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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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bondissante de rires. Aline, à son tour, fut
saisie et levée à bout de bras.
    – C’est pas possible, Blanche. On dirait
que tu grandis encore !
    – Vos yeux doivent être en pire état que
vous pensez. J’ai pas pris une ligne depuis mes seize ans. Cinq pieds et deux.
C’est tout ce que j’ai réussi à faire.
    – Faut croire que c’est tes talons pis ta
robe élégante qui t’allongent. Une vraie demoiselle de la ville.
    – Les p’ tites
sont pas avec vous ?
    – La plus grande des p’ tites enseigne aujourd’hui. Pis c’est la visite de
l’inspecteur. Les deux autres p’ tites sont au
couvent. Mais j’ai eu la permission qu’elles soient là pour le souper de
samedi. Les religieuses ont été bien compréhensives.
    Émilie se tourna vers Aline.
    – Pis toi ? Tu viens passer l’été à
la campagne avec ta grand-moman Émilie ?
    Aline se contenta de hocher la tête et se
réfugia près de Blanche.
    Blanche prit la chambre des visiteurs,
M. Trudel ayant avisé Émilie qu’il ne viendrait pas au village de l’été.
Elle installa Aline avec elle. Aline, que le voyage avait épuisée, s’endormit
immédiatement après le souper. Émilie et Blanche en profitèrent pour se raconter
leur année.
    Sans grande surprise, Émilie parla t out de suite de ses quatre élèves qui suivaient
assidûment des cours de mathématiques.
    – Ça fait drôle d’être un professeur
privé. C’est quasiment aussi payant, mais je m’ennuie quand même des classes.
C’était plus varié.
    Elle prit ensuite des nouvelles de chacun de
ses enfants que Blanche avait vus dernièrement.
    – Paul ?
    – Sage comme une image pis beau comme un
dieu. Faut croire qu’à la longue, à vivre dans les séminaires, Paul commence à
ressembler à son modèle.
    – Hum ! Rose ?
    – Toujours de bonne humeur. Sarah
s’occupe d’elle comme une mère. Mais j’ai des petites peurs que ça change parce
que Sarah a un soupirant. Aussi fin qu’elle, pis aussi cicatrisé.
    – Sarah, c’est le genre à amener Rose
comme dot. Tu penses pas ?
    – Peut-être que oui. De toute façon,
c’est pas demain la veille. Sarah a pas l’air pressée.
    – Marie-Ange ?
    – Comme je l’ai dit dans mes lettres.
Femme d’affaires jusqu’au bout des ongles. Elle pis Georges passent leurs
journées à rire quand ils se chicanent pas.
    – Ils se chicanent ?
    – Pas vraiment. Ils passent leur temps à s’ostiner. Ça fait partie de leur plaisir. Georges fume des cigares pis Marie-Ange
arrive en arrière pour vider les cendriers. Georges met une cravate bleue pis Marie-Ange
l’étrangle quasiment pour la lui enlever pis en mettre une brune. Georges veut
acheter une nouvelle maison de rapport pis Marie-Ange crie que ça va les ruiner
avant de revenir pour lui dire qu’elle en a vu une plus belle à vendre. C’est
toujours comme ça.
    – Marie-Ange a pas changé.
    – Oui pis non. On peut dire que sa tête a
pas ramolli. C’est à peu près tout.
    – As-tu revu ton oncle Ovide ?
    – Deux fois. Montréal pis lui, c’est
quasiment une histoire d’amour.
    – Tant mieux.
    – Il passe son temps à me raconter les mêmes
histoires. On dirait qu’il s’est pas rendu compte que j’ai grandi.
    – Tant mieux.
    Émilie raconta son quotidien, négligeant cette
fois l’enseignement. Elle parla d e Joachim
Crête, qui ne lui adressait plus la parole.
    – C’est un vrai soulagement. Depuis que
j’ai ma maison, Joachim sait plus où m’attaquer. Ça fait que j’ai la paix. Une
chance que toi pis moi on n’a jamais mis nos menaces à exécution.
    Elle raconta ensuite qu’Émilien était venu, ce
que Blanche savait déjà, et décrivit la vie de son frère. Émilien, après avoir
travaillé comme cuisinier dans les chantiers, avait ouvert une cordonnerie. Il
avait reçu les clients le matin et fabriqué ou réparé des chaussures le soir.
L’après-midi, il avait été employé dans un magasin de linge.
    – On dirait que c’est de famille.
    Il voyait peu son père, ne le visitant
qu’occasionnellement.
    – Sais-tu ce qu’Émilien a fait
dernièrement ?
    – Quoi encore ?
    Aux yeux rieurs de sa mère, Blanche savait que
son frère avait encore dû jouer quelque mauvais tour.
    – Il a ouvert son propre magasin de
linge !
    – En plus de sa cordonnerie pis de son
travail ?
    – Il a laissé son travail. Il dit que dan s La Sarre il y a de la place pour deux magasins.
Comme je le

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