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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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souci. Les Sarrasins n’oseront
jamais s’en prendre au krak tant que Jérusalem ne sera pas tombée. Faute de
nouveaux renforts, nous n’irons pas à Acre ; et nous n’irons à Tyr que si
Conrad de Montferrat arrête de défier Raymond de Tripoli… Nous ne bougerons pas
d’ici tant que la Vraie Croix n’aura pas été retrouvée ; alors, ne
t’inquiète pas : il ne peut rien m’arriver. De toute façon, rien ne
m’empêche au besoin de passer un de ces vieux hauberts, dit-il en éclairant les
autres caisses avec sa torche.
    — Et les flèches des Maraykhât ?
    — J’ai mon bouclier, et puis, maintenant, nous sommes
prévenus. Tiens, fit-il en donnant à Morgennes l’étendard de saint Pierre.
Prends-le. Il te servira si jamais tu tombes entre de mauvaises mains. Je veux
dire, si les nôtres te cherchent querelle…
    — Tu n’en auras pas besoin ?
    — Vois-tu, répondit Beaujeu, je ne suis pas entré dans
l’ordre pour devenir un miles sancti Petri, un soldat de saint Pierre.
Je suis un miles Christi, un soldat du Christ, comme tu l’as été et
sembles vouloir l’être encore. Mon seul étendard, c’est la croix. Je n’en veux
pas d’autre.
    Sur ces mots, Morgennes et Alexis portèrent dans la carriole
de Massada la caisse de bois noir contenant l’armure et la bannière du pape.
Enfin, on leur donna des vivres pour plusieurs jours, ainsi que de l’eau et du
vin.
    Des frères récitèrent des patenôtres pour Morgennes, lui
souhaitant de trouver rapidement Saladin et d’arriver à le convaincre. On
espérait qu’il reviendrait à la Vraie Foi, et renoncerait à la religion
mahométane, dont on n’arrivait pas à se convaincre qu’il l’avait pleinement
embrassée. Mais les Mahométans étaient si retors : s’il acceptait, Saladin
demanderait un service en échange…
    À l’aube de la sainte Austreberthe, Massada, Fémie,
Morgennes et Yahyah repartirent comme ils étaient arrivés, à cela près
qu’Alexis de Beaujeu vint donner à Morgennes une superbe jument noire.
    — Promets-moi que tu en prendras soin.
    — Frère Alexis, beau doux seigneur, je te le promets.
Comment se prénomme-t-elle ?
    — Isabeau.
    Comme ils s’engageaient sur la rampe couverte qui menait
vers l’extérieur, Alexis de Beaujeu ajouta :
    — N’oublie pas : c’est une survivante, elle
aussi !
    Morgennes le salua, puis la herse du krak s’abattit derrière
eux. Très vite, les murailles de la forteresse furent hors de vue, puis les
drapeaux eux-mêmes disparurent. Mais Morgennes continua de les entendre claquer
au vent toute la matinée.
    Il lui semblait que l’histoire se répétait sans cesse.
Sortirait-il jamais de cette succession infernale de départs et
d’arrivées ? Il chevauchait au-devant de la petite carriole, seul comme
toujours. Cela dit, rien ne l’empêchait de ralentir le trot de sa monture pour
se laisser rejoindre.
    — Qu’y a-t-il dans cette grosse caisse noire ?
demanda Massada à Morgennes quand la carriole fut à sa hauteur.
    — Une armure, répondit Morgennes.
    — On peut la voir ? s’exclama Yahyah tout excité.
    — Bientôt.
    Yahyah poussa un sifflement admiratif.
    — J’ai hâte ! fit-il en tapant dans ses mains,
comme si cela pouvait faire s’ouvrir la caisse et en jaillir l’armure.
    — Où allons-nous ? s’enquit Massada.
    — Au sud, répondit Morgennes.
    — Pourquoi ?
    — Parce que c’est là qu’il faut aller. Maintenant,
assez de questions !
    Massada se tut. Lui aussi trouvait qu’il n’était pas facile
de parler avec Morgennes. Depuis qu’ils se connaissaient, c’est à peine s’ils
avaient eu dix conversations. Aucune n’avait été profonde. Morgennes avait une
langue, une bouche, prononçait des paroles, ne rechignait pas à s’exprimer,
mais ne semblait jamais s’adresser à vous. C’était un loquace muet, voilà tout.
    Massada commençait à en avoir assez. Ne lui avait-il pas
sauvé la vie en le rachetant au marchand d’esclaves alors que des Templiers et
des Mahométans se disputaient sa personne ? Et Fémie ? Tous ses
bijoux valaient-ils la vie de cet homme, sa liberté ?
    « Oui ! » se dit-il, car Morgennes lui avait
promis de l’aider à lever la malédiction qui s’était abattue sur lui, à
l’époque où il l’avait trahi. Trahison qu’il avait payée cher, et continuait de
payer encore.
    — À quoi penses-tu ? demanda Fémie à son mari.
    — À rien, répondit

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