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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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m'accompagner pendant que les serviteurs de la reine préparaient les
poires au vin. Je n'eus d'autre choix que d'accepter en souriant. Nous prîmes
congé. Mais, une fois que nous fûmes dans la galerie dont les fresques
évoquaient les exploits glorieux du Confesseur, il me tira par la manche et
m'entraîna dans l'embrasure d'une fenêtre dominant la cour du Vieux Palais. Je
m'adossai au plâtre froid pendant que ce diable, cette fine mouche de conteur,
exprimait derechef la joie qu'il avait ressentie en apprenant la grossesse de
la souveraine. Il scruta le couloir pour s'assurer que nulle oreille indiscrète
ne traînait dans les parages.
    — Chapeleys,
celui qu'on a trouvé pendu... déclara-t-il en se penchant.
    — Eh bien ?
    — C'est le
clerc de Langton, n'est-ce pas ?
    — En effet.
    — Je suis
retourné à la Tour fort tôt ce matin. Je voulais vérifier que la jambe de
Langton était en bonne voie de guérison. Le roi me l'avait ordonné, et je
devais aussi informer notre noble évêque que Chapeleys s'était suicidé...
    Il haussa les
épaules.
    — ... ou
avait été occis.
    Guido s'essuya
les lèvres d'un revers de main.
    — Langton a
dit quelques mots à son sujet. Notre gros évêque l'a traité de dépensier,
d'homme peu fiable, et a même laissé entendre qu'il aurait pu être chargé par
Gaveston de l'espionner.
    — Alors ?
    J'avais hâte de
retrouver ma maîtresse.
    — Langton a
prétendu que Chapeleys était un forgeur de contes, un bouffon dont les talents
n'étaient pas à la hauteur de son ambition. Un hâbleur éhonté, une langue de
vipère. Il m'a aussi narré une incroyable histoire au sujet d'un espion, d'un
agent français nommé l'Empoisonneuse, qui ourdirait de sombres complots contre
la Couronne anglaise. Il a affirmé avoir déjà ouï de semblables commérages et
s'en être ouvertement raillé. Il semble que ces rumeurs sur l'Empoisonneuse
aient été connues des clercs de la chancellerie du feu roi, dont faisait partie
Chapeleys. Quoi qu'il en soit, Chapeleys aurait confié à Langton qu'il croyait
que la Demoiselle venimeuse * n'était point une personne, mais un chancre
au cœur du royaume.
    — Plaît-il ?
    Je hochai la
tête, abasourdie.
    — L'hymen
d'Édouard et d'Isabelle, murmura Guido, l'alliance entre l'Angleterre et la
France... Chapeleys soutenait qu'elle permettait à Philippe de s'insinuer dans
les affaires de ce royaume. Selon Langton, Chapeleys aurait ajouté que le vieux
roi avait accepté ce pacte sous la contrainte, comme l'a fait notre souverain
actuel. Chapeleys n'aurait pas seulement été un expert en écriture :
c'était aussi un spécialiste de la loi canon. Il arguait qu'un tel mariage,
sous la pression et la force, n'était point valide. Et que, par conséquent,
notre souverain pourrait faire annuler son union, répudier Isabelle et épouser
une autre femme.
    Je regardai dans
la cour. Le ciel s'éclaircissait et pourtant je sentais le vent froid qui
s'insinuait partout, je voyais le bouquet d'arbres encore noirs et dépouillés
près du mur d'en face. L'hiver n'est pas qu'une saison, c'est également un état
d'esprit. Je cachai mon inquiétude. J'avais, bien sûr, entendu de semblables
ragots. On disait que la papauté et le roi de France avaient imposé le mariage
avec Isabelle à la Couronne anglaise par le biais d'un traité solennel et de
vœux sacrés. Si les Anglais avaient dénoncé l'accord, la Gascogne, dernière
possession de l'Angleterre en France, aurait été envahie par les troupes de
Philippe. Édouard lui-même n'avait respecté cet arrangement que de mauvaise
grâce et n'avait fini par l'accepter que parce que Bruce menaçait ses comtés du
Nord. Ses grands barons étant d'irréductibles opposants de Gaveston, Édouard ne
pouvait se permettre d'employer navires, hommes et argent à la défense de la
province de Gascogne, riche de ses vins, de Bordeaux, son port florissant, de
ses champs fertiles et des vignobles qui s'étendaient tout autour.
    — Certains
seigneurs, ajouta Guido, prendraient sans nul doute parti pour la répudiation.
Langton y a aussi fait allusion. Je pense que notre évêque a été frappé par la
soudaine désertion et la malemort de Chapeleys, d'où sa loquacité. Il maintient
que les barons veulent voir disparaître Gaveston, mais ils pourraient bien de
même désirer qu'Isabelle reparte avec sa dot. Ils font remarquer que le
souverain pourrait prendre un nouveau départ, épouser une autre

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