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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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loyales salutations et tous mes vœux à votre maîtresse, ma
petite.
    Je n'y manquerai
point, répondis-je. Et de même je vous transmets les siens et les miens.
Langton me regarda, rejeta la tête en arrière et partit d'un éclat de rire
rauque. Puis il écarta les bras et tapota la courtepointe de ses grosses mains.
    — Parfait,
parfait, gloussa-t-il. Bon, laissez donc maître Guido faire son travail, bien
que j'apprécierais autant, ajouta-t-il avec un regard concupiscent, votre doux
toucher.
    — Les mains
de maître Guido sont tout aussi douces.
    Je m'inclinai et
laissai Guido à ses soins. Des serviteurs arrivèrent avec un mortier, un pilon,
une cuvette d'eau chaude et des fioles de poudre prises dans les dépôts de la
Tour. Guido m'écarta avec diplomatie.
    Mgr l'évêque
croit en l'ordre naturel des choses, Mathilde. Vous êtes jeune et femme.
    — S'il le
souhaite, chuchotai-je, je peux aller à Londres m'assurer les services d'un
physicien de soixante ans qui pourrait lui prescrire de l'oleum catællorum.
    Mon compagnon me
jeta un coup d'œil perplexe.
    — Des chats
vivants bouillis dans de l'huile d'olive, expliquai-je. Cela ne le guérira
point, le tuera même peut-être, mais son honneur sera sauf. Guido s'étrangla de
rire. Je lui donnai une petite tape sur l'épaule et sortis de l'antichambre. En
entrant, j'avais remarqué le clerc encapuchonné qui était penché sur la table
de la chancellerie. À la lumière de chandelles à calotte, il était toujours
absorbé dans la lecture de quelque manuscrit. Demontaigu avait déposé son
ceinturon sur un tabouret tout proche et s'était, semble-t-il, rendu à la
chapelle Saint-Jean. De la chambre, derrière moi, Langton appela Guido d'une
voix tonitruante. J'étais sur le point de rejoindre Demontaigu quand la
silhouette encapuchonnée se retourna d'un coup. Un visage hâve pointa sous la
capuche. Un nez incurvé comme une faux surplombait des yeux profondément
enfoncés et des traits osseux.
    — Madame,
dit l'homme sans presque remuer les lèvres, je crois comprendre que vous
appartenez à la maison du roi. Il faut que je retourne en votre compagnie.
    Les mots
tenaient davantage du sifflement que du chuchotement.
    — Il le
faut, messire ? m'étonnai-je en me rapprochant, consciente que ma voix
résonnait. Pourquoi cette nécessité ?
    — Je
m'appelle Chapeleys. Je suis clerc, bredouilla-t-il.
    Il lança un bref
regard vers la porte et pencha la tête en entendant le beuglement de Langton.
    — Je suis
son clerc mais ne suis pas prisonnier céans. Je dois voir le roi. J'ai des
informations.
    J'indiquai
l'autre porte. Il sortit après moi et me suivit dans le sombre réduit.
    — Pourquoi ?
demandai-je. Pourquoi maintenant ?
    — C'est
pressant, insista Chapeleys.
    Il s'approcha si
près que je sentis l'odeur de sa peur.
    — Je ne
suis pas captif ici, répéta-t-il. Je peux aller et venir à ma guise. Je dois
voir le roi.
    Je tournai les
yeux vers la porte entrouverte. La lueur de la chandelle semblait nous avoir
accompagnés. Je pris avec intensité conscience de la pierre grise massive, du
sentiment de vide et de creux que provoquait cet endroit redoutable. Chapeleys
avait sans doute écouté ma conversation avec Langton et décidé de saisir
l'occasion. L'évêque étant l'ennemi du monarque, il était, par là même, le
mien. Je regardai la figure émaciée de Chapeleys.
    — Pourquoi
êtes-vous si effrayé ?
    — J'ai des
renseignements, rétorqua-t-il. Il faut que j'en fasse part à Sa Grâce.
    Je désignai
l'escalier.
    — Si vous
êtes libre de partir, messire, alors partez. Allez quérir votre cape. Avez-vous
de l'argent ?
    Chapeleys
répondit qu'il en était pourvu.
    — Rendez-vous
au palais de Westminster sans être vu de quiconque. Connaissez-vous la chapelle
St Benedict dans le Vieux Palais ?
    Il acquiesça.
    — Tenez-vous
près de l'autel de Notre-Dame, insistai-je. Je vous y retrouverai dès mon
retour.
    Chapeleys se
précipita et quelques instants plus tard, emmitouflé et encapuchonné, ressortit
en hâte. J'aperçus, à sa taille, la dague enfoncée dans sa gaine et le petit
sac en cuir de la chancellerie qu'il prit avant de s'éclipser par l'escalier de
pierre. Je tendis l'oreille. Langton vociférait toujours à l'encontre de Guido.
Je pénétrai dans la chapelle Saint-Jean, éclairée par une forêt de cierges
allumés autour de la statue de l'Évangéliste. Leur lumière dansante illuminait
une lugubre

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