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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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mer
pour calmer la tempête où se trouvait pris son navire. Ensuite, il semble que
les Vraies Croix se soient multipliées au fur et à mesure des besoins que les
peuples en avaient. On dit que Charlemagne en détenait une, avec laquelle on
l’enterra. L’empereur Othon III fit ouvrir le tombeau de Charlemagne pour
la lui prendre. Récemment, les Templiers reçurent un fragment de Vraie Croix,
en gage d’un prêt. Henri le Libéral en donna un morceau à la chapelle
Saint-Laurent de Provins. Alors, que croire ? Si l’on assemblait tous les
fragments de Vraie Croix qui se trouvent dans toutes les Sancta Crux du
monde, il y aurait de quoi crucifier mille Christ. Mais ce sont ces derniers
qui comptent. Et d’ailleurs, où les trouverait-on ?
    Cette remarque laissa Morgennes songeur.
    — Mais alors, je suis depuis le début à la recherche
d’un objet qui n’existe pas ?
    — Il existe, affirma Guillaume, parce que vous y avez cru.
C’est tout ce qui compte. Le reste, bah, qui peut savoir ? Peut-être
est-ce vous qui avez raison… Et moi tort. Peut-être sommes-nous tous les deux
dans le vrai. Qui sait ?
    — Où est la vérité ? J’ai besoin de savoir.
    — Qui s’en soucie ?
    — Moi. Je l’ai promis. Je me le suis promis, et je m’y
suis engagé auprès de mon ordre.
    — Mais vous avez réussi. Vous avez récupéré la Vraie
Croix, non ? Celle que Rome demande…
    — La Vraie Croix est ici.
    — Peut-être. Mais de celle-là, Rome ne voudra pas.
    — Il faudra les convaincre.
    — Vous n’y arriverez pas.
    — J’y arriverai.
    — C’est impossible. Trop compliqué, trop incertain.
    — Ah ! fit Morgennes. Pourquoi suis-je venu en cet
endroit ?
    — À cause de votre épée, non ?
    — Oui, bien sûr, mais pourquoi ici ?
    — Dieu l’a voulu !
    À ce moment-là, quelqu’un tambourina si violemment sur la
porte de l’arboretum qu’elle s’ouvrit à toute volée. Yemba, essoufflé, un sac
sur l’épaule, un bâton à la main et le visage en sueur, annonça :
    — Ils arrivent ! Ils arrivent !
    — Qui ça ? demanda Guillaume.
    — Les éléphants !

 
22.
    « Tels m’apparurent en
vision les chevaux et leurs cavaliers : ceux-ci portent des cuirasses de
feu, d’hyacinthe et de soufre ; quant aux chevaux, leur tête est comme
celle du lion, et leur bouche crache feu fumée et soufre. »
    (L’Apocalypse, IX, 17.)
     
    En soumettant ce qu’il prenait pour la Vraie Croix à
l’examen attentif d’Héraclius et de son fils Bernard – l’évêque de
Lydda –, Renaud de Châtillon ne s’attendait pas à pareil
commentaire :
    — Ce n’est pas elle, vous avez échoué ! vociféra
Héraclius, le patriarche de Jérusalem.
    Renaud, qui était assis dans une chaise roulante, entra dans
une colère noire. Il demanda des explications, clama que « ce n’était pas
possible », qu’il « le savait », qu’il « l’avait
senti » ! Enfin, que c’était bien elle, puisqu’il l’avait
prise !
    — Désolé, siffla Héraclius, mais mon fils et moi sommes
certains de ce que nous avançons. Le bois de cette croix est trop beau, trop
neuf, trop propre. On dirait une planche de cercueil. Autrement dit, il ne nous
est d’aucune utilité !
    D’un geste brusque, le patriarche de Jérusalem saisit le
bois desserti de sa gaine d’or et de perles, et le jeta au feu. Puis il quitta
d’une démarche pesante la chambre d’alchimie qu’il occupait en haut de la tour
de David, où flottait un drapeau noir orné d’une tête de mort. Bernard de Lydda
lui emboîta le pas, après avoir jeté un regard contrit à Renaud.
    Resté seul avec Wash el-Rafid et Gérard de Ridefort, le Loup
de Kérak leur dit qu’il s’occuperait personnellement de ceux qui lui avaient
joué ce tour pendable.
    — Ils se sont ri de moi ! Je rirai moi aussi en
les regardant hurler sur le bûcher ! Quant à Morgennes, j’aurais dû
m’occuper de lui moi-même, plutôt que de confier son sort à ce jeune imbécile
de Simon !
    — Peu importe la relique, dit Wash el-Rafid en sortant
du feu le bout de bois qui commençait à se consumer, pourvu que Sa Sainteté y
croie.
    Il jeta le contenu d’un hanap de vin sur le morceau de bois
à demi calciné pour éteindre les braises.
    — Le sang du Christ ! s’exclama-t-il au moment où
la croix se parait de fumée. Maintenant, replaçons-la dans son habit d’or et de
perles.
    — Pour quoi faire ? demanda

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