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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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petits pieds, glissés dans
des sandales, était étonnement lisse et brillante. « Combien d’enfants,
pensa Morgennes en réprimant un frisson, a-t-il fallu pour obtenir ce
résultat ? »
    — Allons, ajouta la reine, trouvant qu’il n’allait pas
assez vite.
    — Pardonnez-moi, Majesté, je connais mal vos usages…
    — Donne-moi le médaillon, ordonna-t-elle sur un ton
brusque.
    Morgennes eut un instant d’hésitation ; que la reine
perçut et sembla – contrairement à ce à quoi il s’attendait –
apprécier :
    — Tu y tiens donc ?
    — Il m’est plus précieux que…
    Mais il ne trouva pas de comparaison permettant d’expliquer
la valeur qu’avait ce bijou pour lui.
    — C’est une longue histoire, Majesté. Je crains que
nous n’ayons pas le temps.
    — Raconte-la-moi. Je t’interromprai…
    Morgennes lui raconta donc ses aventures, commençant par
Hattin, puis expliquant comment Fémie lui avait sauvé la vie en donnant –
malgré elle – ses bijoux pour le racheter, à Damas.
    — « Dis à mes sœurs que je regrette de les avoir
quittées » furent ses derniers mots, murmura Morgennes. Je n’avais pas
compris alors à qui s’adressaient ces paroles. Maintenant, je sais…
    — Fémie était la plus belle de nos sœurs, dit la reine.
Elle a quitté notre demeure pour s’en aller à l’aventure, avec ce
Massada – dont elle s’était inexplicablement éprise. Pourtant, elle
l’avait mis en garde – et ce qu’elle redoutait plus que tout arriva :
loin de cette oasis, sa beauté s’envola ; et avec elle l’amour de son
mari. Au fur et à mesure que les années – que les herbes dont elle se
nourrissait ici tenaient auparavant éloignées d’elle – la rattrapaient,
Massada se déprenait de Fémie ; ce qui la plongea dans un plus grand
malheur encore.
    — Elle aurait pu revenir, dit Morgennes.
    — Pour ajouter à sa souffrance ? Mais, bien sûr,
tu ne peux pas savoir ce que c’est que d’avoir été la plus belle d’une
communauté et d’y revenir la plus laide… Non, Fémie nous avait quittées pour
l’amour, et cet amour l’a perdue, comme il nous perd aujourd’hui…
    — Je suis désolé, murmura Morgennes.
    — Tu n’y es pour rien. Mais je tiens à ce que tu saches
ce que représente ce médaillon. Il est la beauté fanée de Fémie, il est sa vie
perdue, son amour impossible, sa malédiction. Notre perte.
    Morgennes posa la main sur son médaillon :
    — Le voulez-vous ?
    — Oui.
    Morgennes détacha délicatement le collier de son cou et le
déposa pieusement dans la main de la reine ; une paume parfaite, lisse
comme un œuf, douce comme une peau de bébé. D’une certaine façon, Fémie était
rentrée chez elle.
    — Porte-le à sa sœur, décréta Zénobie à l’une de ses
gardes, qui s’inclina, prit le collier et partit aussitôt.
    — Maintenant, reprit la reine, va rejoindre Guillaume.
Il t’attend. Ce que tu vas voir, conserves-en pour l’instant le secret. Nous
l’avons préservé pendant plus de cinq siècles. Un jour, tu voudras sans doute
le transmettre. Choisis bien alors à qui tu le confieras. Que Dieu te
garde ! conclut la reine.
    — Que Dieu vous garde aussi, murmura Morgennes.
    Puis il quitta la salle du palais semi-souterrain, dont les
colonnes et le style évoquaient une époque plus ancienne encore que la Grèce
antique.
     
    La nuit était douce, tiède, riche d’odeurs délicieuses qui
embaumaient l’air et donnaient à l’oasis des allures d’Olympe. La nature et la
ville s’y mêlaient en une molle étreinte. Les arbres et les pierres
s’enlaçaient étroitement ; la terre et l’eau faisaient de même –
mariant leurs frontières en des piscines au fond desquelles se voyaient des
peintures anciennes, de vieilles mosaïques. Souvent, l’entrée d’une grotte
était cachée par un arbre, dont les racines servaient d’escalier. Ailleurs, des
nénuphars dans une cuvette faisaient un bassin d’agrément, où folâtraient des
flamants blancs auxquels de délicates poteries tenaient lieu d’abreuvoirs. Çà
et là gambadaient quelques gazelles montées par des fillettes. Elles
soulevaient avec leurs sabots de fines étoiles d’eau, des comètes de sable. Une
chatte, sous un palmier, toilettait ses petits.
    — Quel endroit ! s’exclama Morgennes. On se
croirait dans une fable ! Tout y est si merveilleux…
    — C’est on ne peut plus vrai, dit Guillaume. La légende
veut que

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