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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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aux
hurlements.
    — Ce n'est
pas moi ! Je n'ai pas commis de crime !
    Je pivotai sur
mes talons. Robert, ruisselant de sueur, s'était écarté des autres et avait
sorti une dague de son ceinturon.
    — Posez
votre arme ! tonna Berenger. Tirer une dague devant un officier royal dans
le palais du souverain est trahison. Si vous n'êtes point pendu pour meurtre,
vous le serez pour cela !
    Anstritha
gloussa de rire. Robert voulut s'élancer vers elle mais trébucha. Les soldats
le saisirent et le traînèrent dehors. Berenger déclara qu'il avait fait plus
que son devoir pour la soirée et les suivit. Anstritha, toute à sa méchante
joie, se dirigea vers la porte d'un pied presque léger. Ses compagnons
s'éloignèrent en file, laissant la mère de la jouvencelle sangloter sur la
dépouille. Je m'approchai et passai un bras sur ses épaules.
    — Que
s'est-il passé ? demandai-je avec douceur. Croyez-vous vraiment que Robert
a assassiné votre fille ?
    — Non,
murmura-t-elle à travers ses larmes.
    Je ramassai le
morceau de garrot coupé, une corde fine comme un boyau.
    — Moi non
plus. C'est plus l'œuvre d'un habile tueur que celle d'un palefrenier, mais
pourquoi votre pauvre Rebecca devait-elle être sa victime ?
    Elle ne put me
répondre. Demontaigu et moi donnâmes un peu d'argent au gardien et sortîmes du
dépositoire que nous laissâmes loin derrière nous. Je m'arrêtai et scrutai les
ténèbres en tendant l'oreille aux bruits de la nuit : un chien aboyait,
une charrette bringuebalait, des portes claquaient, des cloches sonnaient. Je
regardai autour de moi. Par endroits des lumières brillant à des fenêtres ou
s'échappant à travers les volets perçaient l'obscurité.
    — Demain,
dis-je à mi-voix.
    — Demain ?
s'étonna Bertrand.
    — À chaque
jour suffit sa peine, énonçai-je. Bertrand, je suis lasse. Mon esprit fourmille
d'hypothèses ; il part dans toutes les directions sans raison.
    Demontaigu
m'escorta jusqu'au manoir de Bourgogne, où les rires et la musique prouvaient
que les réjouissances battaient leur plein. Il m'embrassa sur le front, prit
mes mains dans les siennes et me suggéra de le rejoindre pour sa première
messe. Puis il tourna les talons en prononçant quelques mots entre ses dents.
    — Bertrand,
appelai-je, qu'avez-vous dit ?
    Il se retourna
avec un grand sourire.
    — Mathilde,
vous êtes douce comme le miel.
    Je franchis la
poterne, passai devant les gardes, et savourais encore ce compliment tout en
suivant un chambellan qui me précédait dans l'escalier et le long de la galerie
conduisant aux appartements de ma maîtresse, une suite de pièces comprenant un
vestibule, une antichambre, une salle de réception et une chambre à coucher. On
m'informa avec componction que la reine s'était retirée mais m'avait fait
mander. Isabelle se trouvait dans sa chambre. Les lambris sombres et les lourds
meubles de chêne — tables, tabourets, armoires et coffres — contrastaient
de façon frappante avec l'imposante couche, éclatante sous le bleu et les ors
de ses courtines et les franges d'argent de ses courtepointes. Isabelle était
installée devant une petite table à la lueur d'un cercle de chandeliers. Un
poêlon rempli de charbons ardents réchauffait les lieux. Elle ne portait qu'une
simple chemise blanche ; ses épaules et ses pieds étaient nus. Je
remarquai des égratignures rouges sur son bras droit, dont la peau semblait
irritée. Elle se concentrait sur la fabrication de petites figurines, usant de
la flamme des chandelles pour amollir la cire, la travaillant avec attention,
décorant les effigies avec des bouts de tissu, de parchemin et de menus joyaux.
    Je reconnus les
signes. Isabelle était fort agitée. Elle leva les yeux comme j'avançais pour
faire une révérence.
    — Je vous
ai cherchée, Mathilde. J'ai dû me débrouiller toute seule, mais j'ai bavardé
avec Marie.
    Elle rejeta ses
cheveux en arrière.
    Je la saluai
derechef pour dissimuler mon propre trouble. Ma maîtresse faisait allusion à
une servante qui avait péri quelques années auparavant, mais revenait converser
avec la reine chaque fois que cette dernière était perturbée.
    — Marie est-elle
partie ? m'enquis-je.
    Isabelle ne
répondit pas. Elle me fit signe d'avancer. Je m'excusai, retournai dans la
salle de réception et en rapportai un petit pot de précieux oléandre. Je pris
place sur un tabouret près d'elle et, sans attendre sa permission, je

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