Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
Morgennes. Qui a
brossé de ma personne un tel portrait ? Guillaume ?
    — Ah ah ah ! fit le moine en partant d’un rire
étonnant. Non, pas du tout, c’est votre ami Rufinus. À vrai dire, il
vous en veut énooormément !
    — Rufinus ! Mais que fait-il ici ? s’étonna
Morgennes.
    — Comment, vous ne savez pas ? On ne vous a rien
raconté ? Massada l’a rapporté. Ah, ça, j’avoue que c’est la plus belle
des reliques – avec Crucifère – qu’il ait jamais offerte en paiement
de ses soins… Au début, Rufinus ne me parlait pas beaucoup ; puis, quand
il s’est aperçu que j’avais bien connu son père, Héraclius la crapule, là il
s’est mis à l’ouvrir. Après, je ne pouvais plus l’arrêter. Il est maudit, vous
savez ? À cause de vous, m’a-t-il dit…
    — J’aimerais bien m’entretenir avec lui.
    — Bieeentôt ! Très bientôt !
    Il partit d’un nouvel éclat de rire, et invita d’un geste
large Guillaume et Morgennes à entrer dans une profonde galerie aux allures de
cathédrale. Des chandelles brûlaient à chaque pilier devant un miroir qui
renvoyait leur lumière en la multipliant. C’était un lieu si fantastique que
Morgennes se demanda quelle sorte de Dieu y était adoré.
    — Où voulez-vous aller ? demanda Yemba.
    — Dans un premier temps, répondit Guillaume, j’aimerais
le conduire à l’arbre. Ensuite nous irons à la mine. Que ses amis nous y
retrouvent, ils sortiront par le passage secret.
    — Entendu, fit le moine… Je m’en vais prévenir les
Moniales, afin qu’elles aillent chercher vos amis…
    Sur ce, Yemba se remit à mâchonner sa racine, et disparut
derrière un rideau ; ils entendirent son rire résonner pendant quelque
temps encore.
    Guillaume poursuivit sa route. Le tunnel semblait se
prolonger bien au-delà des murs du temple tels qu’on les voyait depuis
l’extérieur, s’enfonçant sous la surface du désert. Ils croisèrent d’autres
moines à la peau sombre, qui s’en allaient prier en marmonnant. Morgennes les
trouvait effrayants. Dans leur tenue foncée, ils ressemblaient à des fétiches.
L’un d’eux, qui portait une cruche et un pain, les frôla de si près que
Morgennes crut voir un démon.
    — Il lui apporte à manger, expliqua Guillaume…
    — À qui ?
    — À l’Emmurée…
    — Qui est-ce ?
    — C’est la plus vieille et la plus respectée des femmes
de l’oasis. Sa peau est si fripée qu’elle refuse de sortir de sa chambre.
D’ailleurs, elle a demandé à y être enfermée. On lui donne à manger par une
ouverture pratiquée dans le mur monté devant sa porte et par laquelle on
récupère le seau de ses humeurs. Parfois – de façon complètement
imprévisible – un oracle lui échappe…
    — Comme celui de l’âne, du cheval, de l’oiseau et du
chien…
    — Tout à fait, acquiesça Guillaume.
    — Mais je ne comprends pas : si l’âne et le cheval
sont Massada et Taqi, l’oiseau et le chien, Cassiopée et Yahyah, qui est le
mort ?
    — Vous, peut-être ? suggéra Guillaume.
    — C’est bien ce qui me fait peur.
    — Il peut également s’agir de Simon ou de Rufinus,
allez savoir… Ce n’est jamais qu’un symbole. Le mort, de toute façon, c’est
probablement le Christ, représenté par la Vraie Croix. Et vous n’êtes pas plus
le Christ que Massada n’est un âne, Taqi un cheval, Cassiopée un oiseau ou
Yahyah un chien…
    Morgennes sourit. Ils étaient arrivés à une porte si haute
qu’elle disparaissait dans la voussure du corridor.
    — Nous y voici, annonça Guillaume.
    D’une main, il poussa le battant droit, qui n’avait ni
loquet ni poignée.
    — Après vous.
     
    C’était une salle immense, illuminée par des centaines de
cierges brûlant sur de grands candélabres d’or. Elle était coiffée d’un dôme
percé d’une unique ouverture par où coulaient un rai de lune et un mince filet
d’eau. Les murs étaient couverts de mosaïques à demi mangées par le lierre.
    Le plus surprenant, c’était les trois longs câbles
métalliques qui descendaient du plafond et retenaient par la base et chacune
des extrémités de son patibulum une grande croix de bois. Elle pendait
au-dessus d’eux, presque à l’horizontale, à la façon d’un homme se jetant dans
le vide.
    Morgennes en fut abasourdi.
    Cette croix ressemblait en tous points à celle qu’ils
avaient récupérée à Hattin, si ce n’est qu’elle était entière, patibulum et poteau

Weitere Kostenlose Bücher