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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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bouche, Marie-Ange se leva et
fit couler un bain tiède. Elle retourna à sa chambre puis revint dans la salle
de bains.
    – Regarde-moi ça. C’est pas
extraordinaire ? Des beaux sels de bain qui font de la mousse. Vite avant
que ça s’écrase.
    Blanche entra dans la salle de bains, que
Marie-Ange n’avait pas quittée.
    – Tu vas quand même pas rester ici
pendant que je suis dans l’eau ?
    – Non, madame. Dans la cuisine. Si jamais
tu sens que tu t’endors trop, crie. J’vas enlever le bouchon, te coucher pis te
border avec plaisir. Si tu me promets que ça va se passer avant minuit !
    Blanche se laissa glisser dans l’eau et du
coup se calma. Elle ferma les yeux pour donner meilleure prise au sommeil. Elle
n’entendait que le tic-tac de l’horloge et le bruit discret de pages que l’on
tourne. Bientôt, elle sentit ses paupières s’alourdir. Elle sortit de l’eau à
regret, s’effleura à peine avec une serviette avant d’enfiler sa robe de
chambre de chenille.
    Marie-Ange la regarda sortir et sourit.
    – Déjà ? C’est quand même de
valeur. J’avais pas fini mon chapitre.
    Elle escorta sa sœur jusqu’à sa chambre.
    – Bonne nuit. Tu vas voir, la première
chose que tu vas savoir, demain va être arrivé.
    Blanche aperçut la silhouette de Marie-Louise
et pressa le pas. Elle trouva agréables les traits de sa compagne. Menue comme
elle-même, Marie-Louise avait les cheveux presque roux et les yeux verts. Sur
le nez et débordant sur les joues, des tache s
de son lui donnaient un teint toujours coloré. Blanche trouva que son sourire
était radieux malgré le blanc légèrement jaunâtre de ses dents.
    – Ça fait depuis cinq heures et demie ce
matin que je t’attends.
    – Es-tu sérieuse ?
    – Non.
    Blanche fut enfin près d’elle.
    – Est-ce que tu as vu d’autres
filles ?
    – Trois. L’air à peu près aussi braves
que nous autres.
    Elles entrèrent et se dirigèrent lentement,
comme si toutes les deux reportaient l’échéance de la journée, vers le
babillard qu’on leur avait préalablement indiqué.
    – Blanche ?
    – Oui.
    – As-tu déjà vu les chambres des
étudiantes ?
    – De l’extérieur. Jamais de l’intérieur.
Pourquoi ?
    – Pour rien. Pour penser à autre chose.
    Elles virent un papier fixé maladroitement sur
le babillard. Les trois candidates que Marie-Louise avait aperçues n’étaient
nulle part en vue. Blanche sentit ses jambes ramollir. Marie-Louise, elle,
s’arrêta net.
    – Vas-y la première, Blanche. Dis-moi ce
que tu lis.
    Blanche s’avança.
    – C’est bizarre, je compte juste vingt
noms. C’est pas normal.
    – Vois-tu le mien ?
    Blanche hocha la tête. Elle avait lu le sien mais de ne pas voir celui de Marie-Louise
l’attrista tellement qu’elle ne songea pas à se réjouir.
    – Non.
    Marie-Louise blêmit. Blanche fut surprise de
voir que même les tache s de rousseur
pâlissaient.
    – Viens, Marie-Louise, on va aller se
renseigner.
    Elles entrèrent dans le bureau que Blanche
avait déjà vu à deux reprises : lors de son inscription et lorsqu’elle
était venue porter ses diplômes. La religieuse qui l’avait accueillie et qui
avait aussi surveillé leur examen la reconnut.
    – Bonjour, garde Pronovost.
    Elle avait voulu lui faire plaisir mais
Blanche grimaça presque sous le titre, sachant que Marie-Louise en était
probablement mortifiée. Elle aperçut les trois autres candidates. Deux d’entre
elles étaient en larmes, la troisième souriait à pleines dents malgré des yeux
rougis. L’émotion, pensa Blanche.
    – Est-ce que tous les résultats sont
affichés ?
    – Non. Seulement le tiers. Nous avons eu
un retard dans les corrections. J’ai été absente pendant une semaine et mes
consœurs ont été débordées de travail. Mais d’ici deux jours, tous les noms
vont être connus.
    Elle regarda Marie-Louise et tenta de lui
faire un sourire rassurant.
    – Pouvez-vous me rappeler votre
nom ?
    – Marie-Louise Larouche.
    La religieuse chercha, les yeux froncés, un
souvenir se rapportant à ce nom.
    – Ça ne me dit rien.
    Marie-Louise regarda Blanche et se mit à
trembler discrètement.
    – Faut pas vous inquiéter. Ça veut
simplement dire que ce n’est pas moi qui ai corrigé votre examen.
    – Demain, peut-être ?
    – Demain. Ou après-demain. Étant donné
que notre première rencontre a lieu le 5, il
faudrait que tous les noms soient connus le 3 au
plus

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