Le clan de l'ours des cavernes
l'espoir d'apercevoir Ayla, mais Marthona prit soin de refermer le rideau derrière elle. Elle tenait dans les mains un paquet familier : celui qu'Ayla s'était obstinée à porter pendant leur long Voyage. Il reconnut l'emballage de peaux minces retenues par des cordes. Il avait souvent interrogé Ayla à ce sujet mais elle s'était toujours dérobée à ses questions.
- Ayla insiste pour que je te donne ceci, dit Marthona en lui mettant le paquet dans les mains. Tu sais que vous n'êtes pas censés avoir de contacts l'un avec l'autre avant la cérémonie, même de manière indirecte, mais Ayla dit qu'elle te l'aurait remis plus tôt si elle l'avait su. Elle était bouleversée, quasiment en larmes, et prête à briser elle-même l'interdit si je refusais de l'aider. Elle m'a chargée de te dire que c'est pour les Matrimoniales.
- Merci, mère. Je...
Marthona referma le rideau avant que son fils p˚t ajouter un mot. Il s'éloigna en examinant le paquet, le soupesa pour tenter de deviner ce qu'il contenait. Il était mou et assez volumineux. Il ne comprenait pas pourquoi elle avait tenu à l'emporter à tout prix alors qu'ils s'efforçaient de limiter le nombre des sacs encombrants. Ayla l'avait-elle porté pendant tout le Voyage pour le lui offrir le jour des Matrimoniales ?
En ce cas, le paquet était trop important pour être ouvert n'importe o˘, il fallait un endroit plus intime.
Jondalar constata avec plaisir que la hutte était déserte quand il y pénétra avec le mystérieux paquet. Il essaya maladroitement de dénouer la corde, puis, les nouds résistant à ses efforts, il finit par la couper avec son couteau. Il défit plusieurs couches protectrices, regarda le contenu.
C'était blanc. Il le souleva, le tint en hauteur. C'était une splendide tunique de cuir blanc, décorée uniquement de queues d'hermine au bout noir.
Pour les Matrimoniales, avait précisé Ayla. Elle lui avait cousu une tunique matrimoniale ?
On lui avait proposé plusieurs tenues et il en avait choisi une aux décorations complexes, dans le style zelandonii. Ce vêtement était différent. La tunique blanche avait une coupe mamutoi, mais chez les MamutoÔ les habits étaient en général lourdement ornés de perles d'ivoire, de coquillages et autres décorations. Celui-là n'avait que ces quelques queues d'hermine ; il était remarquable par sa couleur, un blanc éclatant, et par sa simplicité, puisque rien ne détournait l'attention de sa pureté.
quand Ayla l'avait-elle fabriqué ? Ce ne pouvait être pendant le Voyage.
Elle n'aurait pas eu le temps, et d'ailleurs elle portait le paquet depuis leur départ. Elle avait d˚ le faire en hiver, quand ils vivaient chez les MamutoÔ, avec le Camp du Lion. Mais c'était l'hiver o˘ elle avait promis de s'unir à Ranec... Jondalar tint la tunique devant lui : elle était à sa taille, elle aurait été beaucoup trop grande
Pourquoi lui avait-elle cousu une tunique, et une tunique aussi belle, si elle avait l'intention de rester chez les MamutoÔ et de vivre avec Ranec ?
Tout en réfléchissant, Jondalar pressa la tunique contre lui. Elle était douce et souple. Le cuir d'Ayla avait toujours cette qualité, mais combien de temps l'avait-elle travaillé pour lui donner cette douceur ? Et la couleur ? O˘ avait-elle appris à faire du cuir blanc ? Avec Nezzie, peut-
être ? Il se souvint alors d'avoir vu Crozie, la vieille femme du Foyer de la Grue, vêtue d'une tunique blanche lors d'une cérémonie o˘ tous les MamutoÔ portaient leurs plus beaux habits. Ayla avait-elle appris avec Crozie ? Il ne se rappelait pas l'avoir vue travailler du cuir blanc, mais il n'avait peut-être pas été très attentif.
Il fit glisser les queues d'hermine entre ses doigts. D'o˘ venaient-elles ?
Il se souvint tout à coup qu'Ayla était revenue avec des hermines le jour o˘ elle avait ramené le louveteau à la hutte de terre. Jondalar sourit en se rappelant l'émotion qu'elle avait causée. Mais ils avaient discuté, s'étaient querellés - enfin, il avait discuté, c'était sa faute -, et il était déjà installé à ce moment-là près du foyer à cuire. Le soir, Ayla couchait au foyer de Ranec. Ils étaient presque promis, Ranec et elle.
Pourtant, elle avait consacré des heures, probablement des jours, à cette superbe tunique blanche pour lui. L'aimait-elle tellement, même alors ?
Les yeux de Jondalar s'embuèrent, il était au bord des larmes. C'était lui qui avait traité Ayla avec
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