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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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délaçait le corselet d'une goton et palpait ses seins généreux.
Des baillis battaient un ivrogne. Sur la Tun, à Cheapside, la cage était pleine
de sombres silhouettes qui s'agitaient en tous sens, criant des obscénités.
Plus loin dans la rue, un groupe de pensionnaires de l'hospice allait de maison
en maison en chantant le Salve Regina à l'intention de leur bienfaiteur.
Un chevalier en demi-armure, qui revenait d'un tournoi, passa sur son noir
destrier comme l'image de la mort. Un géant ébouriffé et barbu, drapé dans une
peau de cheval effrangée, se tenait sur les marches d'une église. Brandissant
le gros gourdin dont il s'était muni, il proclamait qu'il avait été envoyé par
le Baptiste pour retrouver Hérode et lui fracasser le crâne. Images,
souvenirs... Tout ce que je voyais, tout ce que j'entendais, se fondait en
peurs et terreurs. Tournebroche courait devant nous, bondissant comme un lièvre
de mars. Demontaigu, tête baissée, capuchon ramené sur le visage, récitait une
prière entre ses dents. La tension qui m'entourait me donnait envie de
m'arrêter en hurlant. Je me retournai tout de go, cherchant des yeux un
poursuivant, mais les sombres ruelles tortueuses étaient vides. Des ombres
erraient de-ci de-là. Je ne savais si elles faisaient partie de mon monde ou
d'un autre univers inconnu. Poursuivant notre route, nous arrivâmes enfin au Secret
de Salomon .
    L'hôte, désireux
de garder l'affaire sub rosa [7] comme
il dit en tapotant son nez charnu et boursouflé, nous accueillit dans la
bruyante grand-salle. Il nous précéda dans le jardin jusqu'à une remise.
Tournebroche marchait en avant, excité comme une puce, et glapissant de sa voix
suraiguë que c'était un meurtre affreux, que la victime, avec ses yeux
exorbités et sa langue gonflée, était un épouvantable spectacle. Le tavernier
lui intima en rugissant l'ordre de se taire et nous fit entrer dans la remise.
Il retira une lanterne de corne à son crochet et la rapprocha afin que nous
puissions mieux voir le cadavre. Tournebroche disait vrai. Pain-bénit, vivant,
était bel homme ; la mort l'avait rendu affreux. Il avait le visage bouffi
et livide, le cou marqué d'une trace violacée par le garrot qui l'enserrait.
    — Des
éboueurs qui draguaient un ruisseau voisin l'ont découvert au petit matin,
déclara l'aubergiste. Ils l'ont apporté céans, la taverne la plus proche. Un coroner
est venu et a décrété que « la mort était autre que naturelle ». Ce
fripon a réclamé sa rétribution, a bu un pot de bière, englouti une platée de
porc puis est reparti. Je suis censé assumer tous les frais de l'enterrement.
    J'ouvris mon
escarcelle et lui mis une pièce d'argent dans la main.
    — Cela
devrait suffire ; si ce n'est pas le cas, Tournebroche sait où me trouver.
    — Parfait.
    Le bonhomme
s'essuya le front avec son tablier sale.
    — Va
chercher Hawisa, souffla-t-il.
    Tournebroche
décampa.
    — Qui
est-ce ? s'enquit Demontaigu.
    Le tavernier se
tapota derechef le nez. Tournebroche revint en trombe, fort désireux d'obtenir
une autre pièce. Je lui en donnai une ainsi qu'à sa compagne, une jeune
souillon rougeaude, qui avait bien du mal à faire tenir son bonnet trop léger
sur son épaisse chevelure. Elle glapit en voyant le cadavre de Pain-bénit et me
regarda, les yeux écarquillés.
    — Mort !
s'écria-t-elle. Il ne l'était point, madame, quand je l'ai vu !
    Je lui pris les
mains.
    — Ne vous
affolez pas, Hawisa. Dites-moi juste ce qui s'est passé.
    — J'ignorais
tout de cette affaire, tempêta le tavernier, jusqu'à ce qu'on amène la
dépouille. Elle a porté le message à l'étage. Elle aurait dû m'en faire part,
mais, à vrai dire, la grand-salle était bondée.
    — Silence à
présent. De grâce, recouvrez-le, demandai-je en montrant le corps.
    Tournebroche,
déçu de ne pouvoir observer le macabre spectacle de plus près, s'approcha
d'Hawisa.
    — Dis-lui
ce que tu sais, souffla-t-il. Tu auras une autre pièce !
    La jouvencelle
désigna le cadavre sous son drap.
    — Il était
dans la taverne. Moi dans la cuisine. Comme j'avais chaud, je suis allée dans
la cour, vous savez, vers la porte de derrière. Il y a eu cette femme qui est
sortie de l'ombre. J'ai d'abord cru que c'était un lanternier, un entremetteur
ou une goton.
    — Décrivez-la-moi.
    — Madame,
je vous ai dit qu'il faisait très noir. Elle ressemblait à une nonne.
    — Une nonne ?
    — Oui. Elle
avait une

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