Le clan de l'ours des cavernes
bifurquaient sur les côtés. La symétrie presque parfaite d'un immense pin était ainsi rompue par sa cime qui avait poussé à angle droit par rapport au tronc. Non loin de là, la cime d'un autre pin s'était carrément retournée, poussant en direction du sol, et formait une sorte de moignon déchiqueté et charbonneux. Tous ces arbres avaient poussé sur une étroite bande de terre entre la paroi et la berge et si près de l'eau parfois que leurs racines se trouvaient à découvert.
Sur la rive o˘ se tenait Ayla, un peu en amont, des saules pleureurs se penchaient au-dessus de la rivière. Un peu plus haut, agitées par une douce brise, les feuilles des trembles bruissaient. Il y avait aussi des bouleaux à écorce blanche et des aulnes à peine plus gros que des arbustes. Des lianes grimpaient et s'enroulaient autour des arbres et la rivière était bordée de buissons couverts de feuilles.
Ayla avait voyagé si longtemps dans les steppes qu'elle avait presque oublié à quel point la nature pouvait être belle quand elle était aussi verdoyante. La rivière étincelait sous le soleil et semblait lui tendre les bras. Ses peurs nocturnes s'étaient envolées : elle bondit sur ses pieds et s'approcha de l'eau. Dans un premier temps, elle ne songeait qu'à se rafraîchir mais très vite elle détacha la longue lanière qui retenait son vêtement, enleva son amulette et plongea. Puis elle se mit à nager en direction de la rive opposée.
Le contact de l'eau froide lui fit du bien et la débarrassa de la poussière des steppes qui lui collait à la peau. Elle nagea à contrecourant jusqu'à
ce qu'elle arrive à un étroit goulet formé par les deux parois abruptes. A cet endroit, le lit était moins large, le courant plus fort et l'eau beaucoup plus froide. Elle se retourna sur le dos, fit la planche et se laissa porter par le courant qui la ramenait vers son point de départ. Elle était en train de contempler la bande d'azur du ciel quand, un peu avant d'arriver à la plage, elle remarqua une cavité creusée dans la paroi qui surplombait la rive opposée. Est-ce que par hasard ce serait une caverne ?
se demanda-t-elle, toute excitée à cette idée. Je me demande si je pourrais l'atteindre...
Elle regagna la plage et s'assit sur les pierres pour se sécher au soleil.
Non loin d'elle, des oiseaux sautillaient sur le sol, tirant sur des vers que la pluie nocturne avait ramenés à la surface, tandis que d'autres voletaient de branche en branche, picorant au passage les baies dont regorgeaient les buissons.
Des framboises ! se dit Ayla. Et elles sont énormes ! quand elle s'approcha des buissons, les oiseaux battirent frénétiquement des ailes avant d'aller se percher un peu plus loin. Elle cueillit une pleine poignée de baies juteuses et les mangea aussitôt. Puis elle s'approcha à nouveau de la rivière et, après s'être rincé les mains, remit son amulette. Au moment d'enfiler son vêtement en peau, sale et poussiéreux, elle ne put s'empêcher de froncer le nez. Malheureusement, elle n'en avait pas d'autre. quand elle s'était précipitée dans la caverne, juste après le tremblement de terre, pour y prendre de la nourriture, des vêtements et une tente, elle n'avait emporté que ce qui était indispensable à sa survie. Comment imaginer qu'un jour elle aurait besoin d'une seconde tenue d'été !
Au fond, cela n'avait guère d'importance. Le désespoir qu'elle avait éprouvé à force de voyager dans les steppes arides s'était envolé. Au contact de cette vallée fraîche et verdoyante, elle retrouvait le go˚t de vivre. Les framboises qu'elle venait de manger lui avaient ouvert l'appétit et elle ressentait le besoin d'une nourriture plus substantielle. Elle retourna donc près de son panier pour y prendre sa fronde et en profita pour étendre sur les pierres chauffées par le soleil la tente et la fourrure trempées par la pluie. Après avoir remis son vêtement en peau, elle se mit en quête de cailloux lisses et ronds.
Très vite elle se rendit compte qu'il n'y avait pas que des pierres sur la rive. Il y avait aussi des bois flottés de teinte gris‚tre et des os blanchis qui s'étaient amoncelés contre une avancée de la paroi jusqu'à
former un énorme tas. Les violentes crues printanières avaient déraciné des arbres et entraîné des animaux imprudents, les projetant avec violence dans l'étroit goulet qui se trouvait en amont, puis les abandonnant dans le cul-de-sac formé par la
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