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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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à mi-voix. C'est ainsi qu'ils attachent le
lien d'un sac rempli d'une liasse de manuscrits. Ils le nouent deux fois et passent
les bouts dans le nœud.
    Je me relevai et
regardai encore autour de moi.
    — Tout est
en ordre, déclara Demontaigu comme s'il lisait dans mes pensées.
    — Voilà
bien le refrain que l'assassin veut que nous chantions, rétorquai-je.
    Nous sortîmes
pour rejoindre les soldats qui emportaient la dépouille à travers l'enceinte
royale jusqu'à la chapelle mortuaire de St Margaret, l'église paroissiale de
ceux qui vivaient et servaient à Westminster. Le gardien du dépositoire nous
attendait. Il accueillit avec joie, comme il dit, son nouvel hôte dans la
chambre des morts, une longue bâtisse qui ressemblait à une grange, sise entre
la porte de St Margaret par laquelle on faisait passer les cercueils et le
cimetière de la paroisse. À l'intérieur, des croix noires se détachaient çà et
là sur le blanc éclatant des murs chaulés. Sur les dalles du sol récuré avec
grand soin une jonchée fraîche craquait sous les pas. De l'huis au mur du fond,
trois longues rangées de tables mortuaires avaient été disposées en bon ordre.
Selon les dires du gardien, un frère lai de l'abbaye, la plupart étaient occupées
par ses invités spéciaux.
    — C'est à
cause du gibet, entonna-t-il d'une voix plaintive. Il fallait les débarrasser
de leurs félons et de leurs coquins avant les festivités ! Ils sont bien
tranquilles à présent, lavés et oints, prêts à rencontrer Dieu.
    La dépouille de
Chapeleys fut déposée sur une table près de l'huis. Les gardes avaient hâte de
quitter cet endroit funèbre qui empestait la mort et la putréfaction malgré les
pots d'herbes écrasées et les encensoirs fumants qui garnissaient rebords et
saillies. Demontaigu demanda aussi au frère lai de se retirer. Ce dernier était
sur le point de protester quand la pièce d'argent que je tirai de mon
escarcelle et la promesse d'une offrande de pain et de viande, reliefs du
luxueux banquet royal, lui firent franchir à toute vitesse la porte qu'il
claqua derrière lui.
    Nous retournâmes
près de Chapeleys. À la lumière des lampes à huile et des torches murales qui
coulaient, son visage était livide, les yeux exorbités, la langue hors de la
bouche protubérante, la peau marbrée d'une affreuse teinte. Demontaigu se
signa, se pencha et chuchota les paroles de l'absolution à l'oreille du
trépassé. Puis, muni d'une fiole d'huile consacrée qu'il avait dû prendre dans
sa chambre, il oignit promptement Chapeleys des pieds à la tête tout en
murmurant l'invocation solennelle à saint Michel et à tous ses anges de venir à
la rencontre de l'âme du défunt. Ensuite nous déshabillâmes le cadavre jusqu'à
sa pauvre chemise de toile souillée et à ses braies. J'examinai avec attention
la chair en quête de meurtrissures et de plaies, mais n'en trouvai aucune. Il
n'y avait trace ni de liens ni de violence sur les doigts, les mains, les
poignets. Rien, à l'exception de cette zébrure violette profonde et large
autour de la gorge de Chapeleys et de la légère contusion derrière l'oreille
droite, là où s'était trouvé le nœud coulant. J'avais emporté le nœud détaché
de la corde et l'étudiai ; le coulant, encore serré et dur, avait été
élaboré par une main experte. Je fouillai les biens du trépassé. Sa bourse
contenait quelques pièces que je laissai sur la table mortuaire. La dague,
toujours dans son fourreau, en sortait et y rentrait sans peine. Je m'assis sur
un tabouret et, au comble de l'énervement, regardai Bertrand qui recouvrait le
corps d'un linceul.
    — Qui
savait que Chapeleys était arrivé à Westminster ?
    — Personne,
répondit-il, du moins à notre connaissance.
    Il rassembla les
possessions du clerc, traversa la pièce et s'approcha de moi.
    — Mathilde,
j'admets qu'il y a moult questions s'il s'agit d'un meurtre. Qui a appris que
Chapeleys s'était réfugié dans ma chambre à Westminster ? Qui l'a tué, si
bien et si vite ? Comment l'assassin y a-t-il pénétré, attaqué un homme armé
qui aurait sans nul doute résisté, et en est-il venu à bout de façon si
efficace et si adroite, sans qu'il y ait le moindre signe de lutte ou de
violence ? Puis il a mis en scène la pendaison de Chapeleys et a disparu
tout aussi mystérieusement. Chapeleys a pu l'introduire, mais pourquoi ?
Il était effrayé et avait reçu le ferme conseil d'être vigilant. Et

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