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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pourrait être vrai.
Édouard veut-il se débarrasser de moi pour être seul avec Gaveston, ou est-ce
l'inverse ?
    Elle fit un
geste d'ignorance.
    — Certains
de ces barons, ces putois furieux, veulent-ils mon départ parce que je suis
française ?
    Elle eut un
petit sourire.
    — Et il y a
l'autre, cet homme dont la place ne saurait être qu'en Enfer, et, en parlant de
putois, il n'en est point de plus sanguinaire !
    — Madame ?
    — Mon père !
persifla-t-elle. A-t-il dépêché cette démoniaque trinité, Marigny et les
autres, aux baisers traîtres comme ceux de Judas, uniquement pour défaire tout
cela ?
    Elle lança
l'oreiller par terre.
    — Réfléchissez,
Mathilde ! Philippe se dresse sans merci contre Gaveston, donc il se mêle
de ce qui ne le regarde pas. Édouard, assiégé dans son propre royaume, enfermé
dans son propre palais, se venge. Il me renvoie, moi et mes bagages. On
m'expédie sur la route de Douvres vers une cogghe prête à me reconduire à
Calais ou à Boulogne.
    Elle écarta les
mains.
    — Mon père
a le cœur fourbe, la bouche pleine de mensonges. Si cela arrivait, Mathilde, il
aurait de bonnes raisons pour entrer en guerre. Il en appellerait au pape, aux
princes d'Europe, oui, y compris aux barons malcontents de mon époux. Les
troupes françaises envahiraient la Gascogne pendant qu'une autre armée
débarquerait à Douvres. Mon vertueux père aurait alors fait un pas de plus vers
l'accomplissement de son rêve : être le nouveau Charlemagne d'Europe.
    — Est-ce
possible ?
    Isabelle se
leva.
    — Pensiez-vous,
il y a un an, que l'ordre des Templiers pouvait être si vite détruit ? Oh,
oui, je comprends fort bien comment feu le roi, Chapeleys, voire Langton, ont
vu en moi l'Empoisonneuse, une menace suspendue sur la Couronne anglaise ces
douze dernières années ! Hélas, un chagrin ne vient jamais seul mais en
entraîne maints autres à sa suite.
    Isabelle
m'observa avec grande attention et se mit presque sur la pointe des pieds comme
pour plonger son regard dans le mien.
    — Je — nous — ne
pouvons quitter ce pays, Mathilde, pas pour la France, en tout cas pas pour
rejoindre Philippe.
    Elle me tapota
le bras.
    — Que Dieu
m'assiste si j'étais grosse ; mes peines seraient peut-être diminuées de
moitié.
    Elle se
dirigeait vers la porte quand elle pivota soudain sur ses talons.
    — Langton !
s'exclama-t-elle. Il faut que vous lui rendiez derechef visite, Mathilde. Il ne
joue pas franc jeu ici. Dieu seul sait s'il a dit la vérité à Guido. Mon père a
toujours estimé que les évêques anglais n'avaient pas grand poids, mais pas
Langton. C'est une véritable vipère, Mathilde ! Je suis certaine que moult
maillons de la chaîne lient notre cher évêque à ces barons rebelles. Quoi qu'il
en soit, vous devez retourner chez ma sainte tante. Je suis sûre qu'elle a
encore beaucoup à dire. De grâce, rassurez-la : nos gens s'occupent des
miasmes du manoir de Bourgogne. Par conséquent, peut-être pourrait-elle venir
céans ?
    Je pris congé.
En approchant du portail j'entendis résonner avec force les outils des
charpentiers et maçons. La pause de l'angélus étant finie, les ouvriers
reprenaient leur tâche. Ap Ythel, qui attachait les aiguillettes de son
haut-de-chausse, s'avança à grandes enjambées.
    — Mathilde,
Guido, le protégé de la reine douairière, ce seigneur des latrines, vous
cherchait. Je lui ai dit que vous vous entreteniez encore avec la reine.
    Il sourit.
    — Il a
demandé si le nouveau parfum au manoir de Bourgogne était un parfum gallois. Je
lui ai répondu qu'il était sans doute gascon.
    Il désigna d'un
signe de tête l'entrée principale du manoir.
    — Les
manouvriers ont résolu la question. Les chiouères et les caniveaux avaient
besoin d'être écurés. Il va encore falloir quelques jours avant que l'odeur
disparaisse. Faites-le donc savoir à notre impertinent Gascon.
    Je le lui
promis, l'esprit ailleurs. Je parvins à la galerie supérieure du Vieux Palais
et me hâtai vers la chambre de Marguerite. En passant devant une fenêtre, je
vis quelque chose bouger, en bas, dans la cour. Agnès d'Albret, la tête presque
entièrement dissimulée sous sa capuche, sortit de sous les arbres et s'arrêta.
Une autre silhouette — un homme — la suivit. Il leva les
yeux vers le ciel et, pendant quelques fractions de seconde, je distinguai le
beau visage de Gaveston. Agnès se retourna et lui caressa le bras. Le

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