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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et la déclaration d' utlegatum  — d'illégalité. Alexandre de
Lisbonne, ou n'importe quel chasseur de primes, peut nous capturer, nous
emprisonner, voire nous occire. Nous avons perdu la faveur et de Dieu et des
hommes. Le roi a ordonné notre arrestation ; le pape nous a excommuniés.
En fait, je ne devrais pas même célébrer la messe. Cela ne peut durer,
Mathilde. Je suis réaliste. L'ordre du Temple a été détruit et ne s'en relèvera
jamais. Il nous faut trouver un appui. Si nous ne pouvons l'obtenir ici, alors
nous irons en Écosse.
    Il me jeta un
regard plein d'espoir.
    Je savais bien
ce qu'il voulait. Isabelle réclamait souvent à la chancellerie des grâces sous
le sceau privé, mais, pour ce cas particulier, elle devrait passer par
l'approbation royale.
    — Il
faudrait vous faire connaître, murmurai-je, avouer qui vous êtes en réalité.
Bertrand, Édouard est versatile. Il pourrait vous faire pendre à une poutre,
vous embrasser comme un frère ou estimer que l'affaire est sans importance.
    — De toute
façon, concéda-t-il, il faut en finir.
    Il me tapota la
main.
    — Réfléchissez-y,
Mathilde. Mais il se fait tard, nous devons rentrer.
    Ce que nous
fîmes sans incident. Demontaigu me laissa au portail du manoir de Bourgogne.
Dans le corps de garde, Ap Ythel jouait aux dés avec un groupe d'archers. Il
m'adressa un large sourire et désigna la grand-porte d'un mouvement de menton.
    — Cela sent
un peu moins mauvais à présent, madame. Les maçons et les charpentiers ont été
fort occupés. Même Sa Grâce le roi a aidé à curer l'un des fossés à ordures,
ajouta-t-il avec une nuance de dérision.
    Sa remarque
déclencha les rires sous cape de ses compagnons. Personne, à la Cour,
n'ignorait le plaisir que prenait le souverain au travail manuel, qu'il s'agisse
de couvrir un toit de chaume ou de creuser une tranchée. Certains en faisaient
des gorges chaudes. D'autres déclaraient que cela s'expliquait parce que le
prince avait été livré à lui-même par son père, occupé à guerroyer. Le vieux
roi avait abandonné son fils aux soins des serviteurs et des manouvriers au
palais de King's Langley et le jeune prince avait passé son temps et frayé avec
des hommes comme Absalom le marinier. Je remerciai Ap Ythel et pénétrai dans le
bâtiment. Mon esprit n'était que confusion, mosaïque d'images. Oui, il
ressemblait bien à ces miniatures qu'on trouve dans les livres d'heures, si
petites et pourtant si compliquées, pleines de détails finement observés. Le
corps nu de Pain-bénit avec cette épouvantable marque violâtre autour de la
gorge ; Agnès et Gaveston se caressant ; Hawisa me fixant de ses yeux
écarquillés — avait-elle menti ? — ; le visage tendu
de Bertrand dans cette échoppe à bière ; Ap Ythel me lançant un coup d'œil
à la dérobée en passant près de moi.
    La lumière
flamboyait dans les galeries et les escaliers. Les manouvriers étaient encore à
l'œuvre, la mine maussade sous leur capuchon. Des charpentiers rabotaient des
planches pour les nouveaux conduits des garde-robes. Des maçons étudiaient
dessins et plans. Même là, bien que préoccupée, je remarquai qu'ils étaient
fort nombreux en cette heure tardive. Mais c'était bien d'Édouard : il se
montrait beaucoup plus tolérant envers les hommes de peine et les artisans que
les princes de son rang ou les seigneurs. On s'affairait aussi dans la chambre
de la reine. Isabelle choisissait des habits pour la messe solennelle du
lendemain. Nous avions peu de temps pour nous entretenir. Je lui narrai ma
visite au Secret de Salomon . Elle m'écouta avec attention, acquiesça,
promit d'en parler à son époux ainsi qu'à Gaveston et ajouta que la réunion du
lendemain entre la reine douairière et les barons était plus importante. Elle
me taquina, disant que la nouvelle de sa prétendue grossesse courait maintenant
dans tout le palais. Je lui demandai si elle dirait la vérité au roi et elle me
répondit par un clin d'œil.
    — Peut-être,
dit-elle en souriant. Peut-être pas, nous verrons.
    Je ne peux me
souvenir de la suite, qui ne fut qu'un tourbillon d'événements. Le lendemain
matin, à la grand-messe, la liturgie était celle du carême. En somptueux habits
sacerdotaux de pourpre et d'or, l'abbé, le prieur et le sous-prieur, presque
dissimulés par les épaisses volutes d'encens, célébrèrent le saint sacrifice.
Ce fut une magnifique cérémonie. Le chœur entonna l'introït, le

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