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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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compagnon ; ils singèrent alors la démarche pleine
de componction de Winchelsea et quand l'archevêque sembla s'en offusquer, ils
s'en prirent au roi et à son favori en imitant leur façon de s'asseoir, de
boire et de manger comme s'ils ne faisaient qu'un. L'assemblée éclata de rire,
le souverain et Gaveston les premiers. Ce dernier jeta aux nains des articles
précieux, ce qui les fit s'éparpiller à la recherche de leurs récompenses. On
apporta alors la fromentée, puis des tartes et des coings. Le roi se leva pour
circuler parmi ses invités. Agnès et moi nous apprêtions à rejoindre nos
maîtresses respectives quand un huissier d'armes, à la livrée royale trempée,
se faufila dans la pièce. Il se dirigea sans hésiter vers Demontaigu qui avait
été accosté par maître Guido. À l'expression de Bertrand je compris qu'il était
arrivé quelque chose de grave. Il échangea quelques mots avec Guido et me fit
signe. Intriguée par cette interruption, Agnès m'emboîta le pas. Je ne pus
faire autrement que de la laisser agir à sa guise. Demontaigu n'attendit pas.
Lui et Guido s'empressèrent de quitter la grand-salle pour gagner la cour des
cuisines. Des soldats munis de torches qui crachotaient sous la pluie y étaient
rassemblés.
    — C'est
Chapeleys, murmura Demontaigu quand je le rejoignis. Il est mort ! Il
s'est pendu !

 
     
     
     
     
    CHAPITRE
III
     
     
     
    « Les grands
seigneurs du royaume haïssaient
    Gaveston parce que lui
seul avait la faveur du roi. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    — Qui est
Chapeleys ? s'enquit Guido.
    Demontaigu fit
un signe vers la porte.
    — Messire,
dit-il, je dois vous prier de rentrer. Vous de même, dame Agnès. Cette affaire
me concerne : un homme qui s'était réfugié dans ma chambre a trépassé.
Mathilde, Ingleram Berenger a requis vos services.
    Sans attendre de
réponse, Bertrand tourna les talons. Je présentai mes excuses à Guido et à
Agnès et courus derrière lui.
    — Bertrand,
Ingleram Berenger est bien médecin et le coroner de la Couronne ?
    — Exactement,
répondit-il d'un ton sec. Ce n'est pas lui qui vous a demandé, mais moi
qui ai besoin de vous, Mathilde. Venez voir !
    La soirée était
glaciale, rude contraste avec la chaude splendeur de la grand-salle. Quand nous
eûmes quitté le manoir de Bourgogne, Demontaigu me prit par le coude et me
guida dans d'étroites allées, à travers des jardins abandonnés et des cours
désertes. Il faisait noir comme dans un four et seules les torches à la lumière
dansante que brandissaient les soldats nous éclairaient. Au loin, à l'angle
d'un mur, scintillaient des lueurs et des armures. Je compris bientôt que
c'était devant la chambre de Demontaigu. En m'approchant, j'aperçus Chapeleys
pendu par le cou à la porte-fenêtre, ouverte au-dessus de lui. C'était un
spectacle sinistre et angoissant. Le corps flasque pendait à environ trois
pieds du sol, bras et jambes se balançant un peu comme si le malheureux était
encore vivant. J'estimai qu'il avait fait une chute d'environ six pieds. À
première vue, il semblait que Chapeleys avait ouvert la petite porte-fenêtre
et, prenant par l'autre bout la corde de secours attachée à l'anneau dans le
mur, avait fabriqué un nœud coulant, se l'était passé autour du cou et avait
sauté dans la nuit éternelle. Les soldats qui contemplaient le cadavre nous
laissèrent passer. Je regardai avec attention la funeste scène. Chapeleys
portait encore ses bottes de cuir. Dans les ténèbres, je ne pouvais distinguer
son visage. Ingleram Berenger, petit homme replet et tatillon à la moustache
blanche, survint, tout affairé, en s'essuyant la figure avec une serviette du
banquet.
    — Maître
Bertrand, tempêta-t-il, un garde a découvert ceci !
    Il fit un geste
vers le corps.
    — Une
pendaison ! Un suicide ! Dieu seul sait pourquoi.
    Il se frotta le
ventre.
    — Ce n'est
point une nuit pour des horreurs de ce genre.
    — Vous
n'êtes pas entré dans ma chambre ? voulut savoir Demontaigu.
    — Bien sûr
que non.
    — Elle
devrait être fermée et verrouillée de l'intérieur, murmura Bertrand.
    Il se tourna
vers l'un des gardes.
    — Apportez
une échelle, sergent. Je vais monter par l'extérieur pour aller ouvrir la porte ;
vous pourrez me rejoindre là-bas.
    L'homme alla
quérir un long échelier. Demontaigu voulut à toute force que, pour le moment,
on ne touche pas à la dépouille. Il appuya l'échelier contre la

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