Le clan de l'ours des cavernes
saillie de la paroi, là o˘ la rivière faisait une boucle. Ayla découvrit dans le tas d'ossements des andouillers géants, des cornes de bison et quelques énormes défenses en ivoire. Le mammouth luimême n'avait pu résister à la violence de la crue. Il y avait là aussi des galets et des pierres d'un gris crayeux qui attirèrent aussitôt son attention.
«a, c'est un silex ! se dit-elle. Pour pouvoir m'en assurer, il faut que j'en fende un avec un percuteur. Mais je suis s˚re que c'est un silex !
Très excitée par sa découverte, elle se mit aussitôt à la recherche d'une pierre ovale et lisse qu'elle puisse facilement tenir en main.
Lorsqu'elle en eut trouvé une, elle s'en servit pour frapper sur la pierre crayeuse. L'enveloppe blanch‚tre finit par se fendre et à l'intérieur apparut une pierre gris foncé à l'éclat sombre.
C'est bien un silex ! se dit-elle. J'avais vu juste ! Et imaginant aussitôt les outils qu'elle allait pouvoir fabriquer, elle ajouta pour elle-même : Je vais faire provision de silex. Si je casse ceux que j'ai emportés, je n'aurai plus à m'inquiéter. Elle mit aussitôt de côté quelques-unes de ces lourdes pierres qui avaient été arrachées en amont de la rivière à des affleurements calcaires et transportées par le courant jusqu'au pied de la paroi. Cette découverte la poussa à poursuivre son exploration.
En temps de crue, la saillie de la paroi formait une barrière contre laquelle les eaux tumultueuses venaient buter mais la rivière avait repris son niveau normal et Ayla n'eut aucun mal à la contourner. Une fois arrivée de l'autre côté, elle s'arrêta pour contempler la vallée qu'elle avait aperçue d'en haut la veille au soir.
Après cette boucle, la rivière s'élargissait et comme elle était moins profonde, le fond rocheux émergeait par endroits. Elle se dirigeait vers l'est, longeant une des parois à pic de la gorge. Sur la rive o˘ se trouvait Ayla, les arbres et les buissons, protégés par cette barrière naturelle, avaient atteint leur plein développement. Sur sa gauche, audelà
de la barrière rocheuse, la paroi de la gorge s'abaissait graduellement et finissait par rejoindre, au nord comme à l'est, la vaste étendue des steppes. En face d'elle, la large vallée formait une luxuriante prairie dont les hautes herbes ondulaient comme des vagues chaque fois que le vent venu du nord soufflait en rafales. Et, à mi-pente, la petite horde de chevaux paissait.
Cette scène était si belle et il en émanait une telle quiétude qu'Ayla en eut le souffle coupé. Elle avait du mal à croire qu'en plein coeur des steppes arides et ventées un tel endroit puisse exister. Cachée par une faille, la vallée formait une oasis, un petit monde luxuriant, comme si la nature, obligée d'économiser ses bienfaits dans les steppes arides, devenait soudain prodigue dès que l'occasion lui en était donnée.
De loin, la jeune femme observa les chevaux. Robustes et massifs, ils avaient des pattes assez courtes, une encolure épaisse, une grosse tête, des naseaux proéminents qui faisaient penser aux narines de certains hommes du Clan. Leur crinière était courte mais fournie, leur pelage long et épais, gris chez certains et chez les autres couleur chamois, allant du beige au jaune doré. Un peu à part se tenait un étalon à la robe couleur de foin et Ayla remarqua que plusieurs poulains avaient le même pelage. quand l'étalon, relevant la tête, secoua sa crinière et hennit, elle lança en souriant :
- Tu es fier de ton clan, n'est-ce pas ?
Revenant sur ses pas, Ayla s'engagea dans les taillis qui bordaient la rivière, notant machinalement les diverses variétés de plantes qu'elle rencontrait, aussi bien alimentaires que médicinales. Distinguer et ramasser les plantes qui avaient le pouvoir de soigner avait fait partie de son apprentissage de guérisseuse et il en existait très peu qu'elle ne soit pas capable d'identifier instantanément. Mais pour l'instant, elle pensait avant tout à se nourrir.
Au passage, elle remarqua les feuilles et les fleurs en ombelle qui dénotaient la présence de carottes sauvages, enfouies sous le sol, mais elle continua son chemin comme si de rien n'était. Elle avait parfaitement enregistré l'endroit o˘ elles se trouvaient. Pour l'instant, ce qui l'intéressait avant tout, c'était les traces qu'elle venait de découvrir et qui trahissaient la présence d'un lièvre.
Comme tout chasseur digne de ce nom, elle se
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