Le clan de l'ours des cavernes
froideur, il le savait. Il était jaloux, et surtout il avait peur de ce que diraient sa famille et son peuple en apprenant par qui elle avait été élevée. Alors même qu'il l'avait poussée dans les bras d'un autre homme, elle avait passé de longues journées à
coudre cette tunique pour lui, puis elle l'avait portée pendant tout le chemin pour la lui remettre le jour de leurs Matrimoniales. Pas étonnant qu'elle f˚t bouleversée et prête à braver l'interdiction de le voir...
Il examina de nouveau le vêtement, qui n'était même pas froissé. Elle avait d˚ trouver un endroit o˘ l'accrocher, et l'exposer à la vapeur après leur arrivée. Il approcha la tunique de son corps, en éprouva la douceur et eut presque l'impression de tenir Ayla contre lui, tant elle y avait mis d'elle-même. Il aurait été heureux de la porter même si elle avait été
moins belle.
Mais elle était magnifique. Malgré toutes leurs décorations, les habits qu'il avait choisis pour la cérémonie lui semblaient ternes en comparaison.
Jondalar portait bien les vêtements et il le savait. C'était une de ses fiertés secrètes, une petite vanité qu'il tenait de sa mère, que nul ne surpassait en élégance. Il se demanda si elle avait vu la tunique. Il en doutait. Elle en aurait apprécié la subtilité étonnante, la touche parfaite apportée par les queues d'hermine, et quelque chose dans son regard lui aurait donné un indice sur le contenu du paquet.
Jondalar leva les yeux quand Joharran entra dans la hutte.
- Te voilà, fit le chef de la Neuvième Caverne. On dirait que je passe ma journée à te chercher. On a besoin de toi pour... qu'est-re nue r'est ?
- Ayla m'a fabriqué une tunique matrimoniale. C'est pour cela que mère voulait me voir, pour me la remettre, expliqua Jondalar en plaçant le vêtement devant lui.
- Elle est exceptionnelle ! s'exclama son frère. Je ne crois pas avoir jamais vu un cuir blanc aussi réussi ! Tu as toujours été porté sur les beaux vêtements, mais là, tu vas faire sensation. Plus d'une femme souhaitera être à la place d'Ayla. Et plus d'un homme ne verrait pas d'inconvénient à prendre la tienne, y compris ton grand frère... s'il n'y avait Proleva, bien s˚r.
- J'ai de la chance, reconnut Jondalar. Tu ne soupçonnes pas à
quel point.
- Je vous souhaite à tous deux beaucoup de bonheur. Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire avant, mais il m'arrivait quelquefois de m'inquiéter pour toi. En particulier après ce... problème que tu as eu, quand tu as d˚ quitter la Caverne. A ton retour, les femmes ne t'ont pas manqué, mais je me demandais si tu en trouverais une avec qui tu serais heureux. Tu aurais fini par t'unir, j'en suis s˚r, mais j'ignorais si tu connaîtrais le genre de bonheur qu'apporté une bonne compagne, comme Proleva. Je n'ai jamais cru que Marona était le genre de femme qui te convenait.
Jondalar se sentit touché par les propos de son frère, qui poursuivit :
- Je sais qu'en principe je devrais plaisanter sur l'erreur que tu commets en t'encombrant des responsabilités d'un foyer, mais en toute sincérité je dois te dire que Proleva rend ma vie très heureuse, et que son fils nous apporte une chaleur qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Sais-tu qu'elle attend un autre enfant ?
- Je l'ignorais. Ayla en attend un, elle aussi. Nos compagnes auront des enfants du même ‚ge, ils seront comme des cousins de foyer, dit Jondalar avec un grand sourire.
- Je suis certain que le fils de Proleva est le fruit de mon esprit, et j'espère que celui qu'elle porte le sera aussi. Mais, même lorsqu'ils ne le sont pas, les enfants du foyer d'un homme lui donnent un bonheur difficile à décrire. Regarder Jaradal m'emplit de fierté et de joie.
Les deux hommes se pressèrent mutuellement les épaules.
- Toutes ces déclarations de mon grand frère ! s'écria Jondalar en souriant. (Son expression devint plus sérieuse.) Je dois t'avouer que j'ai souvent envié ton bonheur, Joharran, avant même mon départ, avant qu'il n'y ait d'enfant dans ton foyer. Je savais déjà que Proleva serait une bonne compagne pour toi. Elle a fait de ton foyer un lieu chaleureux, accueillant. Et, depuis mon retour, j'ai appris à aimer son fils. Jaradal te ressemble.
- Tu ferais bien de partir, Jondalar. On m'a demandé de te dire de te dépêcher.
Jondalar replia la tunique blanche, l'enveloppa dans son emballage de peaux, la posa avec soin sur ses fourrures de couchage puis sortit
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