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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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traitai
l'urticaire sur son bras. Elle me regarda nettoyer la peau et étaler la pâte.
    — J'ajouterai
un peu d'hamamélis dans l'eau de vos ablutions, commentai-je à mi-voix.
    — Peu
importe tout ça ! répondit-elle d'un ton sec.
    Je levai les
yeux. Ma maîtresse n'avait plus l'air d'une enfant. J'eus une soudaine vision
de la femme mûre — visage allongé, bouche résolue, regard inflexible — qu'elle
deviendrait.
    — Où
étiez-vous, Mathilde ? J'avais besoin de vous ! Je vous ai fait
quérir.
    Elle me pinça le
bras.
    — Vous ne
m'avez rien dit.
    — Je vais
le faire à présent.
    Je décrivis les
événements. Quand j'évoquai l'Empoisonneuse, Isabelle s'empara d'une figurine
de cire couronnée de vélin. Elle représentait son père, une piqûre d'épingle à
mi-corps. Elle la tint au-dessus d'une chandelle et commença à la pétrir du
bout des doigts. Quand j'eus terminé mon récit, elle se plongea dans la
contemplation de l'effigie.
    — Je dois
rapporter tout cela au roi, déclara-t-elle. Je suis censée le voir tout à
l'heure. Comme c'est étrange...
    Elle me sourit.
    — Je n'ai
ouï parler de l'Empoisonneuse que deux fois : mon père y a fait allusion
il y a quelques années, en passant, mais rien d'autre...
    — Et la
seconde fois ?
    — C'est
plus bizarre encore. Mon époux a plaisanté pendant le banquet, ce soir. Il m'a
demandé : « Isabelle, êtes-vous l'Empoisonneuse ? », puis
s'est détourné en riant. Oh, au fait...
    Elle prit une
autre figurine de cire.
    — Marigny a
voulu savoir pourquoi je vous avais engagée. Pourquoi je ne vous avais pas
renvoyée chez votre mère dans sa ferme près de Brétigny.
    — Et ?
questionnai-je d'une voix assurée.
    — Je lui ai
répondu que ce que je faisais me regardait.
    Lord Gaveston a
surpris notre conversation : il a soutenu que vous étiez un loyal sujet de
la Couronne anglaise et jouissiez de sa faveur.
    Je tentai de
refréner ma peur. La référence de Marigny à ma mère, une veuve isolée dans sa
ferme, était une menace sans fard.
    — Et la
Vipère ?
    — Il s'est
contenté de son méchant petit sourire habituel et est parti.
    Isabelle me caressa
la joue.
    — Ne vous
inquiétez pas : ils traquent une proie plus considérable... mon époux.
    Elle saisit un
autre morceau de cire qu'elle réchauffa sur la flamme et entreprit de modeler.
    — Ils
croient pouvoir chasser Gaveston, mais ils se trompent. Comment se fait-il,
Mathilde, qu'on prétende que la vérité file droit comme une flèche ? La
vérité ressemble plutôt à un serpent. Elle sinue, elle recule et avance. Ou
c'est comme une fresque. Elle ne se révèle point d'un seul coup mais peu à peu.
On ne voit ce qui prend forme qu'après un certain temps.
    — Madame ?
    Elle se mit à
rire.
    — Je ne
parlerai pas en paraboles. Les grands barons et mon père exigent que Gaveston
soit démis, mais Gaveston n'est pas seulement le favori de mon époux ;
c'est son foyer. Saisissez-vous ?
    Je fis un geste
de dénégation.
    — J'ai
compris quelque chose ! reprit Isabelle avec passion. J'y ai pourpensé. Le
foyer n'est pas un endroit, Mathilde ; c'est plutôt un désir ardent,
ici...
    Elle se frappa
la poitrine.
    — ... au
fin fond du cœur. C'est un épanouissement, une plénitude, une paix. Je n'ai
point de foyer, Mathilde. Pour mon père je ne suis qu'un pion dans le jeu des
mariages, comme l'était ma mère. Il ne m'a onc vraiment protégée contre mes
frères, mais m'a laissée flotter comme plume au vent ou fétu sur l'étang.
    Elle écrasa la
tête de l'effigie qu'elle venait de ramasser.
    — Je n'ai
pas de foyer. Édouard en a un et je l'envie pour cela. Je comprends l'amour
qu'il porte à Gaveston. Gaveston est son père, sa mère, son frère, sa sœur, son
ami et son amant. Sa raison de vivre. Le roi et son protégé combattront donc à
mort pour garder ce qui leur appartient. Que Dieu me pardonne, mais je les
comprends ! J'agirais de même. Winchelsea et sa bande croient que je suis
outragée. En fait...
    Elle laissa
tomber la cire.
    — ... peu
m'en chaut. Édouard est un bon seigneur. Gaveston me respecte. Ils ne me font
du mal ni l'un ni l'autre...
    — Mais...
l'interrompis-je.
    Isabelle prit un
air farouche.
    — Un jour,
Mathilde, je trouverai mon foyer, mon havre, et je n'y renoncerai jamais,
jamais !
    Elle effleura
son bras.
    — Merci
pour ce que vous m'avez appris. Je dois m'apprêter à présent.
    Elle se leva

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