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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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parler à quelqu’un mais personne ne
s’occupa d’elle. Elle agrippa finalement le bras de Joachim Crête, qui
dirigeait les opérations.
    – Ma mère ! Est-ce que ma mère est
là-dedans ?
    – J’ai d’autre chose à faire que de
savoir si ta mère est là. Dégage !
    Elle le regarda, d’abord insultée, puis
horrifiée, puis enragée. Toutes griffes sorties, elle lui sauta au visage.
Joachim Crête la repoussa violemment et elle tomba dans la boue. Un des hommes
présents l’aperçut et se dirigea vers elle pour l’aider à se relever.
    – Les invités étaient partis, Blanche. Ta
mère a dû être prise dans la tourmente entre icite pis son école. On
cherche Wilbrod. Fidèle pis sa fiancée ont dit qu’il venait juste de sortir de
la maison pour aller faire le train. Personne le trouve. On comprend
pas. Un vrai miracle que Fidèle pis sa fiancée soient vivants. Sur la tête,
Blanche. Toute la maison sur la tête pis pas une grafignure.
    Blanche repartit en courant, essayant de faire
taire ses émotions pour donner plus de chance à son cœur dans la course. Sa
mère n’allait pas à l’école. Sa mère devait aller chercher Napoléon chez son
grand-oncle. Elle avait dû pouvoir y arriver avant que le ciel ne se déchaîne.
Blanche fut enfin devant la maison, dont la galerie s’était effondrée. Elle en
fit le tour et frappa à la porte arrière avant d’entrer. Elle n’attendit pas
qu’on lui ouvre.
    – Ma mère ? Est-ce que ma mère est
ici ?
    Le grand-oncle de Napoléon, visiblement
ébranlé, la regarda en se secouant les épaules.
    – Non. Mais elle est venue. Quand le vent
est tombé, elle pis Napoléon sont partis voir si son école tenait debout.
Ensuite, je pense qu’ils s’en allaient au couvent.
    Blanche soupira, presque soulagée, le remercia
et reprit sa course en direction du couvent. Elle y arriva en même temps que
Napoléon et Émilie. Dans leur visage, elle reconnut la même inquiétude que
celle qui l’affaiblissait. Elle se précipita vers eux en pleurant et leur tomba
dans les bras.
    – La maison des Dessureault est
complètement détruite. Je pensais que vous étiez en dessous des débris.
    Émilie blêmit. Elle serra sa fille dans ses
bras et tenta de la consoler.
    – Eh bien ! ma Blanche, on peut dire
que c’est peut-être la première fois qu’une fille sauve la vie de sa mère
simplement à cause de sa graduation. Si ça avait pas été de ça, je
serais restée pour les aider à nettoyer.
    Elles demeurèrent silencieuses pendant de
longues minutes avant de relâcher leur étreinte.
    – Viens, ma fille. Les blessés commencent
à arriver au couvent. On va aider.
    Blanche se tourna vers Napoléon. Il lui mit
une main sur l’épaule puis lui frotta le haut du dos pour la débarrasser de ses tremblements. Émilie les précéda discrètement.
    Le travail s’organisa rapidement. La
supérieure se précipita vers Émilie pour lui dire que Blanche avait tout
orchestré. Émilie sourit tristement en regardant l’état des villageois.
    – J’ai l’impression, ma sœur, d’avoir
déjà vu ça. La première fois, c’était au feu du couvent. C’est étrange quand
même de voir que le feu, l’eau pis le vent, finalement, ça peut faire la même
affaire. Détruire. On prend l’eau pour éteindre le feu, pis la chaleur pour
assécher l’eau.
    La remise des diplômes n’eut pas lieu ce
soir-là. Blanche, sa mère et Napoléon passèrent des heures à panser les
blessés, à distribuer du bouillon et à passer des mouchoirs. À l’extérieur, les
villageois s’affairaient toujours à chercher Wilbrod Dessureault, leur chef
pompier, disparu quelque part dans l’œil de la tornade. Plus personne
n’espérait le retrouver vivant, d’autant plus qu’une couverture soulevée dans
la tourmente de l’ouragan s’était perchée sur les montants d’un poteau
électrique, drapant ce dernier exactement comme le suaire drapait la croix sur
le corbillard du village. Un signe du ciel, disait-on.
    Au couvent, on apprit enfin que le corps avait
été retrouvé par Joachim Crête, à des lieues de la maison de la victime. On
racontait en chuchotant que le corps était aussi abîmé que s’il avait été passé
dans une essoreuse. Blanche haussait les épaules, indifférente aux racontars,
préférant nettement se consacrer entièrement à sa tâche et regarder Napoléon
accomplir la sienne.
    C’est sous un ciel hypocritement étoilé et
éclairé

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