Le clan de l'ours des cavernes
picotement à la nuque quand il l'observait à la dérobée.
Ce soir-là, Creb demeura longtemps avec Goov dans la grotte sacrée. Ayla prépara un repas léger pour Dure et elle-même et mit de côté la part de Creb, qui aurait peut-être faim en revenant, bien qu'elle en dout‚t. Elle s'était réveillée au matin avec une sourde angoisse qui n'avait fait que croître au fil de la journée. A présent, il lui semblait étouffer dans la caverne, et elle avait la gorge sèche comme une vieille écorce. Incapable d'avaler une bouchée de plus, elle se leva brusquement et courut jusqu'à
l'entrée de la caverne, pour scruter le ciel de plomb, d'o˘ tombait une pluie diluvienne qui transformait les abords de la caverne en un champ de boue. Dure s'était couché et il dormait déjà quand elle rentra. Mais dès qu'il la sentit qui s'allongeait à côté de lui, il se blottit contre elle en murmurant ma-ma avant de replonger dans le sommeil.
Ayla passa son bras autour du petit corps, écouta battre le coeur de son fils assoupi contre elle. Elle resta les yeux grands ouverts, examinant les moindres détails de la paroi que le feu mourant éclairait faiblement. Ce fut seulement quand elle entendit le pas de Creb lui indiquant qu'il allait se coucher qu'elle put trouver le sommeil.
Elle se réveilla dans la nuit en hurlant.
- Ayla ! Ayla ! appela Creb, en la secouant pour la sortir de la terreur qui se lisait dans son regard fixe. que se passe-t-il, ma petite ? demandat-il, l'air inquiet.
- Oh, Creb, sanglota-t-elle en lui jetant les bras autour du cou. J'ai encore fait cet horrible cauchemar. «a ne m'était pas arrivé depuis des années...
Le vieillard, ému, serra la jeune femme tremblante dans ses bras.
- qu'est-ce qu'elle a, mama ? demanda Dure, qui s'était redressé sur sa couche, les yeux agrandis de peur.
Il n'avait jamais entendu sa mère crier ainsi. Ayla passa son bras autour de lui.
- quel rêve, Ayla ? Celui du Lion des Cavernes ? demanda Creb.
- Non, l'autre, celui que je n'arrive jamais à me rappeler après, expliqua-t-elle en frémissant. Creb, je croyais en avoir fini avec ces cauchemars...
Creb la serra de nouveau contre lui, elle lui rendit son étreinte, et ils restèrent tous les deux enlacés un long moment, Dure blotti entre eux.
- Oh, Creb, il y a si longtemps que je désirais te serrer dans mes bras ! Mais j'avais peur que tu me repousses comme tu le faisais autrefois quand j'avais été insolente. Et il y a autre chose que je voulais te dire, Creb. Je t'aime.
- Ayla, à cette époque, je devais me forcer pour te repousser fallait bien que je réagisse, sinon Brun s'en serait chargé lui-même. Mais je t'aimais trop pour me mettre vraiment en colère contre toi. Et je t'aime encore beaucoup trop ! J'ai cru que tu m'en voulais quand tu as perdu ton lait.
- Ce n'était pas ta faute, Creb, mais la mienne, entièrement. Je ne t'en ai jamais voulu.
- Je me le suis reproché longtemps. J'aurais d˚ savoir qu'il ne faut jamais laisser une mère s'éloigner de son bébé. Mais tu semblais avoir tellement besoin de rester seule avec ton chagrin, tu avais tellement mal...
- Comment aurais-tu pu savoir ce qu'il fallait faire ou pas ? Les hommes n'entendent rien à ces choses. Ils aiment tenir les enfants dans leurs bras et s'amuser avec eux quand ceux-ci commencent à gambader et s'ils sont en bonne santé. Mais au moindre cri du petit, ils s'empressent de le redonner à sa mère. Et puis, Dure n'en a pas souffert. Il commence sa première année de sevrage, et il est grand et vigoureux, même s'il a été trimballé de foyer en foyer.
- Mais cela t'a fait du mal, je le sais.
- Mama, tu as mal ? intervint Dure, qui n'était pas encore tout à fait rassuré.
- Non, Dure, mama n'a pas mal, c'est fini.
- Comment a-t-il appris ce nom qu'il te donne, Ayla ?
- Il nous arrive de jouer à faire des sons ensemble, et il a choisi celuilà pour s'adresser à moi, expliqua Ayla en rougissant légèrement.
- Il appelle toutes les autres femmes " maman " ; il a sans doute eu envie de trouver quelque chose de particulier pour toi.
- C'est comme ça que je le comprends aussi.
- quand tu es arrivée parmi nous, tu émettais toi aussi toutes sortes de sons. J'imagine que ton peuple doit s'exprimer ainsi.
- Mon peuple, c'est le Clan. Je suis une femme du Clan.
- Non, Ayla, rectifia Creb d'un air las. Tu ne fais pas partie du Clan, tu appartiens aux Autres.
- C'est ce qu'lza m'a dit la nuit o˘
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