Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
s'il a
commis une erreur, pourquoi alors ne s'est-il pas débattu ?
    Il s'interrompit
en entendant frapper à l'huis. Le gardien des morts entra en traînant les
pieds.
    — S'il
s'est donné la mort, dit-il à voix basse en montrant le cadavre à présent
enveloppé dans son linceul, on ne peut l'inhumer en terre consacrée.
    Demontaigu prit
les pièces placées sur la table. Il les glissa dans les mains du frère lai et
déposa les maigres biens du clerc à ses pieds.
    — Allons,
mon frère, si personne ne réclame le corps, ce qui ne m'étonnerait point, tout
ceci est à vous. Pourquoi jeter le trouble ?
    — Comment
est-il mort ? s'enquit le bonhomme.
    — Je
l'ignore, mon frère. Et c'est la pure vérité, insistai-je.
    — Quand
est-il mort ?
    Je regardai la
dépouille. La chair était glacée mais les membres encore souples. Le froid
avait drainé toutes les humeurs chaudes. La question du gardien était
pertinente. Chapeleys avait-il été occis avant ou pendant le banquet ? Un
convive s'était-il glissé dehors pour perpétrer cet acte terrifiant ?
Mais, si c'était le cas, comment s'y était-on pris ? Je hochai la tête.
    — Je suis
incapable de vous répondre, mon frère.
    Nous allions
partir quand du bruit éclata dehors. La porte s'ouvrit d'un coup et un Berenger
courroucé fit irruption dans la chapelle. Il était suivi de serviteurs qui
portaient un autre cadavre dissimulé sous une cape. Le gardien, claquant de la
langue devant cette nouvelle charge de travail, se hâta de diriger les porteurs
vers une table disponible. Une femme aux cheveux gris, qui sanglotait sans
pouvoir se maîtriser, arriva. D'autres personnes entrèrent, conduites par un
jouvenceau à l'air terrifié dont le pâle visage boutonneux luisait de sueur. Il
jurait ses grands dieux de son innocence. Pendant que le gardien consolait la
femme en pleurs, Berenger cria pour réclamer le silence. Quelque chose chez la
femme éperdue me serra le cœur : elle me rappelait ma propre mère. Je
m'avançai, repoussai la chape et contemplai le corps d'une jouvencelle vêtue
d'une robe verte décolorée. Ses longs cheveux châtain-roux lui cachaient la
figure et sa tête était un peu inclinée de côté. Je rejetai la chevelure en
arrière et contemplai l'horreur : autrefois avenant, son visage avait pris
la même teinte livide que celui de Chapeleys. Il était marbré et légèrement
enflé, les yeux exorbités, la langue pendante à cause du garrot étranglant sa
douce gorge blanche. Je tirai mon poignard et coupai la corde. Le cadavre
tressaillit en laissant échapper l'air, ce qui, pendant une fraction de
seconde, fit cesser les clameurs dans le dépositoire. Une autre jeune femme,
ses cheveux noirs attachés sur la nuque, svelte, pleine d'amertume et furieuse,
se fraya un chemin. Elle accusa en hurlant le jouvenceau qui se contenta de
faire des gestes de dénégation et de secouer la tête. Berenger haussa à nouveau
la voix pour exiger qu'on se taise.
    — Que
s'est-il passé ? questionnai-je.
    Berenger
paraissait décidé à ravaler son orgueil et à m'adresser la parole.
    — La morte
s'appelle Rebecca Atte-Stowe. Elle servait à la dépense et au garde-manger.
    Il fit cesser
les accusations d'un grand geste.
    — On l'a
trouvée telle que vous la voyez, dans une resserre où les servantes rangent les
sarraus, les coiffes et les gants dont elles se servent aux cuisines. En tout
cas, elle devait aider au banquet, mais on ne l'avait point vue depuis vêpres
sonnées.
    Je baissai les
yeux sur le cadavre.
    — Elle a
sans doute disparu peu avant le début des festivités, déclarai-je.
    J'appuyai les
doigts sur la figure : la chair était froide. Je soulevai un bras :
il était encore souple.
    — Elle a
vraisemblablement trépassé depuis quelques heures, remarquai-je.
    D'un signe
j'entraînai Berenger loin des plaintes et du vacarme.
    — Qu'arrive-t-il ?
Qui est cette femme brune qui vocifère ? chuchotai-je.
    — Anstritha,
l'amie de Rebecca. Elle affirme que Robert Atte-Gate, un garçon d'écurie, était
épris de Rebecca. Plus tôt, ce matin, ils se sont querellés...
    La voix de Berenger
mourut comme si toute l'affaire l'ennuyait déjà et qu'il se souciait plutôt
d'avoir été arraché derechef à ses plaisirs par une mystérieuse et soudaine
malemort. Je retournai vers la table mortuaire et scrutai les doigts de la
malheureuse. Derrière moi le tumulte continuait et tournait aux cris et

Weitere Kostenlose Bücher