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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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nos
ennemis, les Sarrasins…
    À ce moment de sa dictée, le pape fut pris d’une quinte de
toux. Ayant repris sa respiration, il continua, à demi essoufflé :
    — En outre, nous ordonnons que soit levée dans toute la
chrétienté une dîme spéciale, appelée « sarrasine », dont les
bénéfices serviront à financer vos expéditions. À tous ceux qui prendront la
croix, nous promettons indulgence plénière et rémission des péchés. Leurs biens
seront, pendant le temps de leur absence, sous la sainte garde de l’Église de
saint Pierre. Enfin, nous ordonnons un jeûne tous les vendredis pendant cinq
ans, ainsi que l’abstinence de viande les mercredis et samedis… Mes très chers
fils, écoutez-nous, ne rejetez pas nos prières et ne fermez pas vos oreilles à
nos supplications ; car ainsi nous, Prince des Apôtres, ne vous fermerons
point l’entrée du Royaume des cieux.
    Quand l’évêque de Préneste eut fini de rédiger, le pape
déclara :
    — Scellez et cachetez avec notre sceau.
    Paolo Scolari s’apprêtait à faire couler sur la bulle papale
un peu de cire rouge afin d’y appliquer le sceau d’Urbain III, lorsque
celui-ci s’exclama :
    — Un instant ! Nous souhaitons marquer cet
événement d’une façon particulière. Ce que nous vivons actuellement met grand
désordre en le monde. Nous voulons que tous s’en aperçoivent en changeant la
couleur de notre sceau. Tant que la Sainte Croix ne sera pas reconquise nous
déclarons la papauté en deuil : notre sceau sera de couleur noire.
    L’évêque de Préneste prit donc un bâtonnet de cire noire, le
fit fondre sur l’enveloppe et y appliqua le sceau papal. Urbain III
commanda d’un geste à Scolari de remettre la bulle à Josias et dit à ce
dernier :
    — Ne l’ouvrez qu’en présence des rois de France et
d’Angleterre réunis. Barberousse, lui, partira sans faire de difficultés quand
il connaîtra nos ennuis. Dès qu’il aura appris, ce qui ne saurait tarder, que
la Sainte Croix a été prise, il voudra la récupérer pour lui, et – qui
sait ? – peut-être établir la capitale de son Empire à Jérusalem. À
vous, mes très chers fils, de faire en sorte que cela ne soit pas.
    Di Morra et Scolari hochèrent la tête, et quelques murmures
bruissèrent dans la pièce.
    — Très Saint-Père, intervint l’évêque de Préneste,
puis-je me permettre une suggestion : ne peut-on exercer de pressions sur
Henri II ou sur Philippe Auguste ?
    — À quoi pensez-vous ? demanda le pape.
    — À les excommunier…
    — Ce procédé a déjà été utilisé, sans autre résultat
que d’enfoncer ceux qu’il visait dans leur orgueil et leur haine de notre
personne. Même l’excommunication prononcée en 1139 au concile de Latran par
notre vénéré prédécesseur – paix à son âme – Innocent II à
l’encontre de l’arbalète n’a pas eu l’effet escompté, si ce n’est de remplir
nos caisses grâce à la vente d’exceptions… En outre, nous vous rappelons
qu’Henri II a menacé de se faire mahométan… Nous n’aimerions pas le
pousser plus avant dans cette direction.
    — Entendons-nous alors avec son fils, Richard Cœur de
Lion. Il est au mieux avec le roi de France et il ne devrait pas être trop
difficile de troquer son départ pour la Terre sainte contre le trône
d’Angleterre.
    — Envoyez lui de l’argent, aidez son frère – Jean
sans Terre – à combattre leur père. Enfin, voyez tout ce que vous pouvez
faire, dit le pape.
    Comme Josias s’était montré troublé durant cet échange,
Urbain III lui dit :
    — Le Ciel se gagne ici-bas, et c’est ici-bas qu’il nous
faut agir. D’ailleurs, n’oubliez pas que des rois ont perdu la Vraie Croix.
Nous sommes innocents de ce crime. Depuis le début, nous n’avons cessé de dire
que nous n’aimions pas la voir exposée ainsi au risque des armes. Pourtant, les
rois n’ont cessé de l’utiliser pour leur propre bénéfice, sans tenir compte des
périls encourus. Il n’y a pas si longtemps, peu avant la Noël de l’an de grâce
1182, Baudouin IV lui-même s’en est allé saccager la région de Damas,
emportant la Vraie Croix avec lui. Est-ce à cela qu’elle était destinée ?
    — L’archevêque de Tyr, Guillaume, mon maître, se
trouvait en compagnie du roi, répondit Josias. Il portait la Vraie Croix,
escorté de quelques-uns des meilleurs chevaliers du Temple et de l’Hôpital.
    — Vous savez, Josias, à quel

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