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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lui prit la main, l'attira vers lui et l'embrassa sur le front et les lèvres
avant de se glisser à nouveau sous le couvert. J'étais médusée. Agnès informait
peut-être Gaveston de ce qui se passait, mais y avait-il autre chose ? La
façon dont ils s'étaient séparés rappelait plutôt celle d'amants qui viennent
de se rencontrer en secret. Je repartis sans plus attendre. Quand je parvins
aux appartements de la reine douairière, Guido narrait des histoires dans le
patois des étudiants de la rive gauche de la Seine à celle-ci et à la comtesse,
et leur expliquait que, dans leur jargon, ils disaient mariage * pour
pendaison, arques petits * pour petits dés et empe * pour cadavres.
Il décrivait aussi la manière de piper et de fausser un dé afin qu'il retombe
sur la face choisie par le joueur, ce qu'il traduisait par frouer des gours
arques *, précisant que ces contrefacteurs devaient toujours avoir un
complice chargé de surveiller les Angele *, les archers du prévôt de
Paris. L'arrivée d'Agnès, tout agitée et les joues rouges, l'interrompit.
Là-dessus la comtesse Margaret, pour d'obscures raisons, se mit tout d'un coup
à énumérer la liste des mois qu'elle préférait dans l'année. Janvier en faisait
partie parce qu'on célébrait alors, en cette dernière période des fêtes de
Noël, le « Jour de l'Enfant Évêque » et que, à Oswestry, dans le
château de son père, après l'Épiphanie, on suspendait, aux poutres de la
cuisine, pour les fumer et les sécher, des saucisses, de la viande et du gibier
à plume.
    — Et cette
odeur ! commenta-t-elle en souriant. (Dieu sait qu'elle pouvait se montrer
aussi sotte qu'une oie !) Elle me donne toujours l'impression d'être chez
moi, bien au chaud.
    La reine
douairière reprit le sujet et annonça que juin était son mois préféré parce
qu'elle revoyait les jardiniers du roi cueillant les roses rouges de Provence,
roses qu'on écraserait pour en extraire une huile parfumée et apaisante et dont
on tresserait les pétales en guirlandes odorantes. La conversation s'étendit
sur les jardins en général : sur la disposition classique en seize
plates-bandes, une pour chaque variété de simples, alors que le potager, ou hortus ,
plus étendu, en comptait dix-huit, divisées par une allée en rangées bien
entretenues et protégées du soleil. La reine m'interrogea sur la pivoine. Je
lui appris que le nom venait de Paeon, médecin des anciens dieux, et que
c'était la plante de la lune. Guido, facétieux, cita Pline qui prétendait que
la pivoine, qui pouvait être à la fois mâle et femelle, ne devait être cueillie
qu'à la nuit et qu'un collier de graines de pivoine était une protection
assurée contre le mal.
    Pendant cet
échange j'observai Agnès avec attention. Elle était sans nul doute troublée et
de toute évidence désemparée. Elle promenait son regard de tous côtés, refusant
de croiser le mien. Quand elle prenait la parole, elle bavardait à tort et à
travers puis retombait dans le silence. Je m'arrangeai pour que le débat passe
des fleurs à la réunion prévue pour le lendemain, après la messe solennelle,
dans le jardin de l'abbé. La reine douairière fit quelques remarques plaisantes
puis reconnut qu'elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Winchelsea et
Lincoln, chefs des seigneurs rebelles, exigeaient la convocation immédiate d'un
parlement pour publier leurs gravamina  — leurs griefs contre
Gaveston. Je laissai entendre qu'il ne fallait pas négliger la grossesse
possible de ma maîtresse. Marguerite l'admit, mais répondit que le roi devrait
faire quelques concessions aux barons. Elle promit toutefois de réfléchir à ce
que je lui avais dit et déclara que, tout en espérant que tout irait au mieux,
elle se préparait au pire.
    Il était clair
que la reine douairière était hésitante et indécise. Elle avait perdu son
assurance habituelle et, comme pour nous distraire, elle proposa de jouer à
colin-maillard, Guido portant le capuchon. La comtesse Margaret, que Dieu
bénisse son âme simple, accepta avec ravissement. Je me joignis à contrecœur au
jeu, aidant à placer le capuchon sur la tête de Guido, puis nous nous
égaillâmes alors qu'il entamait la partie et cherchait à nous attraper. Je
courais en tous sens et tournoyais quoique j'eusse fort envie d'être ailleurs,
quand Agnès me prit soudain le bras.
    — Est-ce
sûr ? murmura-t-elle.
    — Que
voulez-vous dire ?
    — De faire
la

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