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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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chapelle des Pendus était sise entre St Bartholomew et St John
Clerkenwell. La lumière pâlissante assombrissait ces misérables passages
malodorants. De chaque côté, de vieilles maisons tombant en ruine empêchaient
de voir le ciel. L'impression d'être épiés par un œil malveillant grandissait.
De pauvres enseignes à peine lisibles grinçaient dans le vent. Des ombres
surgissaient et vacillaient à la lueur d'une occasionnelle lanterne de corne.
Dans la faible clarté nous lorgnaient de grotesques visages, avec leur peau
ridée, leurs sourcils broussailleux, leurs lèvres non rasées, leurs yeux
bigles, leur bouche bée aux gencives enflammées et aux dents noircies. Dans mon
extrême agitation, j'avais la sensation que c'était des démons qui s'assemblaient
contre nous. Seul le calme de Bertrand parvenait à apaiser mon appréhension.
Nous contournâmes les Shambles, qui empestaient les entrailles et les tripes
des animaux abattus dans les cours des boucheries près de Newgate. Comme je
l'ai déjà dit, je me remettais à peine du sauvage assaut de cette horrible
mêlée. Par contre, Demontaigu paraissait plus assuré et plus confiant, comme si
la violence avait chassé la tension qui l'habitait. Il fit halte quand il
aperçut le haut des tourelles de Newgate et dit un rapide Pater, Ave et Gloria
à l'intention de ses frères emprisonnés dans ce trou infect. Nous poursuivîmes
notre route, en prenant garde aux coquins, vagabonds et filous qui profitaient
du crépuscule et des cloches de St Martin le Grand sonnant le couvre-feu et
annonçant la nuit proche pour sortir en catimini. Sur les marches usées du
porche d'une église, un prêcheur vagant annonçait les catastrophes dans les
cieux : la Mort, guenon grimaçante, tapie dans l'ombre, attendait le jour
du Jugement et Satan le Cornu préparait sa faux ardente pour moissonner. Je me
demandais si cet homme était l'un des compagnons de Demontaigu cachés dans ce
repaire de larrons et de débauchés. Mais, après tout, n'importe qui pouvait
être n'importe quoi dans l'obscurité de ces dangereuses ruelles. Je
m'interrogeais même au sujet du preneur de rats qui, traîné par ses féroces
molosses, battait du tambour et entrechoquait ses pièges en chantant :
    Rats ou souris
    Avez-vous
rats, souris, putois ou fouines ?
    Ou une
vieille truie avec la scarlatine ?
    Je fus soulagée
d'atteindre Aldersgate, de passer la barrière et, suivant les voies dégagées,
d'entrer dans la chaleur accueillante de la taverne Paltock . Demontaigu
m'avait observée avec attention. Il insista pour que nous nous restaurions et
affirma que je me sentirais mieux ensuite. Nous nous installâmes à une table
isolée au coin de la cheminée et commandâmes un ragoût de venaison au
gingembre, du poulet bouilli fourré de raisins et des petits pains aux œufs et
au beurre juste sortis du four, le tout arrosé de gobelets de clairet. Nous
mangeâmes en hâte sans piper mot, puis repartîmes à la brune en empruntant
d'étroits boyaux. Nous arrivâmes enfin au « chemin des cadavres » — c'est
ainsi que le nomma Bertrand — qui menait à ce lieu de culte
abandonné, la chapelle des Pendus. C'était, à vrai dire, un endroit sinistre,
qui semblait hanté. Le cimetière à l'entour n'était qu'un fouillis de
broussailles qui recouvraient et étouffaient les pierres tombales écroulées et
les croix de bois en décomposition. Des chauves-souris, comme des esprits des
ténèbres, plongeaient et tourbillonnaient au-dessus des ajoncs courbés sous une
froide brise vespérale.
    — C'est
l'heure du hibou, murmura Demontaigu. Ce sera bientôt la fin des vêpres.
    Il poussa la barrière
qui craqua et nous suivîmes l'allée envahie de mauvaises herbes. La porte
principale de la chapelle était fermée par des épars en bois cloués en travers.
Demontaigu, sans en tenir compte, me fit contourner l'église jusqu'à l'opposé.
Là aussi l'endroit était sinistre. Il s'arrêta devant l'étroite sortie réservée
aux défunts, inséra sa dague, souleva le loquet avec adresse et me fit pénétrer
dans le long bâtiment en forme de grange. Il connaissait les aîtres et
s'empressa d'allumer les torches fixées par des broches sur les piliers
massifs. La vive lumière révéla une nef lugubre avec ses tombeaux, un jubé
brisé, un dallage moisi et des fresques presque effacées. Si j'ai jamais visité
la résidence des fantômes, ce fut bien la chapelle des Pendus. Demontaigu me
fit

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