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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Marie-Louise ne tarda pas. En la
regardant venir, Blanche fut renversée par sa force. Marie-Louise marchait d’un
pas allègre, comme une jeune fille enrobée d’insouciance. Et pourtant Blanche
savait que Marie-Louise marchait sur un nuage de peur.
    – Oh ! Bonjour, ma jolie mam’zelle.
Vous êtes ben belle dans votre robe rose. C’est ta nièce, Blanche ?
    – Oui. Aline, je te présente
Marie-Louise.
    Aline fit une petite révérence comme Blanche
le lui avait enseigné, regardant sa tante, l’air coquin.
    – J’ai promis à Aline qu’on irait marcher
dans le parc. Est-ce que tu vas venir avec nous autres ?
    – Certainement. On entre ?
    Elles firent le même trajet que la veille et
se plantèrent devant le babillard. Elles virent le nom de Germaine Larivière.
Celui de Marie-Louise n’apparaissait pas.
    Marie-Louise hocha la tête, une moue
tremblotante aux lèvres, puis respira, sourit et prit la main d’Aline.
    – Cinq sous si on arrive au parc avant ta
tante !
    Aline, enchantée, partit en courant.
Marie-Louise feignit un essoufflement effrayant en l’accompagnant.
    Blanche les suivit à distance, encore une fois
renversée par le courage de Marie-Louise. Elle pensa que si Marie-Louise
n’était pas acceptée le lendemain, il y avait quelque chose d’incompréhensible
dans les critères de sélection. Elle les rejoignit en courant lorsqu’elle vit
Aline sauter de joie d’avoir gagné la course.
    Elles restèrent au parc pendant deux heures.
Blanche montra son banc préféré à Marie-Louise. Elles s’y assirent quelques
minutes pendant qu’Aline feuilletait un livre d’images que Blanche avait pensé
à apporter. Elles ne parlèrent pas, sachant toutes les deux que leurs pensées
étaient au même endroit.
    – Tu viens demain ?
    – Oui, madame. Je veux être là pour boire
le café de la victoire avec toi.
    – Ou l’autre…
    – Non. Le bon café.
    En quittant Marie-Louise, Blanche chercha un
fleuriste et acheta des fleurs qu’elle mit au réfrigérateur.
    Blanche ouvrit son parapluie et regarda
l’heure. Il était huit heures quinze. Elle n’avait pas entendu son réveille-matin.
À cette heure, Marie-Louise devait savoir. Et elle n’avait pas encore pris son
tram ! Elle attendit en piétinant sur le coin de la rue, impatiente,
tenant ses fleurs la tête en bas pour ne pas les exposer à la pluie battante.
Elle monta enfin et s’assit du bout des fesses ,
impatiente de se relever. La correspondance mettant trop de temps à arriver,
elle marcha dans la rue Papineau vers le nord. Elle s’arrêta à leur restaurant.
Marie-Louise n’était pas là. Elle marcha encore, maintenant trempée, et tourna
à la rue Sherbrooke. Avant d’entrer dans l’hôpital, elle aperçut Marie-Louise
de l’autre côté de la rue, assise sur « son » banc, un parapluie
fermé à côté d’elle. Blanche sentit son cœur se noyer. Elle s’approcha de
Marie-Louise qui la regardait venir. Blanche fut incapable de déchiffrer les
pensées de son amie à travers ses cheveux trempés et ses yeux doublement
inondés. Elle s’assit à côté d’elle et, comme Marie-Louise, ferma son
parapluie. Elle déposa les fleurs sur les genoux de Marie-Louise. Elles
demeurèrent ainsi à la pluie toujours plus forte pendant cinq minutes.
    – Je pense que je suis en état de choc,
Blanche.
    Blanche la regarda et ne dit rien. Elle savait
simplement que quelque chose dans l’attitude de Marie-Louise lui était
incompréhensible. Elle ne savait toujours pas si elle la reverrait le 5.
    – Cinq millions de bleuets… au moins.
    Marie-Louise se passa un doigt sous le nez.
    – Blanche ?
    – Oui ?
    – J’ai… j’ai réussi !
    Marie-Louise éclata en de nouveaux sanglots
qui se changèrent en rires aussitôt que Blanche lui eut donné un coup de poing
sur la cuisse.
    – Ma pas fine ! Ma pas fine,
toi ! Un peu plus pis je pensais avoir apporté des fleurs d’enterrement.
    Marie-Louise sanglotait toujours. Blanche
riait aux éclats, autant de la bonne nouvelle que du fait que toutes les deux
étaient trempées et ne pouvaient entrer ainsi au restaurant.
    – On va aller à ma chambre. J’ai acheté
des bonnes petites affaires à manger.

 3 2
     
    Émilie s’agitait sur le quai de la gare.
Blanche l’aperçut et souleva Aline pour qu’elle puisse bien voir sa grand-mère.
Blanche fut la première sur la passerelle, la première à descendre. Émilie
l’accueillit sur sa poitrine

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