Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
Isabelle
abandonnèrent leurs prie-Dieu et se placèrent à la tête d'un cortège solennel.
Ma maîtresse en bleu ciel et or, un voile de gaze blanc encadrant son visage,
un diadème serti de joyaux lui enserrant le front, était éblouissante. Le roi
et son favori, tels deux frères, princes de sang, portaient cottes-hardies
rouge et or de raide brocart brodé de fils d'argent, douillets manteaux fourrés
d'hermine, bottines rouge sang adornées de belle façon. Gaveston marchait à
quelques pas derrière le couple royal. Ils se rendirent d'abord à la chapelle
de la Madone, puis à la tombe du Confesseur, et, chaque fois, Édouard et
Isabelle firent offrande de cierges en cire vierge et de chandeliers d'argent.
Ensuite ils regagnèrent le chœur. À peine avaient-ils atteint le haut des
marches qu'Ap Ythel et une foule d'archers gallois armés surgirent des
transepts ombreux pour enfermer le souverain et ses partisans dans une phalange
d'acier. Le roi et la reine descendirent les marches et empruntèrent la nef en
direction du portail sud, qui les conduirait dans l'enceinte de l'abbaye et au
palais. Guido, Agnès et moi leur emboîtâmes le pas. J'aperçus Demontaigu qui me
salua d'un geste.
    Dehors, le
soleil brillait. La journée s'annonçait printanière. La foule se pressait
contre les trois rangs de soldats. Derrière moi j'entendis crier les barons et
leurs troupes. Gaveston était un lâche, un sodomite, un giton ! Une autre
sonnerie de trompette et le chœur modulant le «  Christus vincit  »
noyèrent les invectives. Édouard semblait disposé à accepter les
applaudissements de la multitude qui paraissait captivée par sa reine. On les
accueillit avec des flots de pétales de fleurs, les cris de «  Vivat
regina  » ou, de façon moins raffinée, en beuglant « Que Dieu vous
garde », « Gloire et honneur vous soient rendus ».
    Une fois
parvenue dans le jardin clos du manoir de Bourgogne et les grilles solidement
fermées derrière nous, la troupe royale se détendit. Les épaules du souverain
retombèrent comme il se débarrassait de son diadème orné de joyaux. Gaveston
toutefois était pâle de rage devant les accusations de couardise qu'on lui
avait lancées. Dégrafant son manteau, il réclama une épée et un poignard, bien
décidé à aller en découdre avec ses adversaires. On pouvait dire maintes choses
de Gaveston, mais pas que c'était un capon. Édouard le retint par le bras ;
le favori se libéra d'un geste brusque. Isabelle et la reine douairière
finirent par lui bloquer le passage. Le souverain s'empressa de commander des
vins doux et des tranchoirs d'argent chargés de rôties au miel et aux pignons.
Quittant son propre manteau, il entraîna son ami vers les bancs de gazon
moelleux d'une tonnelle fleurie. Ils s'installèrent comme deux enfants, tête
contre tête, devisant à voix basse. Ap Ythel monta la garde dans l'allée aux
dalles noires et blanches disposées en damier qui y menait, signifiant ainsi
qu'il ne fallait point déranger les deux hommes. Nous nous éparpillâmes dans
différentes parties du jardin. C'est étrange, mais c'est ce matin-là que
j'aperçus pour la première fois Mortimer de Wigmore. Séduisant comme le diable,
de carrure athlétique, le visage en lame de couteau et les yeux perçants, il
avait de longs cheveux noirs et ne portait ni barbe ni moustache. Il était vêtu
sans ostentation de futaine foncée et à ses bottes rouge sang cliquetaient des
éperons d'argent. Il revenait d'Irlande où il avait été chargé de renforcer les
défenses anglaises contre une invasion écossaise toujours possible. Il était
accompagné de son oncle Mortimer de Chirk, un vieux dépravé mauvais comme la
gale, un homme à la réputation épouvantable dont la chevelure prématurément
blanche encadrait une tête cruelle comme celle d'un oiseau de proie.
    — Voilà le
jour et la nuit incarnés, me glissa Guido à l'oreille. Le jeune Mortimer est un
preux, son oncle, un tueur. On lui avait confié la garde de deux princes
gallois ! On a, par la suite, retrouvé les malheureux flottant dans une
rivière. Mortimer de Chirk a alors eu l'impudence de réclamer leurs terres.
    — Plantes
et herbes ne sont pas toujours ce qu'elles semblent, rétorquai-je.
    — Ah, comment
dit-on, Mathilde ? s'enquit Guido en me donnant une petite bourrade de
l'épaule. « Cette rose peinte n'est pas parfaitement représentée. Qui a
dessiné la fleur n'a pas peint son âme

Weitere Kostenlose Bücher