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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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témoins ! Onc n'ai vu spectacle si
audacieux, si courageux. L'arme d'Alexandre de Lisbonne était à présent dirigée
tout droit sur la poitrine découverte du favori. Bien que ce dernier eût revêtu
une cotte de mailles, un seul coup pouvait être fatal, pourtant, juste avant qu'ils
se touchent, Gaveston fit montre de son incroyable dextérité. Tout en basculant
sur sa selle, il ne laissa pas sa lance dévier et visa directement l'écu
d'Alexandre de Lisbonne. Le Portugais manqua sa cible. Gaveston le heurta de
plein fouet. Alexandre de Lisbonne chancela sur sa selle et lâcha son bouclier
en essayant de rassembler ses rênes, mais il était perdu. Son cheval était
lancé au grand galop. Le cavalier glissa et, dans un fracas assourdissant,
tomba à terre. Ce fut le silence pendant un bref instant, puis toute
l'assistance, à l'instar du roi, bondit, applaudit et cria en louant le courage
du favori. Les trompettes sonnèrent. Hérauts et écuyers envahirent la lice. Les Noctales d'Alexandre de Lisbonne se précipitèrent. Deux d'entre eux
portaient une civière, bien que leur chef semblât étourdi plutôt que blessé. Il
se releva en titubant, ôta son casque et le lança au sol. Du moins eut-il la
courtoisie de se retourner et de saluer d'un geste son adversaire, qui, à
présent, caracolait autour du champ, lance dressée, pour recevoir acclamations
et vivats des spectateurs. Gaveston s'arrêta devant le roi et abaissa le bout
de son arme à quelques pouces du visage de ce dernier. Le roi souriait.
Gaveston retira son heaume qu'il tendit à un écuyer arrivant à toutes jambes. Édouard
dégrafa le luxueux bracelet serti de joyaux qu'il portait au poignet, le
referma et le posa au bout de la lance.
    — Bien
couru, messire. Vous êtes vainqueur !
    Le favori
s'inclina, releva sa lance et le scintillant bijou glissa le long de la hampe.
Il salua la reine et, faisant pivoter sa monture, quitta, triomphant, le champ
de la joute.
    J'allai, d'un
bond, me placer derrière les souverains. Les barons, Marigny et ses amis se
pressaient à droite de l'estrade royale. Un regard sur leurs visages furieux me
suffit pour tout comprendre. Malgré la victoire de Gaveston, les ténèbres
meurtrières, à mon insu, s'épaississaient vite. Le roi et son favori étaient
radieux d'avoir gagné et se retirèrent sans tarder dans la sécurité du manoir
de Bourgogne pour célébrer la victoire. Je revois des couloirs éclairés par des
torches, des serviteurs empressés. Édouard avait déjà pris des dispositions
pour que la splendide Grande Chambre * au cœur du palais soit préparée.
L'âtre flamboyait ; les flammes dansaient et faisaient craquer les bûches
sèches et parfumées. Sur les piliers qui encadraient la cheminée, un faune et
d'autres sculptures grimaçaient, la gueule ouverte. Des écus d'apparat, frappés
des armes royales d'Angleterre, de France, de Castille, de Gascogne et
d'Écosse, éclatants dans leur diversité de couleurs, étaient alignés sur les
murs. Au-dessous on avait déployé des tapisseries et des tentures qui
flattaient l'œil. Dans un coin plus sombre, il y avait un chameau embaumé et
empaillé, dans un autre un lion de taille adulte.
    C'était, selon
toute vraisemblance, des animaux que le roi avait aimés quand il était enfant.
Ces bêtes grotesques, mortes mais qui paraissaient si vivantes, contemplaient
un superbe spectacle. On avait dressé une grande table sur tréteaux, couverte
d'une nappe blanche comme cire. Les plus exquis des gobelets, coupes, pichets
et bassins d'or et d'argent, les verres de pur Venise scintillaient comme
autant de lumières à la lueur du feu et des chandelles. Le roi, claquant des mains,
avança à grands pas en proclamant à haute voix qu'il n'avait jamais douté de
l'issue du tournoi. Je me remémorai ce que j'avais ouï : que Gaveston,
malgré son comportement de dameret, était un merveilleux jouteur, un vrai
soldat. Lui et son royal maître désiraient à présent fêter leur victoire et
l'humiliation de leurs ennemis. Le souverain s'installa sur un trône au bout de
la table et Gaveston sur une chaire semblable en face de lui. La reine
douairière et Isabelle prirent place à gauche et à droite du monarque.
Marguerite voulait narrer à ce dernier tous les détails du concilium dans
le jardin de l'abbé. La comtesse de Cornouailles était assise à la droite de
Gaveston et moi à sa gauche. Guido et Agnès étaient aussi présents.
    Je décrirai

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