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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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guiderait-il pas jusqu’à la
Vraie Croix ? »
    Il souriait, heureux, plein d’une joie tranquille, certain
de ne pas se tromper.
    Après la prière, il contempla, sur une hauteur, le château
templier de La Fève qui dominait la plaine de l’Esdrelon. Plus au nord,
derrière eux, la tour de Séphorie, la grande templerie de Saphet et ses
nombreux casaux… Tous étaient tombés. Morgennes ignorait ce qui, de la force ou
de la ruse, en était venu à bout, mais il savait que leur perte signait la fin
de la présence du Temple en Outre-Jourdain. La clé de Jérusalem était
maintenant le château de La Fève. Il n’y avait qu’à descendre le versant sud du
mont Thabor, qui s’étendait vers la Basse Galilée et la plaine de l’Esdrelon,
pour atteindre les contreforts du château que Morgennes voyait trembler dans la
brume bleutée.
    Une fois là-bas, il préviendrait la garnison. Ensemble, ils
résisteraient aux « Templiers sarrasinois », ensemble ils sauveraient
la Vraie Croix. Restait à voir comment il ferait pour la remettre ensuite à
l’Hôpital…
    — Attendez-moi là, dit Morgennes, et si je ne suis pas
de retour avant demain soir, partez, fuyez !
    — Pour aller où ? répliqua Massada.
    — Tu dois bien connaître un endroit où te cacher ?
demanda Morgennes.
    — Peut-être, répondit le petit homme, évasif.
    — Alors, allez-y.
    Yahyah, qui jouait avec Babouche, s’arrêta pour aider
Morgennes à monter sur son cheval.
    — Vous n’allez pas partir ainsi, chevalier, dit-il.
Vous n’êtes même pas armé !
    — Là-bas, ils me donneront une épée, répondit
Morgennes.
    — Mais…
    Sans attendre la fin de sa phrase, Morgennes éperonna
Isabeau et descendit le mont Thabor, dont le monastère en ruine témoignait du
récent passage des Sarrasins. En le regardant partir, Fémie le salua longuement
de la main :
    —  Yallah ! cria-t-elle pour l’encourager.
    Elle ne le quitta pas des yeux. Quand il ne fut plus qu’un
petit nuage à l’horizon, elle se tourna vers son mari et dit en caressant l’un
de ses colliers :
    — J’espère qu’il la retrouvera.
    — Moi aussi, dit Massada, et il ajouta, un ton plus
bas : la Vraie Croix doit valoir beaucoup d’or…
    Fémie le regarda, inquiète. Avait-elle entendu ?
Toujours est-il qu’elle déclara :
    — On ne peut pas le laisser seul…
    Sur ce, elle prit les rênes et s’apprêta à les faire
claquer, mais Massada l’en empêcha, rétorquant :
    — C’est moi qui décide, et pour l’instant nous restons
là !
    Il n’avait, en effet, aucune envie de s’approcher du château
de La Fève, dont la garnison avait reçu ordre de l’arrêter. Pourtant, un cahot
ébranla la carriole : Carabas s’était mis en route de lui-même, et
descendait, entre les minces colonnes de fumée bleue qui montaient dans
l’ombre, sur la piste de Morgennes.

 
17.
    « Ô l’heureux genre de vie
dans lequel on peut attendre la mort sans crainte, la désirer avec joie, et la
recevoir avec assurance ! »
    (Saint Bernard de
Clairvaux,
    De laude novae
militiae.)
     
    Simon n’en pouvait plus d’attendre. Depuis qu’il était entré
dans l’ordre, il n’avait fait qu’attendre, attendre et attendre encore.
« Ah, patience ! Tu me feras donc mourir ! » se disait-il
fréquemment. Et, pour tromper son ennui, il s’infligeait des pénitences.
Récitait des psaumes tout le long du jour, jeûnait s’il avait faim, veillait
s’il avait sommeil, s’exerçait au maniement des armes s’il était épuisé. En
tout, il contraignait son corps aussi souvent que possible.
    Quelquefois, il pâlissait et se mettait à trembler. On
s’inquiétait pour lui. Le bailli de son ordre lui imposait alors de se nourrir
et d’aller dormir. « Garde tes forces pour l’ennemi, beau doux
frère », lui disait-il avec sévérité. « Et sache qu’en toutes choses
tu dois te conformer à la règle, et à mon commandement. » Simon plantait
un regard résolu dans celui de son supérieur et répondait invariablement :
« Commandez-moi, beau doux sire, et j’obéirai. »
    Il se couchait, ravi de ressentir en lui une puissance
formidable : celle de la foi. S’efforçant de dompter l’excitation qui lui
tenait les yeux ouverts et gardait le sommeil éloigné, il s’endormait en
murmurant des Pater. Qu’elle était belle cette foi en lui, qu’elle était
forte !
    Il se remémorait les paroles de son premier maître, lors de
sa

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