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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bien ce qu'il
faisait, l'habile homme ! Les Écritures ont raison de dire : « Ne
juge pas et tu ne seras pas jugé. » Moi, je dis : « Juge et tu seras
vraiment surpris ! » Ce jour-là, Guido me regarda, me fit un clin
d'œil, et quand sa maîtresse s'interrompit dans sa description de la rose
mystique de Glastonbury, il s'empressa de prendre la parole.
    — Je
connais une histoire plus étonnante encore, déclara-t-il, celle d'un pays
peuplé d'hommes-poissons qui vivent dans la saumure. C'est une race très
agressive à la tête d'anguille et au front proéminent, qui se nourrit de viande
crue. Elle a pour adversaire des hermines-tritons au thorax humain et à l'abdomen
de belette...
    La porte
s'ouvrit soudain. Édouard et Gaveston, emmitouflés dans d'épaisses chapes,
capuchon fourré rabattu, cheveux mouillés par la pluie, entrèrent à grands pas.
Ils se précipitèrent vers la cheminée. Ils étaient suivis de Hugh de Spencer de
Glamorgan, un curieux individu au front dégarni et aux cheveux attachés en une
queue sur la nuque, au visage rubicond non rasé. Il lançait alentour des
regards furieux de ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites et un
rictus querelleur plissait ses lèvres comme s'il s'attendait à en découdre
partout avec les ennemis du souverain. Le vieux Spencer ! J'étais là
quand, devant Bristol, on découpa son corps en morceaux pour en nourrir les
chiens affamés. Thomas, comte de Lancastre, cousin du roi, venait ensuite,
silencieux comme une ombre, les traits tirés et tendus sous sa chevelure
ébouriffée. Quand on conduisit Lancastre au supplice, les enfants lui jetèrent
des boules de neige. Mais tout cela n'arriva que bien plus tard. J'ai promis de
raconter l'histoire telle qu'elle s'est déroulée du début à la fin. Je suppose
que c'est alors que tout a commencé, quand le roi a pénétré dans cette salle.
Nous nous levâmes pour l'accueillir. Il déboucla sa chape, la laissa tomber par
terre et présenta son arrière-train au feu.
    — Le cul
royal, énonça-t-il en s'inclinant devant Ses deux reines, est tout aussi gelé
que le cœur d'un évêque !
    Gaveston se
dirigea en silence vers le tabouret inoccupé qui se trouvait près de son
épouse, son beau visage auréolé de ce sourire communicatif si particulier. Les
cheveux bien coupés, la figure huilée, la mine sensible, il était vraiment
beau. Tous ses gestes étaient gracieux. Lui aussi salua les deux reines et,
avec espièglerie, m'envoya de loin un baiser avant de saisir les doigts de sa
femme dans leurs mitaines de soie et de les porter à ses lèvres tout en lui
tapotant la cuisse avec affection. Agnès, Guido et moi voulûmes sur-le-champ
quitter le cercle mais Édouard, sans cesser de se frotter le séant, nous fit un
signe impérieux.
    — Non, non,
Mathilde, Guido ! Mesdames...
    Il fit derechef
un salut aux deux reines qui ne le quittaient pas des yeux. Je surpris le
regard d'adoration et d'étonnement que Marguerite lui adressait, comme si elle
était tout à fait déconcertée par son royal beau-fils. Ce dernier renifla
bruyamment.
    — Guido,
Mathilde, j'ai besoin de vous. Langton est à la Tour : il a une plaie à la
jambe. Il ne fait pas confiance aux médecins et vous a, une fois encore,
réclamé, maître Guido. J'ai accepté, mais, continua-t-il, l'œil droit presque
fermé, pour montrer à quel point je me soucie de sa santé, Mathilde s'occupera
aussi de lui. Ainsi, Lord Walter Langton, évêque de Coventry et Lichfield, ne
pourra s'aller plaindre auprès des autres évêques d'avoir été maltraité.
    Quelques
instants plus tard, Guido, Bertrand Demontaigu et moi, nous quittâmes King's
Steps dans une barge royale manœuvrée par huit rameurs en livrée. Debout à la
proue, un page tenait une lanterne de corne et soufflait à pleins poumons dans
une trompette pour que les autres embarcations s'écartent. Nous étions assis à
la poupe sous un dais frappé aux armes du souverain. Au-dessus de nos têtes un
pennon bleu, écarlate et or, faisant savoir à tous que ce bateau naviguait pour
le roi, claquait dans le vent. Demontaigu s'était enroulé dans sa cape. Il se
tenait à distance, comme s'il n'était pas directement concerné, se faisant
passer pour clerc de la maison du roi et se comportant comme s'il était furieux
d'avoir été tiré de la confortable pièce de la chancellerie pour accomplir ce
trajet glacial sur la Tamise embrumée. Il s'était muni d'une épée et

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