'une autre. Cela fait partie de la vie, on ne peut y échapper. Il vaut mieux
l'accepter.
Ayla était intéressée par les remèdes dont Zelandoni avait parlé, encore que ceux qu'elle avait mentionnés fussent relativement simples et bien connus. Presque toutes les femmes avec qui elle en avait discuté
connaissaient un moyen ou un autre de mettre fin à une grossesse. Souvent, cette idée ne plaisait pas aux hommes. Iza et les autres guérisseuses du Clan gardaient cette pratique secrète, de crainte que les hommes ne l'interdisent.
La doniate n'avait pas abordé les moyens d'empêcher la vie de germer. Ayla tenait beaucoup à lui en parler et peut-être à comparer leurs connaissances. Elle avait été sage-femme pour plusieurs naissances. Il lui vint soudain à l'esprit qu'elle donnerait bientôt naissance à un enfant, elle aussi. Oui, Zelandoni avait raison, la souffrance faisait partie de la vie. Ayla avait beaucoup souffert pour donner le jour à Dure, elle avait failli mourir, mais, comme dans le Chant de la Mère, " l'enfant radieux justifiait toute cette souffrance ".
- Il n'y a pas que la douleur physique, continua Zelandoni. D'autres souffrances sont pires, mais vous devez les accepter elles aussi. En tant que femmes, vous avez une grande responsabilité, un devoir qu'il vous faudra peut-être envisager un jour. Parfois, la vie que vous portez est tenace. Et rien ne peut empêcher la grossesse de progresser, alors même que vous n'aviez pas voulu que la vie naisse en vous. Une fois que l'enfant est né, c'est toujours plus difficile de le rendre à la Mère, mais il le faut quelquefois.
" Les enfants qui sont déjà là doivent passer en premier. Si un
-' ~!:1 -=* *=^= =s"l fcwmé il faut le renvoyer à Doni. C'est toujours à la Mère de décider, mais vous devez vous rappeler votre responsabilité, et il faut agir vite. Dès que vous en êtes capable, emmenez-le dehors et posez-le sur le sein de la Grande Terre Mère, aussi loin que possible de votre abri, et jamais près d'un site sacré
d'enterrement, de peur qu'un Esprit errant ne tente d'habiter le corps. Cet Esprit serait dérouté et ne parviendrait plus à trouver le chemin du Monde d'Après. Il deviendrait maléfique. Y a-t-il ici quelqu'un qui ne comprenne pas ce que je viens de dire ?
C'était toujours un moment difficile des réunions préparant les Matrimoniales, et Zelandoni laissa aux jeunes femmes le temps d'assimiler la cruelle révélation. Il fallait cependant qu'elles l'acceptent.
Personne ne prit la parole. Les jeunes femmes avaient entendu des rumeurs, discuté entre elles du douloureux devoir qu'elles seraient peut-être amenées à remplir un jour, mais c'était la première fois que la question leur était soumise directement. Chacune d'elles espérait qu'elle ne serait jamais réduite à laisser un bébé mourir sur le sein froid de la Grande Terre Mère. C'était une sombre pensée.
Certaines des femmes plus ‚gées serraient les lèvres, de la souffrance dans les yeux, parce qu'elles avaient d˚ faire face à ce terrible devoir de préserver la vie de l'un en
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