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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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L'amitié
qu'il porte à Agnès s'explique, voyez-vous, parce qu'il l'emploie pour
espionner son épouse, la comtesse Marguerite, bien qu'elle soit, soupira
Isabelle, si niaise qu'elle remarquerait à peine quelque chose de bizarre. Mon
époux quittera sous peu le manoir de Bourgogne, continua-t-elle, et partira
loin de Londres. Lui et Gaveston iront sans doute s'abriter derrière les murs
du château de Windsor, où il sera plus facile à Édouard de convoquer les
troupes des comtés. Il est toujours décidé à déclarer la guerre. Gaveston a
déjà envoyé des messages secrets à Lincoln et à Pembroke et les a soudoyés. On
fait bon usage du trésor de Langton. Les deux barons seront admis ce soir au
manoir de Bourgogne pour un entretien discret avec le favori.
    Isabelle se mordit
les lèvres.
    — J'en
profiterai pour retourner près de mon époux. Il faut que je l'instruise sur ses
devoirs envers moi et sur la façon de gouverner ce pays.
    Elle se pencha
et me caressa la joue.
    — Mathilde,
vous avez bien travaillé, mais, comme dans toute chasse, je dois assister à la
mise à mort. Souvenez-vous-en ! Priez et préparez-vous à ce que demain
notre hôte forcé avoue la vérité. Tout délai supplémentaire ne ferait
qu'alerter l'ennemi. Les heures passent ; les rumeurs ne vont pas tarder.
    Cette nuit-là,
je dormis peu. Le silence des ténèbres, rompu parfois par les lointains chants
montant de l'abbaye, par le carillon des cloches ou les appels des hommes de
garde et des guetteurs, enveloppait le palais. Je me demandais si la vigilance
du monarque et le déploiement des troupes alarmeraient notre ennemi, mais, là
encore, ces alertes n'étaient pas rares. Néanmoins, le temps était un facteur
essentiel. Nous devions frapper fort, et aussi vite que possible. Je repris mes
notes jusqu'à ce que, agitée, je me mette à errer dans les galeries et les
couloirs comme un fantôme. L'orage annoncé remontait la Tamise, cachant la lune
et les étoiles. De grands éclairs illuminaient les galeries ombreuses, donnant
vie aux grotesques têtes de babouin et de gargouille sculptées sur les corbeaux
et les linteaux. Je m'arrêtai et fermai les yeux en réprimant un frisson. Par
une nuit semblable, dans ces caves infernales, on aurait jeté des torches,
provoquant l'incendie qui aurait mis fin à tout cela. Je regagnai ma chambre en
hâte, fermai la porte et tirai les verrous. Je poursuivis mes réflexions, puis
je m'endormis et me réveillai en entendant tambouriner à l'huis. Demontaigu et
Ap Ythel étaient de retour. Ils étaient tous les deux en demi-armure,
ceinturons autour de la taille, capuchons et chapes ruisselant de pluie.
Bertrand esquissa un salut moqueur.
    — Mathilde,
ma dame, votre invité est arrivé.
    Ils
m'escortèrent dans les couloirs. Je regardai par une fenêtre. La lumière grise
de l'aube révélait que l'orage s'était éloigné et les nuages se dissipaient.
Ils me conduisirent dans les caves et dans une petite pièce adjacente utilisée
par les clercs chargés des réserves. Elle était protégée par une lourde porte
de chêne pourvue de verrous et d'une serrure. Le mur de brique rouge était
percé d'une grille placée en hauteur pour permettre à la lumière et à l'air
d'entrer. Langton, bouillant de rage, était assis sur une saillie, sous la
grille. Il était emmitouflé dans une épaisse cape, mains et pieds enchaînés. Il
allait injurier Ap Ythel, mais quand le Gallois posa la lanterne de corne,
Langton me vit et sourit, en retenant sa respiration de telle façon que ses
narines palpitèrent. Il s'affala contre la paroi.
    — La cause
de ma perte, murmura-t-il, après qu'Ap Ythel et Demontaigu eurent claqué la
porte derrière eux.
    Il leva ses
mains entravées et me menaça du doigt.
    — C'est
vous, Mathilde, qui êtes ma grande faiblesse. J'ai peu d'estime pour les femmes
et cela a entraîné ma ruine. Je l'ai compris dès que vous fûtes partie. J'ai
compris pourquoi vous étiez venue examiner ma jambe et aviez fait allusion au
Nouveau Temple et à maître Highill. Très adroit ! Et on m'avait prévenu à
votre sujet, Mathilde ! On m'avait bien prévenu. Bon, l'orgueil porte en
lui la chute. L'arrogance est un péché.
    Il battit sa
coulpe avec dérision.
    — Je
confesse, je confesse, peccavi, peccavi  — j'ai péché, j'ai
péché.
    Debout devant
lui, je le dominais de toute ma taille pour lui prouver que je n'avais pas
peur.
    — Monseigneur,
je voudrais vous

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