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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fis le
récit détaillé de ce que nous avions appris. Gaveston me caressa l'épaule, puis
la pinça fort. Je scrutai cette figure avenante, ces yeux entrouverts à
l'expression nonchalante et un peu moqueuse. Se penchant, il me plaqua un
baiser sur les lèvres puis, faisant volte-face, il m'entoura de son bras comme
si nous devions franchir le portail.
    — Pain-bénit
est mort ; il ne m'est plus d'aucun secours.
    Il baissa les
yeux sur moi.
    — L'Empoisonneuse
y a veillé. Je ferai brûler un cierge à l'intention de Pain-bénit et chanter
une messe pour l'aider à rencontrer son Dieu. Quant à son meurtrier...
    Il se mordit les
lèvres.
    — Agnès...
c'était bien le nom de son assassin ?
    Il hocha la
tête.
    — Pas notre
Agnès ! Ce n'est point son genre ; elle est trop douce. Le damas lui
est plus familier que la dague. Je pense qu'elle ne saurait écraser une puce,
moins encore passer le garrot à un homme. Cependant. ..
    Il balança la
tête comme un négociant évaluant une marchandise. Je me remémorai ce qu'avait
dit Demontaigu la nuit précédente. Gaveston avait le cœur dur : il ne
versait pas une larme sur le malheureux Pain-bénit si vilement occis pour être
resté fidèle au favori royal.
    — Cependant
quoi, messire ?
    — Les
sceaux. Un de mes intimes a dû les remettre au tueur.
    — Peut-être
vous, messire ?
    Il pivota, les
mains sur les hanches, en m'adressant un sourire à vous glacer le sang. Il
était si beau, si gracieux ! Je pouvais sentir son parfum capiteux et
presque la chaleur émanant de son splendide corps à travers le brocart et le
taffetas. Il était fort élégant, sans cicatrice ni tache. Il y avait pourtant
là quelque chose d'obscur. Il esquissa un salut moqueur, fit un geste d'adieu
du bout des doigts et s'en fut à grands pas. La royale assemblée s'apprêtait
maintenant à se retirer. Édouard et Gaveston passaient parmi les valets de
leurs maisons pour distribuer de menus cadeaux. Isabelle, plongée dans une profonde
conversation avec Mortimer de Wigmore, riait de bon cœur à l'histoire qu'il lui
narrait. Quelques-unes de ses suivantes, pressées que leur maîtresse aille
changer de robe d'apparat, rôdaient à l'entour. La reine douairière et sa
novice présentaient leurs respects à l'abbé Kedyngton, un homme mafflu, qui
nous avait rejoints un peu plus tard. Guido gesticula et articula le mot « relique ».
Je lui souris en retour et me retournai quand on m'effleura le coude. Agnès, le
capuchon remonté pour se protéger du soleil, me faisait signe. Je la suivis
dans l'ombre d'une allée treillissée. Elle paraissait inquiète et avait de
toute évidence perdu son air d'impudente malice.
    — De grâce,
accordez-moi une faveur, dame Mathilde. Pourrais-je obtenir une place dans la maisnie
de la reine ? Pas dans ses appartements privés, mais n'importe où, à
l'office ou à la chapelle ?
    — Il ne
vous sied donc point de servir la reine douairière ?
    Elle s'arrêta,
me toucha le bras avec douceur, les yeux brillants de larmes, la lèvre tremblante.
    — Ils ne
sont pas contents de moi. La reine laisse entendre que je suis trop proche des
envoyés français, surtout du seigneur de Marigny.
    — Est-ce
vrai ?
    — Madame,
je dois complaire à tant de gens que j'en suis lasse. Guido a même demandé si
j'espionnais pour leur compte. Il ne peut souffrir les émissaires français et
moins encore leur chef.
    — Et vous ?
    — Madame,
quand la reine douairière les rencontre, je dois bavarder et jacasser. Ils me
remarquent, m'interrogent.
    Elle leva la
main.
    — Je ne
peux me permettre de les offenser. Je ne veux pas retourner en France,
Mathilde, pour me marier sans amour. Je me plais ici, la liberté...
    La reine
douairière l'appela. Je m'empressai de lui dire que je ferais ce que je
pourrais. Je lui demandai si elle savait quelque chose de Pain-bénit ou d'une
taverne nommée Le Secret de Salomon . Elle fit un geste de dénégation, me
jeta un regard perplexe et s'esquiva.

 
     
     
     
     
    CHAPITRE
IX
     
     
     
    « Sire, si les
barons vous ont causé du tort, cela doit
    être redressé. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    Nous
rencontrâmes les barons à la mi-journée, tout au fond de l'enclos de l'abbaye.
Le jardin était encerclé sur trois côtés par des bâtiments qui nous dominaient
de leurs contreforts menaçants, de leurs corniches sculptées, de leur superbe
maçonnerie avec, par endroits, un vitrail qui captait le

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