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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Saint-Germain, qui n'était qu'un
figurant. À leurs bottes crottées qui montaient jusqu'au genou des éperons
cliquetaient de façon sinistre. On devinait qu'ils revenaient d'une partie de
chasse et avaient fort envie de se lancer dans une autre.
    Je me revis
soudain avec mon père, des années auparavant, dans une belle prairie à l'herbe
ondoyant sous le vent, lors d'une claire journée d'été. Nous observions des
lièvres au luisant pelage doré qui cabriolaient dans la fraîcheur matinale.
Tout d'un coup, des ombres mouvantes assombrirent le pré : des buses
menaçantes descendirent et se mirent à tourner au-dessus de nous. Il en allait
de même ce jour-là. Marigny et ses complices étaient un vol de faucons en quête
d'une nouvelle proie. Ils entourèrent Lincoln et Marguerite pendant que les
frères lais de l'abbaye se hâtaient d'apporter des gobelets d'étain débordant
de vin du Rhin glacé.
    — Le
monarque est tombé bien bas, chuchota Guido. Les envoyés de France se
rassemblent comme des corneilles noires sur une carcasse. Au temps du vieux
roi, on les aurait chassés à coups de bottes au cul.
    — Ils
prétendent, dit Agnès à mi-voix, n'avoir d'autre souci que Sa Grâce la reine et
la façon dont Gaveston a usurpé sa place.
    — Absurde !
siffla Guido. Philippe intervient pour Philippe et pour personne d'autre. Ne
soyez pas si complaisante envers Marigny, Agnès.
    Je sentais
qu'une querelle se préparait. J'étais lasse et soucieuse. Je désirais être
seule. Je franchis la pelouse pour gagner un siège confortable installé devant
les plates-bandes de simples de façon, je suppose, que l'abbé pouvait s'y
asseoir et se délecter de leur suave odeur. J'y pris place et sirotai le vin
que me tendit un valet. Je voulais donner un sens à tout ce que j'avais vu et
entendu. Des souvenirs et des images dansaient dans mon esprit telles des
étincelles sur des charbons ardents. J'étais si plongée dans mes pensées que je
sursautai en sentant les ombres m'entourer. Je levai les yeux en les abritant
de la main. Marigny, Nogaret et Plaisians, Alexandre de Lisbonne derrière eux
comme un vautour de mauvais augure, me cernaient. Marigny serrait son gobelet
contre sa poitrine. Il souriait comme un vieux goupil contemplant le chapon
qu'il venait d'attraper.
    — Tiens,
Mathilde de Clairebon !
    Il se pencha.
    — Si loin
de chez elle ! Si seulette !
    — Et
cependant si heureuse ! rétorquai-je. Du moins l'étais-je jusqu'à cet
instant.
    Plaisians
ricana. Nogaret but à grand bruit. Alexandre de Lisbonne me scrutait comme s'il
essayait de me situer. Je me demandai alors s'il connaissait l'entière vérité
sur Demontaigu et moi. Marigny leva son gobelet en mon honneur.
    — Nous en
avons beaucoup appris à votre sujet, Mathilde de Clairebon, nièce de Réginald
de Deyncourt, médecin général, pas moins, de l'ordre du Temple, à présent en
disgrâce.
    — Vous
l'avez tué !
    Marigny agita la
main comme un maître corrigeant un élève particulièrement récalcitrant.
    — Non, non,
Mathilde. Vous ignorez ce qu'il en est.
    — Ce qui
nous fait un point commun.
    — Nous
pourrions en partager moult autres...
    — Oh, c'est
ce que nous faisons, messire ! Je vous hais ! Si j'en ai les moyens,
je vous supprimerai.
    Je me relevai
d'un bond.
    — Vous ne
me faites pas peur, ni vous, ni vos rapaces de compagnons, vos fils de
crapauds, assassins, menteurs, parjures, criminels ruisselant de sang !
    Marigny recula
et parut un instant troublé par ma véhémence.
    — Nous
pourrions demander votre retour en France. Nous pourrions l'exiger.
    — Vous
pourriez aussi demander que le soleil ne se couche pas.
    — Et votre mère,
Mathilde ?
    J'effleurai le
poignard caché dans son fourreau à ma ceinture.
    — Je vous
interdis de prononcer son nom !
    — Oh, je...
s'interrompit Marigny en hochant la tête. Peut-être...
    — Tout va
bien, Mathilde ?
    Je pivotai sur
mes talons. Guido s'avançait à grands pas.
    — Venez,
Mathilde.
    Il m'appela du
geste.
    — Il faut
que vous fassiez la connaissance de monseigneur l'abbé.
    Il jeta un
regard anxieux d'abord sur moi, puis sur mon groupe de persécuteurs.
    — Nous
devisons, objecta avec force Marigny. Je n'ai point besoin de vous, maître
Guido, mieux connu sous le nom de Pierre Bernard. Le prévôt de Paris serait
sans nul doute bien aise de vous voir. Quant à Mathilde...
    Son discours fut
arrêté net et son message, tranchant comme un

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