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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pencher et de
m'embrasser sur les lèvres.
    Elle prit mon
visage entre ses mains, le serra avec douceur et plongea son regard dans le
mien.
    — Mathilde,
je vous ai toujours considérée comme mon alter ego, mon âme, ma confidente.
Vous souvenez-vous de ce qu'on enseignait aux écoles ? Si une hypothèse
est en partie vraie, il est alors possible qu'elle le soit dans tous ses
aspects. Bon, nous allons en faire l'expérience.
    Elle m'ordonna
de faire venir Demontaigu et Ap Ythel dans sa chambre. Quand ils furent là,
elle leur fit jurer le secret. Ap Ythel éleva des objections, observant que son
premier devoir était envers le souverain. Isabelle le contredit.
    — Non,
messire, votre premier devoir est envers la Couronne, et j'en fais partie. Si
ce que je dis est bien la vérité, alors le roi en sera fort aise. Vous devez
fouiller le manoir de Bourgogne de la cave au grenier, chaque coin, chaque
recoin. Relevez tout ce qui n'est pas à sa place, pas seulement une arme cachée
ou un verrou détérioré sur une porte, mais tout ce qui se trouve là où ce ne
devrait pas être. Puis revenez m'en rendre compte.
    Quand elle les
eut congédiés, elle envoya un page quérir l'intendant des travaux du roi, le
clerc responsable de l'entretien des latrines et des fosses d'aisances. Il
arriva, fort inquiet, et se jeta tout de suite à genoux. Isabelle lui affirma
que tout allait bien.
    — J'ai une
question à vous poser, messire. N'en soufflez mot, pas plus que de votre
réponse, jusqu'à ce que je parle à mon époux.
    L'homme déglutit
avec peine et acquiesça avec ardeur.
    — Qu'est-ce
qui a bouché les latrines et les égouts ?
    Il haussa les
épaules et eut un geste d'ignorance.
    — Madame,
vous savez à quel point les caniveaux sont étroits et s'engorgent sans mal. Ce
qui s'y trouve est en décomposition, mais forme une masse suffisante pour
provoquer un blocage.
    — Et ?
s'enquit Isabelle, impérieuse. Qu'avez-vous trouvé ? Messire, je ne veux
pas une description détaillée de ce que vous avez retiré des égouts et des
fosses ; dites uniquement ce qui a causé cet engorgement et la raison des
odeurs infectes dans ce palais.
    — C'est
bien simple, Votre Grâce, répondit-il sans hésiter. Des tissus, de la laine
grossière, du fil d'acier, du parchemin durci...
    — Cependant,
intervins-je, il est certainement rare que tant de caniveaux et de latrines se
bouchent au même moment, sauf s'ils donnent dans un même puits ?
    — C'est
vrai, cela m'a étonné que différentes chiouères s'obstruent en même temps, mais
encore une fois, cela peut arriver, grommela le clerc. Les pages, les écuyers,
les servantes...
    Il me sourit
avec nervosité.
    — ...
peuvent le faire exprès. À présent, elles sont écurées, l'eau y coule et les
nettoie sans encombre.
    Ma maîtresse le
remercia et le renvoya. Quand nous fûmes seules, elle me demanda de l'aider à
se déshabiller. Puis, vêtue seulement de son vêtement de nuit, ses longs
cheveux lui tombant dans le dos, elle se tint debout sur le tapis turc au
centre de sa chambre. Les traits tirés, elle avait l'air plus âgée. Sa façon de
lancer sans cesse des coups d'œil à droite et à gauche trahissait son
agitation, son trouble devant ce qu'elle devait faire.
    Mathilde,
regagnez votre chambre. Je désire être seule.
    Je m'inclinai et
sortis. Je rendis bien entendu visite à Guido, qui à présent ne gardait plus le
lit. Il était habillé, rasé, et avait huilé et frisé sa chevelure. Il
m'expliqua que la reine douairière et ses enfants avaient regagné leurs
appartements dans le Vieux Palais. Je lui demandai des nouvelles d'Agnès. Il
leva les yeux au ciel.
    — Ma
maîtresse l'a envoyée en commission chez Marigny. C'était hier soir et elle
n'est point revenue. Pourquoi cette question, Mathilde ?
    Je répondis que
je désirais lui parler, le remerciai et m'en fus. Il me cria qu'il espérait
bien me rendre visite puisqu'il rejoindrait bientôt la reine douairière. Je
regagnai ma chambre, fermai et verrouillai l'huis, préparai mon écritoire et
commençai à noter mes pensées, cette fois de façon plus cohérente, sous une
forme logique, comme un peritus dans la chancellerie rédigeant un acte
d'accusation.
    Demontaigu et
moi étions rentrés à Westminster comme les cloches sonnaient l'angélus. Il
était donc tard dans l'après-midi lorsqu'un page m'invita à aller retrouver ma
maîtresse chez elle. Elle semblait plus calme, plus

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