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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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attaque secrète
contre le roi et Gaveston au manoir de Bourgogne, vous serviriez-vous
d'arbalètes aussi lourdes ?
    — Non,
rétorqua-t-il sans hésiter, elles sont pesantes, difficiles à porter et lentes à
charger. Que voulez-vous dire, Mathilde ?
    — On
voulait que je les trouve.
    Je lui parlai de
l'ombre que j'avais aperçue à la fenêtre.
    — Le
monarque s'abrite derrière les murs du manoir de Bourgogne. Il se croit en
sécurité. Nous savons que nombreux sont ceux qui lui veulent grand mal, à lui
ou à messire Gaveston. Alors que faisons-nous ? Nous pensons que l'assaut
viendra de l'extérieur du manoir de Bourgogne. Nous nous attendons à ce que des
armes soient cachées afin que de discrets assassins se glissent par-dessus les
murs, les prennent et s'en servent pour attaquer. Or ce n'est pas cela qui
arrivera. Nous cherchons l'ennemi hors les murs alors qu'il...
    — ... est
déjà à l'intérieur ?
    — Exactement !
répliquai-je. L'ennemi est déjà dans les murs, mais qui est-ce et où se
cache-t-il ? Je l'ignore. Il serait grand temps de retourner à
Westminster.

 
     
     
     
     
    CHAPITRE
XIII
     
     
     
    « C'est ainsi que
les barons, épuisés par le désordre
    qu'ils avaient
entretenu et les dépenses qu'ils avaient
    supportées, s'en
retournèrent chez eux. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    Je me souviens
de cette chevauchée de retour. Le ciel s'était couvert. Les cloches
carillonnaient pour éloigner la foudre et le tonnerre menaçants. Le commerce
battait son plein. Les échoppes étaient ouvertes et les étals déployés.
Porteurs d'eau, vendeurs de bière, marchandes de beurre et d'herbes proposaient
leurs produits. Étameurs et colporteurs nous accostaient en quête de clientèle.
Un dizainier rougeaud, plein de son importance, déambulait en proclamant à la
ronde la récente ordonnance interdisant l'usage de chaume, de paille ou de
roseaux dans les maisons ou les tavernes, matériaux inflammables qui brûlaient
facilement. Nous continuâmes notre chemin vers Westminster en suivant la route
sinueuse qui menait aux Écuries royales, passant devant la croix délicatement
ouvrée de la reine Éléonore, longeant King's Street et empruntant la Voie
royale. La foule s'activait ; les gens allaient et venaient vers le palais
et l'abbaye. La simple cohue, les clameurs et le chaos nous obligeaient à nous
arrêter de temps en temps. Une file de frères lais de l'abbaye y ramenait les
cadavres de trois mendiants morts de froid dans les prairies voisines. On avait
aussi donné l'alerte. Criant « Haro ! Haro ! », des
passants, pourvus de tout ce qui pouvait leur servir d'arme, pourchassaient
deux fugitifs qui avaient dévalisé une échoppe près de Clowson Stream. Alors
que nous tournions dans Seething Lane, un groupe de baillis de Newgate, qui
avait acculé un félon en fuite caché dans des ruines, l'en avait délogé pour
lui appliquer sur-le-champ la sentence de mort. Ils l'avaient forcé à
s'agenouiller, lui avaient mis la tête sur un billot et un des baillis, muni
d'une hache à double tranchant, s'acharnait à lui couper le cou. Je me
détournai. Demontaigu récita à voix basse le Miserere . Cette scène me
troubla l'esprit, déjà fourmillant d'images, de spectacles et de souvenirs. Je
m'étais concentrée sur une seule piste, ignorant toute autre preuve jusqu'à ce
que je lise les mots gravés sur le mur de la chambre de John Highill.
    Une fois à
Westminster, je priai Bertrand de m'accompagner au manoir de Bourgogne et
demandai sans attendre à voir Isabelle. Elle recevait les principaux échevins
de la cité, superbes dans leurs robes écarlates. Je ne pus la voir seule
qu'après leur départ. Demontaigu patienta dans le couloir. Isabelle
resplendissait, vêtue de drap d'or, ses beaux cheveux dissimulés sous un voile
blanc maintenu par un bandeau vert. Elle me jeta un regard étrange alors que je
m'agenouillais devant elle comme un pénitent espérant l'absolution. Je joignis
les mains, les posai dans son giron et levai les yeux vers elle. Mon discours
fut d'abord hésitant, mais je ne tardai pas à prendre de l'assurance. Je lui
exposai tous mes soupçons et ce qu'il fallait faire. Elle m'interrompait
parfois d'un geste de ses doigts chargés de bagues, me posait une question,
puis me priait de continuer. Quand j'eus terminé, elle me dévisagea et hocha la
tête avec incrédulité.
    — C'est
impossible, et pourtant probable, chuchota-t-elle avant de se

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