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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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Massada.
    — Oh si, tu penses à quelque chose… Cela se voit sur ta
figure quand tu réfléchis. Tu es incapable de faire deux choses à la
fois ! Regarde : tu as lâché les rênes de Carabas !
    Massada constata qu’elle disait vrai, reprit rapidement les
rênes, les claqua vigoureusement au-dessus du vieil âne et demanda à
Morgennes :
    — Ce dont tu m’as parlé à Damas, c’était vrai ?
    — Oui, répondit Morgennes.
    — Que faut-il faire, alors ?
    — D’abord, retrouver la Vraie Croix.
    — Mais on ne sait pas où elle est !
    En fait, ce n’était pas l’exacte vérité.
     
    Deux rumeurs donnaient à son sujet des informations
contradictoires. La première voulait que, peu après Hattin, la Vraie Croix eût
été emmenée sous bonne garde à Damas par le cadi Ibn Abi Asroun. La seconde la
disait entre les mains de ces étranges chevaliers du Temple qui sillonnaient la
région avec Gérard de Ridefort afin d’inciter les places fortes templières à se
rendre.
    Pour Morgennes, il fallait se fier à cette dernière. Il se
rappelait qu’après avoir récité la shahada il avait vu une trentaine de
Templiers partir avec la Vraie Croix sous les Allah Akbar ! des
Sarrasins. Cela l’avait empli de haine et de tristesse. Il n’avait pas oublié
cette image. Il ne l’oublierait jamais. Quelle ironie – et quel
supplice ! – que de devoir souffrir de voir la Vraie Croix entre les
mains de défenseurs de la foi, de chevaliers du Temple…
    Mais ce qu’il ne comprenait pas, c’est que parmi ces
Templiers ne se trouvait aucun frère sergent, aucun turcopole, aucun
auxiliaire. Alors ? Morgennes voyait à cela deux explications : soit
il s’agissait bien de frères chevaliers du Temple, soit il ne s’agissait pas de
chevaliers du Temple. À vrai dire, la seconde explication lui paraissait la
meilleure, tant il avait peine à croire que trente Templiers aient pu trahir
tous ensemble. Trente frères chevaliers, c’était la quasi-totalité des
chevaliers de l’Hôpital qui se trouvaient au krak.
    « Impossible ! » se disait-il. Et même si
c’était possible, il refusait de le croire.
    Ainsi, Morgennes pariait sur le fait qu’ils n’avaient qu’à
se rendre eux-mêmes de forteresse du Temple en forteresse du Temple pour
retrouver la Vraie Croix. Si les « Templiers sarrasinois », comme il
les appelait, faisaient tomber les places fortes templières les unes après les
autres, alors il suffisait de leur tendre une embuscade dans l’une de celles
qui étaient encore debout.
    Dans le comté de Tripoli, on dénombrait ainsi la forteresse
de Tortose, le château d’Aryma, le fort de Bertrandimir, le Chastel Blanc, le
Chastel Rouge et le casai fortifié d’Elteffaha. Mais les Sarrasins ne
viendraient pas dans la région : les Hospitaliers y possédaient le krak et
le château d’Akkar, ainsi que deux châteaux forts, l’un à Arqa, l’autre à
Tripoli.
    Non, ce qu’il fallait viser c’était l’objectif ultime de
Saladin : Jérusalem.
    Il n’osait pas encore en parler à Massada, mais il leur
faudrait tourner autour de la ville trois fois sainte, écouter, se mêler à la
foule, se fondre dans la masse des réfugiés ou des marchands, et tâcher d’en
apprendre le plus possible sur l’état des châteaux alentour. Pour ce faire, ils
ne pourraient compter ni sur l’aide des Hospitaliers, pourtant bien établis
dans les environs de Jérusalem, ni, bien évidemment, sur celle des Templiers.
    Le problème, c’était Massada : les chevaliers du Temple
le recherchaient depuis qu’il avait quitté Nazareth. Mais Morgennes comptait
sur le fait que le démantèlement du royaume franc de Terre sainte les occupait
trop pour continuer à se soucier d’un marchand juif en fuite.
    Ainsi, ils traversèrent bien des régions, longèrent de
nouveau l’Hermon, cette fois sur son versant occidental. Dès qu’une fumée
s’élevait à l’horizon, Morgennes partait en reconnaissance au grand galop. Il
s’absentait rarement longtemps, et redoublait de précautions, n’allant jamais
directement sur l’objectif, mais au contraire l’abordant par de larges cercles
concentriques.
    Ils virent de simples fermes, incendiées après avoir été
pillées. Parfois, des terres placées sous la protection d’une commanderie
templière avaient été ravagées par représailles. Les récoltes étaient brûlées,
les puits obstrués, les sources empoisonnées, les arbres arrachés. Des

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