Le clan de l'ours des cavernes
mit à avancer sans faire de bruit, guidée par des crottes fraîches, une touffe d'herbe couchée, une légère empreinte dans la poussière, et bientôt elle distingua droit devant elle la forme d'un animal tapi dans un fourré o˘ il se dissimulait. Elle détacha la fronde pendue à sa ceinture et sortit d'une des poches de son vêtement deux pierres rondes. quand le lièvre prit brusquement la fuite, elle était prête. Avec une habileté consommée, acquise gr‚ce à des années de pratique, elle lança une première pierre puis, aussitôt après, une seconde. Clac ! clac ! Le bruit faisait plaisir à entendre et les deux projectiles atteignirent leur but.
En ramassant l'animal, Ayla repensa à l'époque o˘ elle avait appris, toute seule, cette technique du double jet de pierre. Peu de temps avant, elle avait raté un lynx et pris conscience de sa vulnérabilité : une seule pierre ne suffisait pas toujours à tuer un animal. Mais il avait fallu qu'elle s'entraîne énormément pour réussir à positionner la seconde pierre pendant le mouvement de descente du premier lancer. Gr‚ce à cette technique, elle pouvait lancer deux projectiles à intervalles très rapprochés.
Sur le chemin du retour, elle cassa une branche d'arbre dont elle appointa l'une des extrémités à l'aide d'un outil de silex dont la face coupante portait une encoche triangulaire. Elle utilisa ce b‚ton à fouir pour déterrer les carottes sauvages remarquées un peu plus tôt. Elle fourra les carottes dans un repli de son vêtement, cassa encore deux branches, fourchues celles-là, et regagna la plage. Là, elle déposa le lièvre et les carottes à côté de son panier et retira de celui-ci sa drille à feu et sa sole en bois. Elle retourna alors près de la saillie rocheuse et, après avoir soulevé quelques troncs, fit provision de bois flottés bien secs auxquels elle ajouta des branches mortes ramassées au pied des arbres.
Utilisant à nouveau l'outil qui avait servi à appointer le b‚ton à fouir, elle racla un morceau de bois sec pour en détacher des copeaux d'écorce.
Ensuite elle retira l'écorce velue de quelques tiges sèches d'armoise et la bourre que contenaient des cosses d'onagraire.
quand elle eut trouvé un endroit o˘ elle pouvait s'asseoir à l'aise, elle tria le bois qu'elle avait ramassé - bois d'allumage, bois flotté et grosses b˚ches - et le disposa autour d'elle. Elle prit sa sole, taillée dans une tige de clématite, et sa drille à feu, une tige de massette de l'année précédente. A l'aide d'un perçoir en silex, elle fit une entaille sur un des côtés de la sole et y inséra la tige de massette afin de vérifier que la cavité avait bien la taille voulue. Elle disposa alors la bourre d'onagraire sous l'entaille qu'elle venait de pratiquer, ajouta les écorces tout autour et bloqua le tout avec son pied. Elle inséra à nouveau la tige de massette dans la cavité et prit une profonde inspiration. Faire du feu exigeait une grande concentration.
Plaçant le haut de la drille entre ses deux paumes, elle commença à la faire tourner tout en exerçant une pression vers le bas. Au fur et à mesure qu'elle la faisait tourner, ses mains descendaient tout en bas de la tige, presque jusqu'à toucher la sole. Si elle n'avait pas été seule, au moment o˘ ses mains se seraient retrouvées en bas, quelqu'un d'autre aurait placé
ses paumes en haut de la drille et continué à la faire tourner. Comme elle ne pouvait pas compter sur l'aide de qui que ce soit, chaque fois qu'elle arrivait en bas de la drille, elle était obligée de replacer le plus vite possible ses mains en haut pour ne pas interrompre le mouvement de rotation et exercer une pression constante sur la sole. Dans le cas contraire, la chaleur dégagée par le frottement ne manquerait pas de se dissiper et n'atteindrait jamais le degré suffisant pour que le bois s'embrase.
Prise par le rythme, Ayla ne se rendait pas compte que la sueur ruisselait sur son front. Gr‚ce au mouvement continu, la cavité était en train de se creuser et la sciure de bois tendre s'accumulait. Elle avait mal aux bras mais, quand elle sentit une odeur de bois br˚lé et qu'elle vit que l'entaille noircissait puis qu'elle laissait échapper un mince ruban de fumée, cela l'encouragea à continuer. Pour finir, un petit charbon de bois incandescent se détacha de la sole et tomba dans les écorces et la bourre qui se trouvaient en dessous. Tout dépendait maintenant
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