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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Ythel dans les sombres couloirs pleins de courants d'air
jusqu'à une garde-robe qui se trouvait tout au fond. C'était une petite pièce
voûtée aménagée dans la muraille, sous une étroite fenêtre. La porte était
béante et, à l'entrée, une lanterne de corne pendue à un crochet dispensait une
flaque de lumière. Des serviteurs munis de torches et de chandelles entouraient
un homme agenouillé dans la chiouère, la tête au-dessus du banc de bois creusé,
en son centre, d'un trou qui ouvrait sur un conduit débouchant dans une
barrique cerclée de fer. Guido vomissait ; il ne s'asseyait sur ses talons
que pour se rejeter en avant et régurgiter à grand bruit. J'écartai les curieux
et m'avançai. Usant de mon autorité et de la présence d'Ap Ythel, j'envoyai un
valet quérir des cuvettes et des toailles. Guido, que Dieu m'en soit témoin,
était, pour l'heure, fort mal en point.
    Nous nous
efforçâmes, Ap Ythel et moi, de le remettre debout. Livide, ruisselant de sueur
et hoquetant, il se plaignait de douleurs au ventre, de faiblesse dans les
jambes et d'une sensation d'étouffement dans la poitrine. Ap Ythel proposa
qu'on l'emmène à l'infirmerie royale, une salle abritée au dernier étage du
palais, au-dessus des appartements du monarque. Je donnai mon accord et leur
emboîtai le pas jusqu'à la spacieuse pièce. Les murs plâtrés et chaulés étaient
d'une propreté impeccable, le plancher ciré et luisant. L'air entrait par deux
croisées. Entre elles se dressait un large lit à quatre montants avec un
baldaquin bleu foncé, des draps, des oreillers et des courtepointes propres et
apprêtés. Sur le mur d'en face pendait un immense crucifix flanqué de tableaux
représentant un Christ blond et rasé de près, dans de somptueux vêtements, qui
soignait les malades et ressuscitait les morts. Nous parvînmes à installer
Guido dans le lit et à le redresser à demi. Nous disposâmes des cuvettes de
chaque côté. Je fis un rapide examen. Sa peau était moite ; une plaque
rouge avait fait éruption sur son bras et en haut du ventre. Je demandai à Ap
Ythel de l'eau fraîche et obligeai Guido à boire. On l'encouragea à regorger et
à vomir et on apporta des chaises percées.
    — Pendant
un certain temps, annonçai-je, le mal affectera ses entrailles. Il faut tenter
de le purger du poison.
    Je flairai la
bouche du patient. Les odeurs de vin et d'aliments étaient incontestables, mais
il y en avait une autre, la fragrance douce-amère d'une plante que je ne
parvenais pas à reconnaître. Je regagnai en hâte la Grande Chambre * où
le monarque et Gaveston avaient établi une cour sommaire d'Oyer et Terminer [10] .
    Cuisiniers,
marmitons, serviteurs et servantes, complètement terrorisés, étaient
questionnés sans ménagement en présence des archers d'Ap Ythel. Ils n'avaient
plus rien des joyeux membres de la garde royale qui flânaient dans les jardins
et les cours en riant et en chantant, qui plaisantaient et s'amusaient avec les
jeunes servantes. Les visages tannés étaient sombres à présent sous les
capuchons relevés. Des carquois pleins brinquebalaient dans le dos des soldats ;
ils portaient des arcs à l'épaule et de longues dagues dans des fourreaux ou
attachées à leur ceinturon. Ces hommes étaient dévoués à Édouard :
l'attaquer, c'était les attaquer. L'atmosphère était oppressante, glaçante et
lourde de menaces. Les archers poussaient avec rudesse la valetaille en avant
et la faisaient s'agenouiller devant le roi et le favori, assis derrière la
table à tréteaux comme des juges déterminés à la pendaison. Isabelle était
impassible. La comtesse sanglotait avec grâce et la reine douairière, presque
folle d'inquiétude au sujet de son « cher Guido », sauta sur ses
pieds dès qu'elle m'aperçut. Je m'empressai de la rassurer et allai
sur-le-champ chuchoter quelques mots à l'oreille de ma maîtresse. Elle fit un
signe de tête.
    — C'est de
la comédie, dit-elle, rien qui vaille. Monseigneur ?
    Sa voix forte
résonna dans la salle de banquet. Édouard, surpris, se tourna.
    — Madame ?
    — Ce n'est
point juste, déclara Isabelle en désignant les valets épouvantés. Vous n'avez
pas de preuve, aucune certitude, qu'ils sont impliqués. Pourquoi voudraient-ils
du mal à quelqu'un céans ?
    Ses mots
déclenchèrent un murmure d'assentiment de la part des malheureux.
    Ma maîtresse fit
un geste vers moi.
    — Monseigneur,
ce mystère doit être forcé avec une

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