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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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que c’est parce qu’il a l’intention de s’ouvrir un bureau privé ?
    – Oui. C’est le cadeau de mariage de mon
père.
    – Ça fait que pourquoi que tu suis pas un
cours de secrétariat ? Tu pourrais être avec lui d’une autre façon.
    Le regard de la jeune fille s’illumina. Elle
se donna une tape avec l’index sur la tempe pour ensuite pointer le même doigt
vers Blanche.
    – Pas bête. Pas bête pantoute.
    Une autre candidate s’approcha de Blanche.
Celle-ci lui trouva un air détestable. Malgré le sourire engageant qu’elle
affichait, Blanche sentit le mépris.
    – Bonjour ! Je me présente :
mon nom est Germaine Larivière. Toi ?
    – Blanche Pronovost.
    Blanche n’ajouta rien, attendant que Germaine
dévoile l’objet de sa curiosité. Elle n’avait pas vraiment envie de lui parler,
préférant nettement le regard doux et chaleureux d’une autre candidate à l’air
de madone qui semblait, comme elle, en proie à des craintes probablement non
fondées.
    – Est-ce que tu es de Montréal,
Blanche ?
    – Oui. Toi ?
    – Oui. Depuis quand ?
    – Depuis quand quoi ?
    – Que tu es à Montréal. À ton accent, je
dirais que tu viens pas d’ici.
    Blanche hésita entre son envie de mentir et de
dire qu’elle était une Montréalaise pure laine simplement pour lui clouer le
bec et sa nature franche dont elle ne se désistait jamais. Mais Germaine avait
une tête à faire tomber. Elle lui rappelait étonnamment les commères de perron
de Saint-Tite.
    – Est-ce que ton examen a bien été,
Germaine ?
    – Franchement ! Sûr que oui. C’était
facile. C’est à se demander pourquoi on nous oblige à ça. Faut croire que ça
élimine celles qui ont pas la vocation.
    Blanche se tut encore, frappée soudain par
l’idée que pour certaines gens le métier de garde-malade était une vocation.
Pour elle, il était tout sauf une vocation. Il était l’envie de voir des
gens ; le besoin d’aider et de se sentir utile ; la joie de voir les
guérisons ; la tristesse d’être confrontée à l’échec ; il était aussi
et surtout une chose dont elle avait envie jusque dans ses os.
    – Tu m’as l’air d’être dans la lune.
    – Quoi ?
    – À quoi est-ce que tu pensais ?
    – À ce que tu as dit. Rien d’autre. Je
pense que c’est vrai. C’est un bon moyen de connaître les candidates.
    Germaine remarqua une autre fille et s’éloigna
sans avoir eu de réponses à ses questions. Elle s’excusa trop poliment et
Blanche accepta ses excuses tout aussi poliment, inclinant la tête sur le côté
et levant les sourcils. La candidate à l’air de madone pouffa de rire et
s’approcha d’elle.
    – As-tu un drôle d’accent, toi
aussi ?
    – Oui. On dit ça. Toi ?
    – Oui. Un accent qui, on dit ça, est pas
de Montréal.
    – Ha… !
    Elles se regardèrent, essayant toutes les deux
de savoir si elles pouvaient se faire confiance.
    – Mon nom est Marie-Louise Larouche. Mon
drôle d’accent vient du Lac-Saint-Jean. Pis je me demande pourquoi on est
obligées de passer un examen aussi facile et niaiseux simplement pour
savoir qui a la vocation.
    Sous son air de madone, Marie-Louise cachait
un sens de l’humour et une moquerie qui plurent aussitôt à Blanche.
    – Mon nom est Blanche Pronovost. Mon
drôle d’accent vient de la Mauricie. Pis je me demande pourquoi on rencontre
pas la directrice une par une pour qu’elle décide de la vocation du monde.
    Elles éclatèrent de rire et Blanche en eut un
pincement au cœur. Elle ne s’était que très rarement laissée aller avec une
inconnue. En fait, elle ne permettait que très rarement à ses émotions de
transpirer aussi facilement. Marie-Louise lui donna un coup de coude jovial.
    – Si on allait prendre un café ?
    – Où ?
    – N’importe où. On pourrait comparer nos
villages, nos petites écoles, nos commères, pis, si on a le temps, nos réponses
d’examen.
    Blanche pouffa de nouveau et prit son sac.
    Elles entrèrent dans un restaurant de la rue
Papineau, près de la voie d’accès du pont. Elles commandèrent chacune un café.
Blanche prit sa serviette de table et essuya les bords de la tasse.
Marie-Louise la regarda faire, médusée.
    – As-tu peur de la maladie ?
    – Non. Du monde qui fait mal la
vaisselle.
    Marie-Louise grimaça et l’imita. Elles
recommencèrent le même manège avec leurs cuillers, s’en amusant.
    Elles parlèrent effectivement de tous les
sujets que

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