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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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s’écartèrent toutes rondes, et il dit
à Morgennes :
    — Mais tu vaux une fortune toi ! Puis, faisant
face à la foule, il demanda en bombant le torse : qui a dit ça ?
    — Nous ! répondit une voix puissante, mâtinée d’un
fort accent nordique.
    Deux hommes en manteau à capuche d’un blanc immaculé
fendirent la cohue et se hâtèrent d’un pas résolu dans la direction de
Morgennes. La foule attendait, rapportèrent les Mahométans, « immobile et
muette, comme si un oiseau était posé sur sa tête ». Parmi elle, quelques
hommes enturbannés de gris prirent position aux quatre coins de la place du
marché, passant entre les chevaux et les ânes, cherchant à se fondre dans
l’ombre des étals, des ballots et des couffes de riz. Quand il fut à deux pas
du marchand, le plus grand des hommes en manteau blanc lui mit dans la main une
lourde bourse de cuir, et décréta :
    — Cet homme est à nous !
    — Cent dinars ! s’exclama le Kurde, qui n’en
croyait pas ses yeux. Qui dit mieux ?
    L’homme en blanc l’attrapa par le col :
    — Je répète : cet homme nous appartient !
    Le manchot s’avança et cracha :
    — Pas si vite ! Qui vous permet de renchérir sur
notre offre ? Et d’abord, qui êtes-vous ?
    L’homme en blanc se tourna lentement vers le Maraykhât,
l’attrapa par le poignet et commença à lui tordre le bras.
    — Par le pouvoir de Dieu et de la Vierge Marie
toute-puissante, si tu veux garder ton dernier bras, tu ferais bien de
m’écouter ! Je viens ici pour acheter un homme qui nous revient de
droit !
    Il releva son capuchon, révélant une tonsure d’un blond presque
blanc et une barbe fournie. Une hideuse marque en forme de croix, faite au fer
rouge, ornait son front. Il regarda la foule sans sourciller. Un sourire cruel
dévoila ses canines. On le sentait fier de son exploit : s’introduire au
beau milieu de l’une des plus grandes villes de l’empire de Saladin.
    — Les Templiers ! s’exclama le manchot. Vous
n’avez pas le droit d’être ici ! Nous allons vous étriper !
    — Nous sommes venus en paix, pour commercer avec
vous ! Vous devez nous laisser tranquilles tant que nous ne sortons pas
les armes !
    Morgennes frémit : il avait reconnu Kunar Sell,
redoutable moine guerrier d’origine danoise. Celui-ci avait tué plus de
Mahométans qu’aucun de ses frères, et montrait à le faire une hargne et un
plaisir sans pareils. Pour une raison que Morgennes ne s’expliquait pas, ce fou
s’était fait tatouer une croix sur le front et avait retiré de ses vêtements la
croix rouge des Templiers.
    Morgennes se cramponna de plus belle à Massada :
    — Achète-moi ! Achète-moi !
    Massada, redoutant que les Templiers ne s’intéressent à lui
de plus près, tenta de repousser Morgennes ; mais il fallut l’intervention
du marchand d’esclaves pour l’éloigner de lui.
    — Va donc auprès de tes futurs nouveaux maîtres !
ordonna le Kurde.
    Il tira Morgennes vers l’arrière, si violemment que le
vêtement de Massada se déchira. Celui-ci chercha à cacher son bras nu, mais
trop tard :
    — Je peux te sauver ! cria Morgennes, qui avait
tout vu. Fais-moi confiance, tu ne le regretteras pas !
    — Tu le jures ? demanda Massada, d’une voix
tremblante.
    — Sur les trois Livres saints, je t’en donne ma
parole !
    Massada, enveloppant son bras dans le carré de soie noire
qu’il avait ramassé sur la route, demanda au marchand d’un ton résolu :
    — Combien ?
    Bien conscient qu’il ne retrouverait jamais pareille
aubaine, le Kurde prit une profonde inspiration, et lança, comme par
défi :
    — Mille dinars !
    C’était plus qu’il n’avait gagné depuis la victoire de
Hattin.
    — Paie-le, dit Massada à Fémie.
    — Nous n’avons pas assez…, murmura Fémie.
    Voyant les Templiers sortir de nouvelles bourses de sous
leur cape, Massada interpella le marchand d’esclaves :
    — Approche ! Combien pour tous tes esclaves ?
    — Quoi ? Tu veux dire, toute ma marchandise ?
    — Oui.
    Le commerçant se retourna, compta une quarantaine de moribonds,
en plus de Morgennes. D’ailleurs, hormis ce dernier, le reste ne valait rien et
l’encombrait plus qu’autre chose. Il risqua tout de même :
    — Mille cinq cents dinars.
    — Allons, renifla Massada, fais un effort. La plupart
de ces hommes ne tiendront pas deux jours.
    — Mille trois cents.
    — J’ai une proposition à te faire, et ce

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