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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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grands
seigneurs furent convoqués
    pour parler de la paix :
ils vinrent armés à Londres. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    Une trompette
sonna. Mon sang se glaça. En viendrait-on là ? À une émeute sanglante ici,
dans le palais ? À des luttes entre soldats tandis que les barons
tenteraient de mettre la main sur Gaveston et de l'enlever ? de le traîner
en justice pour trahison ? Et ensuite ? Édouard déploierait sa
bannière. La guerre civile ferait rage dans un combat à mort. Qu'adviendrait-il
d'Isabelle et de moi ? Pourquoi devrais-je me soucier du trépas d'une
servante ? Pourtant, un seul coup d'œil sur le visage éperdu de cette mère
me suffit pour voir que c'était important. Nous parvînmes à l'enchevêtrement de
bâtiments — communs, ailes et appentis — du Vieux Palais.
La mère de Rebecca nous fit suivre un sombre couloir dallé et caverneux, qui
sentait le linge sale et les légumes pourrissants. Au bout se trouvait une
petite pièce qui ne contenait que quelques coffres et arches cassés. La bonne
femme expliqua que les servantes et les valets venaient y déposer leurs
affaires et endosser les livrées qu'ils devaient enfiler pour servir aux
cuisines et à l'office. Elle nous montra du doigt les chevilles fixées au mur
où ils suspendaient leurs vêtements. Au fond, il y avait un réduit qu'elle
désigna d'un geste.
    — C'est là
qu'un marmiton a trouvé Rebecca, chuchota-t-elle.
    J'y pénétrai.
L'endroit, rien de plus qu'un large recoin sentant le renfermé, était mal
éclairé. Je revins sur mes pas.
    — A-t-on
enlevé quelque chose ?
    — Pas que
je sache, me répondit-elle. Seulement la vie de la malheureuse Rebecca.
    — Voyons,
si je comprends bien, votre fille est venue céans se préparer à prendre son
service. D'autres personnes devaient être présentes.
    — Je me
souviens qu'elle était en retard. Et, dans ce cas, l'endroit était désert.
Personne ne l'a donc vue.
    Je fermai les
yeux et me mis à réfléchir. Rebecca avait dû entrer et l'assassin avait frappé.
Je ne croyais pas Robert coupable. À peine capable de faire un nœud avec
prestesse, il était moins encore capable d'utiliser un garrot avec adresse. Je
retournai dans le couloir et sortis dans la cour. En examinant les lieux, je me
rendis compte que le bâtiment était tout près de la chambre de Demontaigu, à un
jet de pierre à peine. Le Vieux Palais était un tel dédale qu'il était facile
d'y perdre le sens de l'orientation. Or, s'il faut des preuves aux hommes de
loi, il arrive que le cœur, lui, découvre la vérité. J'étais tout à fait
convaincue que, d'une façon ou d'une autre, la mort de Rebecca avait un rapport
avec celle de Chapeleys, même si le pourquoi et le comment en étaient encore
mystérieux.
    — Qu'allez-vous
faire, madame ? implora la mère de Rebecca en joignant les mains comme si
elle priait. Qu'allez-vous faire ?
    Je lui souris.
    — Je verrai
la reine. N'ayez pas peur ; tout espoir n'est pas perdu.
    À mon retour au
manoir de Bourgogne, je fus surprise d'apprendre de la bouche d'Ap Ythel que
non seulement Isabelle était revenue, mais que Sa Grâce et messire Gaveston
étaient aussi dans les appartements de ma maîtresse. Je relevai mes jupons
d'une main, montai l'escalier quatre à quatre, courus dans les corridors en
frôlant au passage les gardes et les chambellans tout interloqués et fis
irruption chez Isabelle. Édouard et Gaveston, vêtus de cottes-hardies de soie
vert foncé sur des hauts-de-chausses rouges et chaussés de bottes de cuir, s'y
trouvaient. Totalement inconscients des grands dangers qui les menaçaient, ils
étaient avachis dans leur chaire comme deux jouvenceaux brûlant d'ouïr les nouvelles
du jour. Le roi s'extirpa de son siège, me prit la main et me baisa le bout des
doigts. Gaveston m'adressa le plus impertinent des saluts. Isabelle sortit de
sa chambre en s'essuyant les mains sur une toaille, qu'elle plia en me
regardant avec aplomb. J'eus l'impression d'être devant des conspirateurs. Vous
pouvez, certes, vous demander comment une physicienne et apothicaire était
admise dans le conseil secret du souverain. Mais j'étais moi aussi un membre de
sa chambre privée, quelqu'un qui pouvait aller et venir, et lui parler comme
vous parleriez à votre frère ou à votre sœur. Pourtant, au bout du compte, pour
ceux qui s'interrogent sur les coutumes de la Cour, on accusa Édouard, quand il
fut déposé, d'avoir fréquenté des gens

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