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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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couperet, ne fut jamais délivré.
Une trompette retentit à trois reprises derrière le portail dont les battants
furent ébranlés par des coups violents. Les frères lais se précipitèrent pour
ouvrir. Gaveston, en cotte de mailles sous une tunique écarlate et or, éperons
à roulettes d'argent fixés à ses solerets, coiffé du bassinet, casque ornementé
tressautant au troussequin de sa selle, passa sans hâte sous le portail, comme
le Héraut de la Guerre. Il était suivi de trois écuyers, deux d'entre eux
portant des bannières, le troisième une trompette. Gaveston avait, au bras
gauche, un bouclier triangulaire frappé des aigles de sa maison, et, à la main
droite, un gantelet de cuir et de mailles d'acier. Toute conversation mourut.
Marigny s'empressa de s'écarter. Gaveston s'immobilisa. Son splendide destrier
noir, harnaché d'une armure complète, piaffait, comme impatient de charger. Le
favori se tenait droit sur ses étriers.
    — On m'a
traité de couard ! s'exclama Gaveston d'une voix vibrante de courroux.
Point ne le suis.
    Il jeta son
gantelet au sol.
    — Je défie
n'importe quel homme céans de m'affronter.
    La compagnie se
contenta de rester bouche bée. Le cheval hennit et flanella. Pembroke fit mine
de s'approcher mais Lincoln le retint. Marigny, la main levée en signe de paix,
s'avança.
    — Messire...
    — Soit vous
ramassez le gant, railla Gaveston, soit vous vous éloignez, messire.
    Alexandre de
Lisbonne se fraya un passage et ramassa le gantelet qu'il frappa contre sa
cuisse pour en ôter la poussière. Puis il le lança au favori qui l'attrapa avec
adresse.
    Les rauques
accents de la voix portugaise résonnèrent dans le jardin :
    — Moi,
Alexandre de Lisbonne, chevalier, je relève votre défi.
    Gaveston se
pencha et flatta l'encolure de sa monture.
    — Je vous
reconnais, Alexandre de Lisbonne. Vous êtes bien chevalier et si nous devons en
découdre, il vaut mieux que nous réglions l'affaire sans attendre. La lice
derrière le Vieux Palais, dans une heure... cela vous convient-il ?
    Le Portugais
accepta. Gaveston fit faire demi-tour à son cheval et, suivi de son escorte,
repartit d'un pas tranquille. Le portail se referma en claquant derrière lui.
Les festivités furent oubliées sur-le-champ. Serviteurs, écuyers, pages et
valets furent dépêchés à travers l'abbaye et le château pour annoncer la
nouvelle. Winchelsea s'exclama que cette joute violait la Trêve de Dieu,
disposition exigée par l'Église qui interdisait tout tournoi entre le jeudi
soir et le lundi matin afin d'éviter les saints jours de vendredi et de
dimanche. On négligea son intervention. Je me glissai dehors, courus à travers
l'enceinte de l'abbaye vers le palais et franchis la grand-porte du manoir de
Bourgogne. Ma maîtresse, bien sûr, avait déjà eu vent de l'événement,
qu'Édouard et Gaveston avaient d'ailleurs ourdi avec soin. Isabelle était
prête, emmitouflée dans sa mante et encapuchonnée.
    — Parfait,
parfait, murmura-t-elle en me prenant le bras, les yeux brillant d'excitation.
La furie des hommes, comme leur semence, doit s'épancher. Nous pourrons ensuite
connaître une période de paix. Venez, Mathilde.
    Quand nous
arrivâmes à la carrière, les tribunes se remplissaient déjà. Le vieux champ de
tournois, ou lice, a disparu, remplacé par quelque chose de plus somptueux. De
mon temps il était constitué d'une longue barrière drapée de toile de couleur.
Le champ lui-même était entouré d'une palissade de six pieds de haut ;
cette dernière, quant à elle, était encerclée d'une clôture d'environ quatorze
pieds de haut. Entre les deux se trouvaient les gradins et, au centre,
permettant une vue parfaite sur le lieu du tournoi, s'élevait la tribune royale
encourtinée de bleu et d'or, le tout étant l'objet de préparatifs auxquels
s'affairaient des serviteurs en livrée. Nous attendîmes le roi. Il arriva,
joyeux comme un enfant. Il portait un luxueux manteau de brocart sur les
épaules et s'écria qu'il était prêt à parier sur la victoire de Gaveston. Tout
n'était qu'agitation frénétique. Hérauts, trompettes et palefreniers couraient
en tous sens. On examina la lice et on répandit de la paille à la ronde afin
d'amortir toute chute. Dimanche ou non, les gradins étaient pris d'assaut :
moines, clercs, valets, sans parler de l'escorte des grands barons, tous
voulaient entrer. Édouard et Isabelle, accompagnés par ceux des membres de leur
maisnie

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