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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Downgate. Au-dessus de nous s'élevait la masse
lugubre du Pont de Londres dont les rambardes s'ornaient des têtes des chefs
écossais, pendus puis écartelés à St Paul ou à Smithfield. Conservées dans du
vinaigre ou de la saumure, elles étaient exhibées en guise d'avertissement aux
autres rebelles. Les arches du Pont béaient comme la gueule profonde d'une
grosse bête. L'eau déferlait plus vite, houleuse et furieuse entre les piliers.
Le capitaine de la barge cria ses ordres. Une dernière traction, puis les rames
se levèrent et nous piquâmes comme une flèche dans les ténèbres humides.
Immobile et tendue, je n'ouvris les yeux que lorsque nous pénétrâmes dans des
eaux plus calmes et que je pus apercevoir les murs menaçants, les tourelles et
le corps de garde de la Tour.
    Nous accostâmes
à un quai peu attrayant avant de passer sous la massive porte du Lion, sur des
ponts-levis jetés sur une douve malodorante et sous la Barbacane, d'où
s'élevait l'odeur forte des animaux de la ménagerie royale. L'enceinte close et
resserrée, aux murs aveugles et aux allées pavées, était sous l'étroite
surveillance des troupes du souverain qui gardaient créneaux, tours et portes
et qui nous arrêtèrent à plusieurs reprises alors que nous nous enfoncions plus
avant. Nous franchîmes la cour extérieure, grouillante de soldats qui sortaient
et préparaient les grandes machines de guerre, catapultes et trébuchets, signe
infaillible de temps troublés. À l'entrée de la cour intérieure nous
rencontrâmes Sir John de Cromwell, le gouverneur au visage clair que la
l'inquiétait, il impénétrable. Il avait revêtu une demi-armure et, s'il était
clair que la crise à Westminster l'inquiétait, il était trop fin politique pour
poser des questions. Il était officier du roi et il nous dit sans mâcher ses
mots qu'il avait pour mission de s'assurer que la Tour resterait loyale à la
Couronne. Il nous fit traverser la pelouse détrempée où d'énormes corbeaux et
des corneilles mantelées picoraient le sol de leur bec jaune acéré, et nous
conduisit dans le donjon normand carré.
    La chambre de
Langton, une vaste cellule sombre précédée d'un petit vestibule, jouxtait la
chapelle dédiée à saint Jean l'Évangéliste. La pièce, bien meublée, était
éclairée par des fenêtres lancéolées. Certaines étaient closes, d'autres
tendues de corne amincie. Des tapis de Turquie réchauffaient le sol et de
grands tableaux pendus à des crochets égayaient la sévérité des murs. L'un
d'entre eux retint particulièrement mon attention. C'était La Parade des Sept
Péchés capitaux conduite par l'Orgueil : un évêque majestueux s'admirait
dans un miroir que lui présentait un démon cornu à la face grotesque. Je
m'interrogeai : Gaveston avait-il insisté pour qu'on le place près du lit
de l'ecclésiastique ? Langton, quant à lui, ne semblait ébranlé ni par sa
captivité ni par son environnement.
    La chaleur était
suffocante. Un feu flamboyait dans l'âtre ; des braseros et des poêlons à
charbon crépitaient et pétillaient. Langton, étendu sur la large couche,
portait une simple tunique, un épais manteau fourré sur les épaules, mais il
était déjà jambes et pieds nus. Il avait hâte d'être soigné. Guido et moi
examinâmes sans plus tarder l'ulcère rouge et enflammé. La plaie ouverte
semblait propre et l'infection légère. Je recommandai qu'on la lave avec du sel
et du vin, puis qu'on la soigne avec du lierre rampant écrasé ou du lierre
terrestre ainsi que de la mousse réduite en poudre mélangée à des flocons de
lait séché. Guido, à ma grande surprise, car les médecins s'y prêtent peu
souvent, offrit de préparer la recette et pria Cromwell, qui attendait,
d'apporter les ingrédients nécessaires des réserves de la Tour. Je reculai et
dévisageai Langton. De forte carrure, rougeaud, les yeux protubérants, une
bouche de poisson, il était ventripotent, avait de grosses cuisses et des bras
courts et musclés. J'avais du mal à l'imaginer en vêtements sacerdotaux. Mais,
malgré sa corpulence, il était vif et agile. Il se retourna et me scruta avec
attention. C'était l'examen d'un esprit pénétrant et tortueux et je perçus
toute la ruse de son âme.
    — Vous
devez être, dit-il en grattant ses cheveux gris clairsemés, la petite ombre de
la reine Isabelle.
    Sa déclaration
prouvait qu'il était fort au fait de ce qui se passait à la Cour.
    — Veuillez
transmettre mes

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