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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pour les yeux
et la bouche.
    — Mes trois
bons frères, cria Bertrand, comment allez-vous ?
    Nous nous
rapprochâmes encore. Les hommes, surpris, ne savaient quoi faire.
    — Celui du
milieu..., murmura Demontaigu. C'est le chef.
    La distance
entre nous s'amenuisa. Les assaillants reprirent leurs esprits, rejetèrent leur
cape sur leurs épaules, tirèrent épées et poignards. Ils se précipitèrent vers
nous.
    — Maintenant,
Mathilde, maintenant !
    Je m'immobilisai,
repoussai ma propre mante et sortis l'arbalète. Nos opposants fonçaient sur
nous. Je visai, relâchai le treuil et le carreau vola, droit et rapide, témoin
incontestable de l'entraînement que m'avait fait subir oncle Réginald à Paris.
Le carreau atteignit le chef en pleine poitrine. Il hurla et tomba à la
renverse. Les deux autres, déconcertés, s'écartèrent et s'arrêtèrent. Épée et
dague tourbillonnant, Demontaigu bondit et se jeta sur celui de droite. Le
dernier me regarda. J'armai derechef l'arbalète. Il hésita, se dirigea vers
Demontaigu, puis revint vers moi. Je cherchai le treuil à tâtons puis le
relâchai. Le carreau s'envola en sifflant. Si près, l'impact en était mortel.
Il transperça la tête de l'homme sous l'œil gauche en faisant éclater la peau,
les os et les muscles. Le sang jaillit par le nez et la bouche tandis que
l'assaillant s'affaissait. Ses cris et ses hurlements étaient horribles.
Demontaigu était un chevalier, un bretteur expérimenté. Le troisième coquin
n'était pas à la hauteur. Il s'embrocha presque sur l'épée de Bertrand qui lui
entra dans le ventre tandis que mon compagnon lui enfonçait sa dague dans le
cou. Ce fut si rapide ! Comme la mort vient vite !
    Là, sur la
lande, alors que les arbres frémissaient doucement, qu'un chien jappait au
loin, que des enfants criaient, trois hommes avaient péri et le sang
jaillissait de leurs oreilles, de leur bouche, de leur nez. Celui que Bertrand
avait attaqué mourut sur-le-champ, comme le premier que j'avais visé : le
trait était profondément entré, droit dans le cœur. Le malandrin qui avait reçu
un carreau dans la tête gisait sur le sol, hurlant et gémissant. Demontaigu
s'approcha de lui. Il laissa tomber son épée, fit passer son poignard dans sa
main droite, s'agenouilla et prit le menton du blessé entre ses doigts pour
l'obliger à le regarder.
    — Vous
allez mourir, dit-il. Je suis prêtre. Aucun physicien au monde ne saurait vous
guérir. Dites-moi tout et je vous absoudrai. Lascelles, Pain-bénit ?
    — Parti !
marmonna le mourant, s'étouffant dans son sang. Pris !
    Sa tête retomba.
    Bertrand
prononça à voix basse les mots de l'absolution, esquissa une bénédiction et me
rejoignit. Tremblant de froid, je serrais toujours l'arbalète.
    — Mathilde...
    Demontaigu ôta
l'arme de mes doigts crispés et la posa sans brusquerie dans l'herbe, près de
moi. Puis il prit mes mains entre les siennes et les frotta vivement pour me
réchauffer.
    — Si vite ?
soufflai-je. Si vite.
    Il m'enlaça,
posa la main sur ma nuque et nicha ma tête au creux de son épaule.
    — Ils ne s'y
attendaient pas, Mathilde. Ils espéraient que nous serions terrifiés, que nous
ne riposterions pas, peut-être que nous tenterions de fuir, mais pas que nous
avancerions, que nous les attaquerions avec ardeur et férocité, comme tout
chevalier sur sa monture. Leurs âmes sont à présent près de Dieu et si l'un
d'entre eux a dit vrai, celle de Lascelles aussi.
    Il me lâcha.
    Je regardai
derrière moi et vis le portail de la Maison des plaisirs s'ouvrir et se
refermer rapidement.
    — Que Dieu
bénisse Alvena, déclara Demontaigu à voix basse. Nous lui devons une fière
chandelle.
    Il s'agenouilla
près des trois assassins pour fouiller leurs vêtements et leurs escarcelles,
mais il ne trouva que quelques pièces.
    — Ce sont
des tueurs à gages, constata-t-il en se relevant. Les bohémiens s'en
occuperont.
    — Les Tenebrae  ? Les ombres * ? questionnai-je.
    — Il se
peut.
    Il donna un
petit coup de pied dans un des cadavres.
    — D'anciens
soldats, je suppose, des ruffians : en ville on peut en embaucher une
douzaine pour un penny.
    Il regarda le
ciel.
    — Rien ne
vaut un bon combat à l'épée et le sang pour aiguiser l'appétit, n'est-ce pas,
Mathilde ?
    Il me fit signe
d'avancer.
    — Nous
avons encore à faire.
    Nous quittâmes
Lothbury et entrâmes dans le dédale de ruelles et de venelles qui conduisait à
Aldersgate. La

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